L’École Notre-Dame de la Sagesse (ENDS) de Petit-Goâve a accueilli le vendredi 14 mars 2025, une conférence autour du thème : « L’éducation des filles : clé du développement durable ». Cet événement organisé par les élèves de la terminale (Promo ALTAIR) a marqué le mois de mars dédié aux droits des femmes. Cette conférence est animée par Kervens Brice, le communicateur social et publiciste et par Daana Sthernith Eldimé, une ancienne élève de l’ENDS. Cette dernière a mis l’accent sur les enjeux cruciaux de l’éducation des filles en Haïti et les pistes de solutions à adopter.

Les jeunes filles de la 7ᵉ année fondamentale au Nouveau Secondaire IV ont écouté avec attention le communicateur social et publiciste, Kervens Brice. Ce dernier a planté le décor en abordant des thématiques cruciales pour leur avenir, allant de la sexualisation des métiers et du rôle du capital humain dans le développement économique, à la santé et au bien-être des générations futures. Il a également mis en lumière, avec éloquence les enjeux de l’égalité des genres et de la justice sociale, tout en déconstruisant les stéréotypes et le patriarcat, ces freins majeurs à l’émancipation professionnelle des filles en Haïti. C’est sur cette base que Daana Sthernith a ensuite pris la parole, prolongeant la réflexion sur l’importance de l’éducation pour l’égalité des chances en Haïti ».
Elle a commencé son intervention par définir l’éducation en prenant en compte les trois dimensions interdépendantes : l’information, la formation et l’instruction. Sur le plan juridique, elle a fait comprendre que le droit à l’éducation pour tous est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) dans son article 26 , dans la Convention relative aux droits de l’enfant (1989) dans ses articles 2 et 28 en particulier, et que l’égalité est un principe à valeur constitutionnelle y compris le droit à l’éducation à l’article 32 de la Constitution haïtienne stipule : « L’Etat garantit le droit à l’éducation. Il veille à la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale et civique de la population ». Aussi a t-elle soutenu avec aplomb l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La loi doit être la même pour tous. Les personnes dans la même situation doivent être traitées de manière identique ». Pour illustrer, elle a fait référence à des exemples concrets dans le système éducatif haïtien, où les filles, particulièrement dans les zones rurales ou les familles défavorisées, ne sont pas scolarisées ou sont souvent les premières à être retirées de l’école en cas de difficultés économiques ou confrontées à des obstacles culturels limitant leur accès à l’instruction au même titre que les garçons.

« Quels sont les défis et les solutions pour l’égalité des chances en Haïti ? », a lancé l’emblée Daana Sthernith. Juriste et normalienne, elle a déclaré : « Les défis sont nombreux et complexes. Ils englobent des barrières socio-économiques, culturelles, structurelles et politiques persistantes, ainsi que des inégalités d’accès à une éducation de qualité. Cependant, les solutions existent et passent inéluctablement par un investissement massif dans l’éducation, en particulier celle des filles. C’est en garantissant à chaque jeune fille haïtienne la possibilité de s’instruire, de développer son potentiel et d’acquérir des compétences, que nous pourrons véritablement construire une société où l’égalité des chances n’est pas un vain mot, mais une réalité tangible pour tous. C’est un impératif pour l’avenir de notre nation ».
Par ailleurs, Daana Sthernith qui s’est présentée au public en tant que numéro un de la Coordination des Femmes Engagées pour la Coopération et le Développement D’Haïti (COFECDH), a soutenu que : « L’éducation des filles est un droit fondamental et un investissement essentiel pour l’avenir d’Haïti » et qu’il est du devoir de tous de « garantir que chaque fille ait la possibilité de développer son plein potentiel et de contribuer à la construction d’une société plus juste et équitable ». Dans la même veine, elle encourage les jeunes filles à prendre au sérieux cette chance qu’elles ont de fréquenter l’ école et une école très prestigieuse. En effet, de nombreuses sont celles qui n’ont pas cette opportunité et qui rêvent de pouvoir y accéder un jour.
À Notre-Dame de la Sagesse, les jeunes filles ont donné le ton en adressant des questions pertinentes. « L’éducation des filles peut-elle jouer un rôle fondamental comme moteur du développement durable ? Et dans le cas contraire, la non-éducation des filles sur la santé, l’économie, l’histoire, les décisions politiques a-t-elle des conséquences désastreuses en tout ce qui concerne la vie en communauté ?
Sans hésitation, elle répond que l’éducation des filles est un moteur fondamental du développement durable car elle favorise l’autonomisation économique, améliore la santé et le bien-être, réduit les mariages précoces et les grossesses adolescentes, accroît la participation des femmes à la vie publique, à la création, innovation et création d’emploi. Elle a un impact positif intergénérationnel, brise le cycle de la pauvreté, et est essentielle pour atteindre l’égalité des genres. Investir dans l’éducation des filles est donc une stratégie clé pour un avenir durable et équitable pour toute la société .
Monsieur Kervens Brice poursuit avec aisance que La non-éducation des filles a des conséquences désastreuses sur tous les aspects de la vie en communauté. Un manque d’éducation en santé compromet leur bien-être et celui de leurs futurs enfants. Sur le plan économique, cela limite leur potentiel et prive la communauté d’une force de travail qualifiée et innovante. Ignorer l’histoire les empêche de comprendre leur rôle et leur place dans la société. Leur exclusion des décisions politiques conduit à une représentation incomplète et à des politiques qui ne tiennent pas compte de leurs besoins et de leurs perspectives. En perpétuant les stéréotypes et le patriarcat, la non-éducation des filles freine l’émancipation professionnelle et maintient des inégalités sociales profondes, nuisant à l’harmonie et au progrès de toute la communauté.
L’éducation est l’apprentissage et le développement des facultés intellectuelles, morales et physiques, les moyens et les résultats de cette activité de développement. L’éducation inclut des compétences et des éléments culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique, l’éducation a pour but de faire progresser, améliorer et penser par soi-même d’un sujet et la création de cultures.
En essence pour l’intervenante, toutes les connaissances et les valeurs de la vie sociale que l’on apprend sont des éléments culturels caractéristiques qui participent au développement. « L’éducation des filles est un droit fondamental et un investissement essentiel pour l’avenir d’Haïti. Il est de notre devoir de garantir que chaque fille ait la possibilité de développer son plein potentiel et de contribuer à la construction d’une société plus juste et équitable », croit-elle dur comme fer.
Soulignons que l’intervention de l’ancienne élève de l’ENDS a permis à ces jeunes captivées par ce déploiement de discours d’explorer les obstacles socio-économiques, culturels et institutionnels qui freinent l’égalité des chances en matière d’éducation. « Mieux que des paroles, je vous dis ici et maintenant : il nous faut aujourd’hui des solutions concrètes pour surmonter les problèmes que je viens de soulever dans cette école à Petit-Goâve qui a été fondée en 1883 par les Filles de la Sagesse. Cet établissement m’a formé et elle a aussi formé des générations de femmes leaders qui ont marqué l’histoire d’Haïti. Et je suis contente que cette initiative s’inscrit dans l’engagement continu de l’ENDS à promouvoir l’éducation des filles et à favoriser leur émancipation ».
Handgod Abraham
ha@wikimediahaiti.org
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