« Il est possible de mettre fin au sida comme menace de santé publique en confiant le leadership aux communautés », conclut le rapport pour la journée mondiale de lutte contre le sida 2023, produit par l’ONUSIDA. Ce rapport souligne que les communautés fournissent des services essentiels en matière de VIH, de droits et de santé sexuelle et de la reproduction. Leurs prestations sont accessibles, adaptées aux besoins des personnes et capables d’atteindre les personnes les plus marginalisées.
Le directeur exécutif de la Fondation pour la Santé Reproductrice et l’Education Familiale (FOSREF), Dr Fritz Moise, a repris exactement les mêmes propos pour parler des communautés œuvrant sur le sol haïtien. « Les associations de PVVIH se dévouent corps et âmes, défient toutes les difficultés, l’insécurité, entre autres, pour apporter des services au niveau des communautés, même celles qu’on croirait vidées de leurs habitants. Elles s’assurent que les personnes infectées restent dans le soin et sont accompagnées. Sans leur implication, nous n’aurions pas pu tenir dans cette situation de crise prolongée », reconnait-il.
Quelle est l’approche du Dr Moíse sur le virus de l’immunodéficience humaine ? « Le VIH n’est pas une question de santé publique, mais plutôt une question multisectorielle. Avec des volets sociaux, culturels, économiques. Il est important de comprendre qu’aujourd’hui la maladie est plus sociale que sanitaire. »
Tous les protagonistes s’accordent sur le fait que les communautés jouent un rôle de premier ordre dans la riposte au VIH. Pour la représentante de la Fédération haïtienne des associations de personnes vivant avec le VIH, Marie Malia Jean : « L’implication des communautés dans la riposte au VIH est salutaire pour tous les aspects de la riposte au VIH. » Cette militante des premières heures assure que les communautés sont dotées de capacité à s’engager en faveur de changements politiques nécessaires, qu’aucun autre acteur ne dispose. Dans cet élan communautaire, elles s’engagent à servir d’organe de surveillance afin d’assurer la redevabilité des différents acteurs.
Et les autres acteurs, comment se manifestent leurs engagements ?
Depuis plusieurs années, le ministère de la Santé publique et de la Population, le gouvernement des États-Unis par le biais du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et autres partenaires ont mis en place la surveillance menée par la communauté. C’est un mécanisme de responsabilisation destiné à améliorer l’accès des personnes aux services anti-VIH et la qualité des soins qu’elles reçoivent. Le processus est mené et mis en œuvre par les communautés de personnes vivant avec le VIH, les populations clés et d’autres groupes vulnérables, selon L’ONUSIDA.
Une telle initiative fait écho au besoin de renforcer le leadership des communautés. Ce n’est pas Dr Moïse qui dira le contraire. Selon lui, « par rapport au degré d’implication des communautés et leur niveau de leadership, la lutte contre le VIH est pratiquement dans sa phase de maturité. La chose à faire c’est continuer de renforcer le leadership des communautés…pour réduire le nombre de morts liés au SIDA ».
Pour le directeur pays de l’ONUSIDA pour Haïti, Dr Christian Mouala : « Ici, les personnes et le système de santé sont résilients et savent s’adapter. » Et de poursuivre : « À l’heure actuelle, l’importance du leadership communautaire doit se renforcer dans le développement et la mise en œuvre de stratégies afin de s’assurer que les personnes bénéficient de meilleurs services anti-VIH, de santé et d’assistance sociale. »
A noter que « Confier le leadership aux communautés », a été justement le thème de la journée mondiale de lutte contre le SIDA de l’année 2023.
Daphné Décéjour
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