Lancée officiellement le 10 décembre 2020, l’Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH) compte déjà un an d’existence. Cette structure, mise en place par le Forum de la société civile, ONUSIDA et Housing Works de concert avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), est financé par le Plan d’Urgence présidentiel de lutte contre le Sida (PEPFAR). Néanmoins, elle travaille de concert avec le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) pour assurer le survi et la défense des droits des PVVIH(s) à travers une meilleure observance thérapeutique au sein des communautés.
Un bilan appréciable pour l’année 2021
« Au cours de cette première année, nous, au sein de l’Observatoire du forum de la société civile, avons effectué une enquête de terrain sur la prise en charge des PVVIH à travers 41 sites liés à cet effet dans trois des départements les plus affectés du pays. Il s’agit des départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Nord », a rappelé Gérald Marie Alfred, assistant-coordinateur de l’OCSEVIH et président de l’Association citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti (ACESH), au cours d’une rencontre entre leaders et membres d’associations de la société civile, le jeudi 30 décembre 2021, à Ritz Kinam I, Pétion-Ville.
Ces visites, a-t-il poursui, nous ont permis d’identifier certaines irrégularités dans la prise en charge des PVVIH comme de longues files d’attentes, discrimination et stigmatisation, retard dans les services, pour ne citer que cela.
Perspectives pour l’année en cours
Pour cette nouvelle année, les perspectives de l’OCSEVIH sont nombreuses. Le président du Forum de la société civile, Dr Fritz Moïse, cite en autres, l’élargissement des activités du forum aun niveau des dix départements géographiques du pays. « Jusqu’à maintenant, l’observatoire est présent dans trois départements. Cette année, nous nous donnons comme objectif premier de mettre sur pied un représentant de l’observatoire dans chaque département du pays sans exception afin de mieux faciliter notre travail de surveillance et de suivi des services administrés aux PVVIH », a t-il fait savoir.
Louise Augusta Moïse Millien, représentante des professionnels de sexe (PS) au sein du Comité de Coordination multisectoriel Haïti (CCM Haïti), de son côté, plaide pour le développement des modules de formation continue pour les professionnels soignant et les accompagnateurs des PVVIH. « Les professionnels-soignant (médecins, infirmières etc.) sont parfois très incompréhensibles vis-à-vis des PVVIH », déplore cette activiste de la lutte liée au Sida. Pour la présidente de Solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFNOE), de telles attitudes impactent de façon négative le continuum de soins et de prise en charge des patients séropositifs. « Moi, j’ai perdu des proches à cause de cela. Ils n’ont pas voulu se faire soigner parce qu’ils avaient peur d’être critiqués, jugés ou discriminés par les soignants dans les centres de prises en charge. Aussi ont-ils préféré mourir que de se faire soigner », a-t-elle expliqué avec un brin de regret.
Abordant un autre volet de la lutte, Louise Augusta Moïse Millien a déclaré : « Les médicaments administrés au PVVIH, dépendamment de la personne, peuvent entraîner des effets secondaires indésirables ou des complications ». Avec l’âge, certains patients séropositifs sont susceptibles de développer d’autres maladies chroniques, notamment le diabète, l’hypertension artérielle et les problèmes rénaux. Que faire ? « Un PVVIH souffrant de ces comorbidités, devait avoir une prise en charge intégrale pour rester en bonne santé et avoir une charge virale indétectable. Cet aspect n’est malheureusement pas pris en compte dans les programmes implémentés en Haïti par le PEPFAR », a-t-elle fait comprendre au lancement officiel de l’Observatoire communautaire des services VIH.
Marie Juliane DAVID
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