L’analyse des besoins humanitaires en Haïti a révélé que plus de 4.4 millions d’haïtiens soit environ 40% de la population auront besoin d’une assistance humanitaire en 2021 dont 1.2 million de femmes enceintes, allaitantes, mères célibataires, à risque ou survivantes de violence et 114,500 personnes en situation de déplacement (déplacées internes, retournées, rapatriées ou expulsées.
Au moins 32,731 personnes vivent encore en situation de déplacement depuis le séisme de 2010. La zone à haute densité de population avec des vulnérabilités graves, Tabarre Issa à Galette Greffin, une localité de la commune de Pétion-Ville en est l’exemple. Ce site est en proie à des conflits de propriétaires terriens et à la présence de gangs armés qui engendrent une situation humanitaire alarmante. 508 ménages, soit 2496 personnes, dont 1305 femmes y compris 10 femmes enceintes et 159 allaitantes, 824 enfants, 67 personnes vivant avec un handicap et 102 personnes âgées vivent sur le site selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au mois de Mars 2021.
Alors que les gangs font la loi, des incidents ont été rapportés durant les dernières semaines lors desquels des abris ont été incendiés, des personnes tuées et blessées. 24 femmes parmi les chefs de ménage ont rapporté des cas de violence physique. Ces situations de tension ont obligé la population à fuir le site pour chercher refuge dans des zones où les conditions de vie demeurent précaires.
L’augmentation de ces attaques armées contre les communautés a atteint des niveaux sans précédent, perturbant ainsi l’accès de ces personnes déplacées internes aux services sociaux de base, notamment les soins de santé. Cette violation des droits à la protection de ces populations exacerbe leurs vulnérabilités et contribue à la séparation des familles. Dans ce contexte d’instabilité alarmante, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et l’OIM appellent les acteurs étatiques et non étatiques à s’engager en prenant des mesures concertées pour permettre un accès sûr et durable de l’aide humanitaire aux personnes déplacées, notamment les femmes enceintes et allaitantes dont la protection et les besoins sanitaires doivent rester au cœur des efforts d’intervention.
L’UNFPA et l’OIM appellent aussi la communauté humanitaire à concerter ses efforts afin de fournir un appui holistique, et plus particulièrement un soutien psychosocial aux personnes survivantes de violences basées sur le genre. Les personnes déplacées à la suite de ces conflits inter-gangs ont urgemment besoin d’accéder à des services sûrs et de qualité après avoir été exposées à différents types de violence.
En réponse à cette situation, l’UNFPA Haïti et ses partenaires ont organisé des cliniques mobiles pour venir en aide à la population plus spécifiquement aux femmes et aux filles et aux personnes vivant avec un handicap, grâce au financement du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies pour des crises sous-financées (CERF UFE). L’UNFPA en Haiti à travers ce projet contribuera à réduire les vulnérabilités de ces populations par une prise en charge multisectorielle des violences sexistes et sexuelles et l’offre de service de santé sexuelle et reproductive. La distribution de 450 kits dignité, 300 lampes solaires, 50 kits pour les mamans et l’organisation de cliniques mobiles permettra également de garantir l’accès aux soins de santé primaire aux populations les plus vulnérables. L’OIM a procédé à l’enregistrement des personnes résidant sur le site de Tabarre Issa le 5 mars 2021, conjointement avec la Direction Générale de la Protection Civile, afin de pouvoir ensuite faciliter leur relocalisation volontaire via des activités, telles que « espèces contre loyer » (cash for rent). L’OIM a également organisé une distribution d’aide d’urgence en faveur des personnes déplacées le 10 avril 2021 : 420 kits d’hygiène, 430 jerrycans, 200 kits de cuisine et 114 kits spécifiques pour bébé ont été distribués, grâce au soutien de plusieurs bailleurs notamment la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO), OFDA et le CERF.
Malgré tous les efforts déployés, les défis restent de taille et ont un effet contraignant sur l’impact escompté des interventions sur le terrain. Il est judicieux d’obtenir un engagement des bailleurs pour de nouveaux financements en vue de soutenir les personnes les plus vulnérables et de renforcer les actions de protection et de prévention à base communautaire en identifiant les défis et besoins d’assistance.
Discussion à propos de post