Au cœur du désastre, le CEMED maintient la santé debout

Afflux de gens au camp de déplacés

 

Alors que la crise humanitaire s’aggrave en Haïti, le Centre Médical Dr. Descolines (CEMED) multiplie les cliniques mobiles pour offrir des soins gratuits aux déplacés internes. Samedi dernier, l’équipe médicale a investi le camp de l’École Municipale de Delmas, apportant une aide vitale à une population abandonnée.

Une mission médicale dans l’urgence

Camp de déplacés

Le samedi 7 juin 2025, dans un coin précaire de l’École Municipale de Delmas transformée en camp de déplacés, une tente de fortune protège du soleil une foule en attente. Hommes, femmes, enfants, tous patientent pour un espoir : une consultation, une écoute, un médicament. Face à eux, l’équipe du CEMED reste fidèle à son engagement de dix ans : soigner les plus vulnérables, même dans les conditions les plus hostiles.

« C’est dans ces moments de crise que notre mission prend tout son sens. Nous sommes ici pour répondre à un besoin vital, à un cri collectif », affirme Dr Johnny Descolines, directeur-fondateur du centre, les traits tirés mais déterminé.

400 consultations en une journée : l’urgence d’agir

Durant cette journée marathon, les professionnels du CEMED ont assuré des consultations générales, des soins gynécologiques, la distribution de médicaments et de kits d’hygiène. Bilan : plus de 400 personnes consultées en quelques heures.

Aladin Mussael, déplacé de Delmas 19, raconte avec émotion : « Je souffrais de maux de tête depuis des semaines sans savoir pourquoi. Aujourd’hui, on m’a diagnostiqué une hypertension. J’ai reçu des médicaments, gratuitement. C’est une bénédiction. »

Pour lui, la présence du CEMED dans le camp n’est rien de moins qu’un acte de survie : « Dans un pays où les hôpitaux ferment, où les médicaments sont inaccessibles, cette action est cruciale. »

Un centre frappé mais toujours en action

Le CEMED n’en est pas à son coup d’essai. Depuis sa création, l’institution a mené plus de 2 000 cliniques mobiles à travers Haïti, dans des zones souvent délaissées. Contraint de fuir son local de Delmas 17 à cause de l’insécurité, le centre a repris ses activités à Delmas 31, sans jamais suspendre sa mission humanitaire.

« Nous avons perdu notre bâtiment, mais pas notre détermination », affirme Dr Descolines, en pointant les efforts d’une équipe qui refuse d’abandonner.

Un camp vulnérable, un geste vital

Le camp de l’École Municipale de Delmas, établi en novembre 2024 après les attaques armées contre Solino et ses environs, abrite aujourd’hui près de 2 860 déplacés internes. Son président, Adelson Nelson, décrit une situation alarmante :

« Depuis notre arrivée ici, nous avons reçu très peu d’assistance. Cette clinique mobile est un véritable soulagement. Elle nous aide à éviter l’explosion de maladies. »

Avec la présence de partenaires comme le MSPP, FORSREF et Médecins Sans Frontières, l’arrivée du CEMED renforce une réponse humanitaire encore trop fragile.

Un combat solidaire pour l’avenir

À la tombée du jour, tandis que les derniers patients quittent la tente médicale, les soignants poursuivent leur mission dans une ambiance chargée de fatigue et de courage. Dr Descolines adresse un appel à l’union :

« Nous remercions nos partenaires, mais nous voulons aller plus loin. Seule une synergie des forces, locales et internationales, pourra redonner espoir à cette nation malade. Le CEMED ne lâchera pas. Nous continuerons ce combat jusqu’au changement. »

 

Jobenson ANDOU

jandou08@gmail.com

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