Plume en main, enregistreur en marche, caméras sur trépied, appareils photographiques mis au point, l’instant studieux est fixé sur un support respectif par chaque journaliste au local du Réseau Haïtien des Journalistes de la Santé (RHJS). Cette formation, soutenue par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avec le financement de l’Ambassade de France en Haïti à travers le fond de Projets Innovants des Sociétés Civiles et Coalitions d’Acteurs (PISCA), a permis aux travailleurs de presse de poser des questions qui ouvrent les débats sur des perspectives de sujets qu’ils n’ont pas encore traités dans leur rédaction.
Le directeur de l’Unité de Communicatio n et des Relations Publiques du ministère de la Santé, Dr Jeanty Fils EXALUS, a animé, le dimanche 29 octobre 2023, à la salle de conférence du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS), une séance de formation pour une trentaine de journalistes de plusieurs médias de la capitale. Cette séance, animée en tandem avec le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme, s’est articulée autour du thème : ” L’implication des journalistes et des influenceurs dans la lutte contre les violences sexuelles et dans la promotion de la planification familiale en Haïti. ”
Regard du directeur de l’UCRP, Dr Exalus sur le sujet
Debout devant les journalistes, le directeur de l’UCRP du MSPP, Dr Jeanty Fils EXALUS, ne va pas par quatre chemins. Il déclare d’entrée de jeu : ” Les médias peuvent influencer les comportements individuels par la diffusion d’informations adéquates. Les programmes de santé sexuelle et reproductive impulsés par les médias de masse peuvent promouvoir des attitudes et des normes sociales en faveur de comportements appropriés à la santé sexuelle et reproductive. ”
Pour attirer les journalistes sur les sujets de santé, noyés dans l’actualité politique, il tient dur comme fer que ” les programmes de médias de masse peuvent servir à combler le manque de connaissances à propos de la fécondité et de la contraception, de corriger les perceptions erronées à propos du risque de grossesse non-désirée, d’apaiser les inquiétudes au sujet des effets secondaires des méthodes contraceptives, de renforcer le sentiment d’auto-efficacité ou la confiance nécessaire pour prendre des mesures, et/ou de modifier les normes perçues qui découragent le recours à la planification familiale. ”
Reconnaissant que la communication a un rôle primordial, il reprend le professeur en sciences de l’information, Bernard Delforce, pour affirmer que ” le journaliste, en informant, donne du sens au monde qui l’entoure. ” Aussi a-t-il attiré l’attention des journalistes sur plusieurs sujets à traiter. Par exemple : les cas de violences sexuelles, sous le regard des journalistes, sont traités sous l’angle d e s p e r s o n n e s vulnérables, vivant dans des agglomérations marginalisées comme Cité Soleil, Carrefour- Feuilles… Pourtant, a-t- il signalé, des personnalités bien en vue dans la société sont parfois également victimes de violences sexuelles.
Tout le drame est là pour Dr Exalus. Les journalistes, a-t-il fait comprendre, doivent aussi lever le voile sur cet aspect. Dans le monde médical, la violence ne fait pas de quartier pour les médecins et les infirmières.
Du haut de son expérience professionnelle, Dr EXALUS a invité les journalistes à un véritable engagement pour combattre les conséquences néfastes engendrées par ces déséquilibres de pouvoirs exprimés par les violences sexuelle, physique, verbale, psychologique (émotionnelle) ou socioéconomique.
Regard du secrétaire général du RHJS
Dans la même veine de la parole portée par le Ministère de la santé publique, le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme, a admis que le journaliste qui se donne pour tâche de traiter des sujets relatifs aux violences sexuelles dans le contexte des conflits est celui qui a pour devoir de prendre du temps pour réfléchir. Méthodique, usant d’un écran, il a énoncé les marches à suivre avant de se lancersurleterrain.Deplus,il a recommandé à ses confrères une bonne préparation psychologique pour faire face à tant de drames humains qui pourraient les affecter autant que les victimes.
Pour fournir des faits, le numéro un du RHJS a tablé sur des documents : ” Selon l’EMMUS VI: une femme sur huit, soit 12%, a été victime d’actes de violences sexuelles à n’importe quel moment de sa vie. De plus, un rapport de l’ONU paru en 2022 mentionne que les gangs, qui ont la main mise sur l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et d’autres endroits stratégiques du pays, utilisent la violence sexuelle pour rependre la peur. ” Au cours de son exposé, Gladimy Ibraïme a parlé du viol et son impact dévastateur sur les individus et leurs communautés. À titre d’exemple, les témoignages des victimes sont un chapelet de souffrances égrenées dans les médias dans l’actualité. Dans la blessure de cette souffrance, a-t-il exhorté, le journaliste n’a pas à ajouter un lot de détresse aux victimes. Il en veut pour preuve, des entretiens mal conduits et qui fragilisent davantage l’interviewée. Une autre manière pour ce journaliste sénior de dire que le journalisme de santé requiert une certaine h a b i l i t é , u n e psychologie, une expérience de terrain, voire une expertise dans ce domaine.
Dans cet ordre d’idée, le secrétaire général du RHJS a remercié le ministère de la Santé publique pour son inconditionnel accompagnement et le support de l’Ambassade de France dans le cadre du projet PISCCA.
Jobenson Andou
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