Lourdes Constance Denizé : un CD pour chuchoter la poésie à l’oreille

Réseau des stars du RHJS

Vente-signature

 

Lourdes Constance Denizé dit Zulmie, joue aussi bien avec les mots qu’avec les couleurs. Dans son univers de création, elle plonge ses pinceaux dans la gamme chromatique comme elle s’imprègne de l’art du langage pour peindre le monde avec âme. Le samedi 4 mars 2023, dans sa galerie située au 6600 Pembroke road, Pembroke Pines, Miami, l’artiste signe « Zulmie en poésie », un CD qui regroupe des poèmes extraits d’un recueil qu’elle avait publié en 2018.

Le CD de poèmes de Lourdes Constance Denizé

 

La guitare acoustique de Sylvain Hilaire accompagne la voix des diseurs pour envelopper le poème dans la magie du rythme. Cette guitare voyage comme un chant à travers onze morceaux dans le champ lexical de Zulmie, une artiste-peintre et poète qui a posé ses valises à Miami depuis vingt-cinq ans environ.

Sur les ailes des mots quand s’envole les paroles de Zulmie, on écoute Grande Rivière. Ce n’est pas le massif montagneux où prend source un cours d’eau qui porte le nom de la commune qu’il traverse. Ce n’est pas ce chef-lieu d’arrondissement situé à 24 kilomètres du Cap-Haïtien, c’est plutôt la Rivière-Froide de son enfance à Carrefour, au sud de Port-au-Prince.

Les titres des poèmes du CD de Zulmie

Rivière-Froide coule dans le poème. Sa fraîcheur, ses eaux diaphanes remontent sur les rives de l’enfance et roule sur le lit du cours d’eau avec ses souvenirs d’autrefois. La voix de Lourdes se charge d’une nostalgie mêlée de larmes et de soupirs lorsqu’elle raconte.

« Sous le poids de mes souvenirs,

Je me suis courbée

Jusqu’à perdre la balance

De mes sentiments épuisés.

Je te remercie avec gratitude Grande Rivière. »

Chez Lourdes Constance Denizé tout comme chez Jean de La Fontaine, la morphologie de l’Homo sapiens assortie aux caractéristiques du comportement humain tient du mystère. Le visage anthropomorphique de Grande Rivière se présente sous les traits d’une mère qui lui ouvre ses bras pour l’accueillir et la consoler. L’entité aquatique fait alors des confidences et chante des complaintes que seule une âme sensible peut entendre. Quand sa douleur est lourde à porter, la petite fille mêle ses larmes aux eaux de sa tendre mère qui chemine vers la mer.

Granbwa

Lourdes Constance Denizé (Zulmie)

Quelle est cette voix qui monte comme une prière avec un cortège de références ancrées dans le vodou ? C’est la voix du poète-diseur André Fouad, également directeur artistique de cette oeuvre qui s’adresse au maître de la forêt sacrée, aux  lwa de la guérison qui connaît le secret des plantes.

« Levons nos bras vers Granbwa

Demandons-lui la guérison

Pour les mères brebis désolées

La bonne lumière pour l’herbe fraîche

Le courage pour les bergers

Et le remords pour les loups.

Agenouillons-nous. Levons nos bras.

Demandons-lui un atome de sourire franc pour le cynique

Méditation pour l’alcoolique qui s’engage dans un monde d’oubli

Pitié pour le désespéré

Espoir déçu pour le malfaiteur

Agenouillons-nous, pleurons, pleurons

Jusqu’à la pureté de l’eau… »

 

Zulmie

Le poème de Zulmie qui prend vie et corps dans le timbre du diseur a l’accent de la prière de l’orant qui fait face à des difficultés dans un pays où la vie tombe en miette à force de rencontrer des corps friables dans une société en décomposition. Dans le registre spirituel, cette communication se veut également une pétition à Granbwa en vue de trancher entre le juste et l’injuste, en vue de rétablir l’équilibre dans les relations entre les membres de notre société.  Dans son langage métaphorique, Zulmie fait référence aux loups. L’image de cet individu de la famille des canidés est indissociable aux fossoyeurs de la république qui condamnent le pays à une longue agonie.

Quelle réponse donnera Granbwa à ces loups lâchés dans la bergerie qui volent, violent, tuent en toute impunité ?

L’orant s’ouvre à ce lwa féroce de la lignée de Loco qui relève du rite petro.  Comme dit la chanson « Gran bwa m pa nan betiz o ! Gran bwa m pa nan betiz avè yo ! Gran bwa ile ile Gran bwa. »

Le sort de la terre

Peinture de l’artiste Zulmie

 

 

Pour cette planète bleue qui orbite autour du soleil, la lyre du poète tire un chant triste : « Le sort de la terre ». À l’heure des catastrophes écologiques, l’esprit, qui anime ce seul corps céleste connu pour abriter la vie, s’adresse à l’homme et lui demande s’il faut rire ou pleurer ? Que faire ? Ni rire, ni pleurer. Penser. Zulmie transforme la nature tel un être vivant capable de cogiter et de penser sur la pensée des hommes tout en l’invitant à trouver une solution pour que la terre, notre mère, se régénère.

Dans cette œuvre audionumérique où les cordes vocales de Lourdes Constance Denizé et d’André Fouad vibrent avec les cordes disposées à la table d’harmonie de l’instrument de Sylvain Hilaire, les notes fleurissent dans un bouquet de poèmes à découvrir pour la couleur des mots, pour le rythme des images et les voix des diseurs qui réécrivent les poèmes qu’on aime à l’oreille.

Claude Bernard Sérant

Source : www.lenouvelliste.com

Pour écouter la voix de Lourdes Constance Denizé dans «Grande-Rivière», le Réseau des Stars du RHJS vous invite à cliquez sur ce lien :

https://www.youtube.com/watch?v=Fbqf7rRZWt4

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