Dr Christian Mouala, Premier vice-président du CCM-Haïti et directeur pays de l’ONUSIDA
Dr Odilet Lespérance, secrétaire général sortant du RHJS
Dr Erold Joseph, directeur de la Direction de la santé scolaire au MENFP
M. Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (AJH) et vice-doyen de Faculté des sciences de la communication et des relations publiques de l’Université épiscopale d’Haïti (UNEPH)
M. Jean Claude Louis, directeur de l’institut Panos en Haïti
M. Nickel Nicolas, directeur exécutif de Expert plus et coprésident de la Fondation Mant otans,
Mesdames/messieurs les membres du nouveau comité;
Mesdames/Messieurs les membres du comité sortant;
Mesdames/messieurs les membres du RHJS;
Chers collègues journalistes;
Distingués invités;
Je suis particulièrement heureux de prendre la parole devant vous, ce jeudi 25 novembre 2021. Une journée qui revêt, pour le Réseau haïtien des journalistes de la santé, une double importance. En plus de l’installation du nouveau comité, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Et en ce sens, je veux saluer le courage de ces millions de femmes, ici (pour ne pas dire dans cette salle) et ailleurs, qui par leur sang et leurs actions carburent la progression de cette lutte ô combien importante. Il faut oranger le monde : mettre fin, dès maintenant, à cette violence sans nom !
Cher.es ami.e.s, laissez-moi vous dire : aux dernières élections tenues au Réseau haïtien des journalistes de la Santé (RHJS), 60% des élus sont des femmes. C’est un signal fort du RHJS, pour dire à la société que nos femmes, particulièrement, s’activent aux côtés des hommes pour porter la lutte, à bout de bras, sur tous les terrains.
Tant de circonstances, flambées de la pandémie de covid-19, tremblement de terre, turbulences socioéconomique et politique, entre autres, ont occasionné un déferlement de violences (de toutes sortes) sur des filles et des femmes haïtiennes. Violences, de trop, qui pourraient être évitées, si la mentalité de nombre d’hommes dans la société haïtienne ne mettait pas l’accent sur la force brute. Et vous voyez, n’est-ce pas ? Ce qui arrive à notre société !!!
Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin, maintenant, de cette violence qui gangrène Haïti, en ce jour d’investiture du nouveau comité, qui prend le gouvernail du RHJS.
Mesdames/Messieurs, pour faire suite à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, qui tombe à pic au moment de cette investiture, laissez-moi vous le rappeler : le RHJS a lancé, récemment, un concours de réalisation de vidéos amateurs autour du thème « Violences sexuelles dans le grand Sud : briser la glace ». Ce concours s’inscrit dans le contexte post-séisme du tremblement de terre du 14 août 2021 qui avait frappé la péninsule du Sud d’Haïti. En ouvrant cette fenêtre, nous profitons de ce moment pour dire merci à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) pour son soutien financier qui permet de mettre en valeur le talent de nos jeunes. Et aussi qui nous pousse à élever nos voix pour mettre fin à cette violence qui casse l’élan de vivre, dans la dignité, dans cette République.
La violence sur les femmes en Haïti est un sujet de santé public. Or, voilà qu’ils ne sont pas nombreux, les journalistes, à traiter ces questions. La santé, en fait, est un sujet qui devient préoccupant chez nous, lorsque nos hôpitaux publics font la grève ; lorsque, par manque de carburant, nos institutions sanitaires ferment leurs portes, l’une après l’autre. Les médias en ligne très prisés par le public, ont pris la fâcheuse habitude de s’intéresser à ce qui fait du buzz, à ce qui soulève l’émotion…
Face à ces médias qui balancent des informations aussi vite que leur ombre, le journaliste de la santé a pour devoir de prendre du recul. L’information sur la santé est une information très pointue ; elle se construit dans un cheminement intellectuel, qui exige au journaliste de trouver des informations solides ; à mettre en forme les données récoltées dans un langage accessible, prêt à la consommation d’un public qui s’avère, dans sa grande majorité, non avisé.
Le journaliste de santé – outre les témoignages qu’il recueille et aussi ses observations –, nourrit son travail en grande partie de données des experts qu’il interroge. Il s’adresse aux médecins, à des chercheurs et toute une panoplie de spécialistes ; il alimente son travail de communiqués de presse venant des institutions consacrées à la santé, il se documente, prend part à des séminaires pour mieux développer sa capacité à assimiler ces connaissances à vulgariser au public.
Le dessin que je viens de vous faire là, vous fera comprendre que le travail du journaliste de la santé est un travail ardu, voire éreintant !
Chers ami.es, n’oubliez pas : Il s’agit de la santé. Toute fausse information peut avoir des conséquences graves sur les gens, en particulier et sur la population en général.
Ce que le RHJS demande au journaliste de santé, c’est d’être un pédagogue, un acteur social qui fait le lien entre le public et la parole des spécialistes (médecins, chercheurs, autorités sanitaires). Il fait aussi le lien entre le public et les données recueillies dans les séminaires ou encore les ouvrages pointus.
Comment mettre en forme toutes ces données sans les déformer ? C’est là une grande mission.
Du haut de mon expérience, je peux vous le garantir, si le journaliste n’est pas formé, il ne pourra pas accomplir avec professionnalisme cette mission.
Durant mon passage à la tête de ce Réseau, notre équipe mettra l’accent sur la formation. Nous allons essayer de voir comment garantir davantage de formation en Haïti et à l’étranger pour nos journalistes.
Aujourd’hui, au sein de notre réseau, nous avons des jeunes aguerris maniant les supports multimédias qui diffusent de l’information. C’est un bon signe. Ils ont aussi besoin d’outils intellectuels pour développer leurs connaissances dans des champs disciplinaires liés aux activités du Réseau de journalistes.
Le RHJS ne dispose pas de ressources suffisantes. Fort souvent, nous avons connu des traversées du désert ; malgré tout, nous continuons à cheminer avec notre bâton de pèlerin. Pour illustrer, le réseau assure encore ses ateliers d’écriture avec de bons samaritains en notre sein qui le font bénévolement. Comme aime le dire Claude Bernard Sérant, l’un des passeurs de techniques d’écriture au RHJS : il n’y a pas de journalisme sans écriture. Effectivement, notre métier comporte la récolte des informations ; celles-ci doivent être traitées et mises en forme. Peu importe qu’il s’agit de la radio, de la télévision, de l’Internet ou de la presse écrite.
Mesdames/Messieurs, je remémore encore avec joie cette expérience réalisée en 2015 et 2016. Deux cohortes d’environ une vingtaine de journalistes, – chacune, venue de la zone métropolitaine et de la province – ont pu bénéficier d’une série de formations sur un ensemble de thématiques liés à la santé. Et un peu moins d’une dizaine d’entre nous ont été à Washington, le temps de quelques sessions supplémentaires avec des collègues du service créole de la Voix de l’Amérique (VOA News) et de la visite d’institutions américaines versées dans la santé. Une initiative qui a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) et le projet Leadership, Management and Governance (LMG) financé par l’USAID.
Chers ami.es., je vous l’assure, ce sont des expériences à renouveler !
Outre la formation continue, au cours des prochains mois, les membres de ce nouveau comité vont s’atteler à l’amélioration de la représentativité du RHJS à travers les différents médias de la zone métropolitaine et du reste du pays. Et sans oublier, les deux autres chantiers qui me tiennent particulièrement à cœur : la mise en place d’un programme visant le raffermissement des liens entre les membres du RHJS et le renforcement administratif du Réseau.
Mesdames/Messieurs, je ne pourrais prendre congé de vous sans remercier les différents partenaires techniques et financiers qui ont accompagné le RHJS au cours des dernières et qui sont aujourd’hui encore fermes à nos côtés. A ce titre, il convient de citer :
– Le Ministère de la Santé Publique et de la Population
– La Direction de la Santé Scolaire du MENFP
– L’Unicef,
– L’USAID,
– L’Unesco
– MSH
– La FOKAL
– L’Ambassade du Canada
– PANOS Caraïbes
– Fondation Hirondelle
– Expert Plus
– AJH
– L’ONUSIDA, pour ne citer que ceux-là !
Mesdames/Messieurs, le RHJS a huit ans. Il a fait du chemin. Il reste encore du trajet à parcourir dans son existence, que nous souhaitons, sera très longue. Ce qui fait la valeur des idées du RHJS, c’est l’implication de ses membres actifs. Et c’est donc cette somme d’énergie active que nous allons déployer pour réveiller les énergies dormantes qui sauront contribuer à matérialiser les grands projets du Réseau.
Merci à toutes et à tous.
Gladimy Ibraïme
Secrétaire général du RHJS