En Haïti, la nouvelle de ce deuxième test médical réussi sur des patients séropositifs se propage comme une traînée de poudre au sein des associations de lutte contre le vih/sida. Le directeur exécutif de l’Association pour la lutte contre l’Homophobie (APLCH), basée dans le Bas-Artibonite, Mérilien Emmanuel, se nourrit de nouvelles. Chaque jour, il se demande : quoi de neuf à propos d’un traitement qui éradiquerait le syndrome de l’immunodéficience acquise ?
Le jour où cet activiste du sida a appris qu’un deuxième patient s’est définitivement remis du VIH/Sida, cette information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Il l’a claironné. Une nouvelle bouffée d’espoir renaît chez lui et ses pairs séropositifs dans l’Artibonite.
De quoi s’agit-il ? La médecine a réalisé une étonnante prouesse scientifique : une greffe de cellules souches hématopoïétiques apporte une solution à cette pathologie qui a déjà emporté en 2007 environ 2,1 millions de personnes à travers le monde (Source : ONUSIDA).
C’est la deuxième fois en moins de 10 ans qu’une personne séropositive connait une rémission durable après avoir cessé ses traitements anti rétroviraux (ARV). Surnommé le patient de Londres, ce dernier qui succède le patient de Berlin ne présente plus de signe du virus, 18 mois après avoir arrêté son traitement, selon le résultat de cet essai thérapeutique rendu public, début mars, par le journal scientifique, The Nature.
Le Docteur William Pape, l’un des pionniers au niveau de la recherche, la prise en charge et le traitement du Vih/Sida en Haïti, affirme que « la commercialisation prochaine de cet essai clinique serait un grand pas vers l’éradication définitive du virus du sida, dans le monde». Toutefois, ce spécialiste en médecine interne et en maladies infectieuses qui a cofondé en 1982, le Groupe Haïtien d’ Etude du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes (GHESKIO, estime que l’application de cette technique sur des patients haïtiens, n’est pas pour demain.
Mérilien, ce natif de Saint-Marc trouve que cette nouvelle étape est très prometteuse dans la lutte contre le virus du Sida. Mais il reconnait que les choses se feront dans la lenteur dans ce monde où la politique ne se joue pas dans l’intérêt des plus faibles. « C’est bien malheureux, qu’une personne de petites bourses comme nous autres en Haïti, n’aura pas les moyens adéquats pour payer le coût du traitement. », a déclaré le défenseur des droits des PVVIH, désolé.
Emmanuel garde pourtant l’espoir qu’un jour viendra, où, en Haïti, les personnes séropositives cesseront de prendre les antirétroviraux, lorsque ce virus ne sera plus. Se laissant aller dans ses pensées, il se remémore : « Qui ne se souvient de l’apparition des premiers cas du sida, en Haïti? C’était au début des années 80. Les gens mourraient en grand nombre. A cette époque, on parlait du fameux quatre H. »
Avec la commercialisation des ARV, Emmanuel croit que les choses ont beaucoup changé. « Nous autres qui travaillions pour une amélioration des conditions de vie et de santé des personnes vivant avec le virus du sida en Haïti, nous n’allons pas baisser les bras. Non. Nous n’allons pas lâcher prise. Au contraire, cette nouvelle vient renforcer davantage notre espoir de voir disparaître définitivement ce virus mortel.»
Selon le Ministère de la santé publique et de la population, plus de 170 mille personnes vivent actuellement avec le VIH/SIDA, en Haïti. Malgré les efforts consentis par les autorités haïtiennes avec le support de leurs partenaires de la communauté internationale, en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge, Haïti affiche néanmoins, le plus haut tôt de prévalence du sida dans la région des Caraïbes, soit 2%.
Grécia Alexandre