D’après les témoins, le médecin, à bord d’une Ford noire immatriculée AA 60693, a été attaqué par des kidnappeurs. N’ayant pas cédé son véhicule, il a tenté de résister.
L’onde de choc
Les anciens étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti n’en reviennent pas à l’annonce du drame qui a frappé ce professeur. Il avait enseigné pendant des années, à la rue Oswald Durand, la pneumologie, discipline médicale qui traite des affections liées à l’appareil respiratoire (bronches, poumons). Il a fait partie, hier encore, des rares médecins qui ont fait leur spécialité à l’hôpital Sanatorium de Carrefour-Feuilles (Port-au-Prince), qui restaient accrochés au pays.
L’onde de chaque a traversé le pays. Ses anciens collèges de l’hôpital Immaculée Conception à Port-de-Paix sont atterés d’apprendre la triste fin de ce médecin qui a été directeur de cette institution de la rue Amiral Killick avant son passage à la Direction sanitaire du Nord-ouest.
Le dirigeant de l’Union des Médecins Haïtiens, Dr Élisée Louissaint, a salué le départ de son confrère en rappelant que « Laurent Beaugé a toujours milité pour améliorer les conditions sanitaires dans le Nord-Ouest, un combat qu’il a mené jusqu’à son dernier souffle ».
Un homme, une vision
Il voulait « que quelque chose change en Haïti ». C’est pourquoi, a souligné son confrère, qu’il s’était engagé dans la politique. Il était devenu un membre actif des partis INITE et ESPWA pour se lancer dans la lutte pour le changement du pays.
On notera que Dr Laurent Beaugé, natif de Chansolme, Port-de-Paix, a joué un rôle important dans le système de santé haïtien, notamment en tant que directeur départemental sanitaire du Nord-Ouest au sein du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Ce cadre du ministère était un médecin engagé, il a beaucoup œuvré au bénéfice de la population haïtienne. En janvier de l’année en cours, Dr Beaugé avait plaidé pour une réforme du système de santé suite à l’arrêt du financement de l’USAID.
Le pays dépendant trop de l’aide internationale, il relevait dans cette interruption soudaine une opportunité. Une incitation à repenser le système. Un appel citoyen pour se lancer un défi et nous amener à l’autonomie sanitaire.
L’insécurité continue à endeuiller les familles haïtiennes. Les bandits ne font pas de quartier. Port-au-Prince est sous l’emprise des gangs. La capitale se rétrécit jour après jour. Comme le MSPP, nous sommes tous orphelins du Dr Laurent Beaugé.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
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