« Dans les camps, les gens ne s’intéressent pas vraiment à la vaccination. À cause de cela, il faut de longs discours pour expliquer aux déplacés les bienfaits des vaccins sur les enfants », a déclaré miss Marie Ysmaïsson Jean, une assistante technique au programme élargi de la vaccination. Cette infirmière attachée à la Direction Sanitaire de l’Ouest (DSO), le Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) l’a cherchée, autant que ses consœurs, durant ses visites de terrain. C’est à son bureau, à la DSO, avenue Jean-Paul II, que nous avons recueilli des informations sur les activités de cette entité du ministère de la Santé publique et de la Population dans les camps de déplacés.
Stratégie de vaccination de la DSO dans les camps
Qu’est-ce qui intéresse vraiment ces familles depuis que l’insécurité les a chassés de leur foyer ? Sans réfléchir, elle répartit : « Ce qui les intéresse vraiment, c’est le volet nutritionnel. Les vaccinateurs ne sont pas bienvenue contrairement au programme nutritionnel. Voilà pourquoi on demande des activités intégrées. »
En 2023, rappelle-t-elle, 95% d’enfants avaient reçu le pentavalent, vaccin qui les protège contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, etc. Un exploit dans le département de l’Ouest, se vante-t-elle. Toutefois, regrette-t-elle, « avec la montée de l’insécurité beaucoup d’institutions ont dû fermer leur porte. Résultat : cette couverture vaccinale obtenue en juillet tend à la baisse. »
La DSO, entité du MSPP inscrite dans la politique vaccinale, prône le vaccin comme l’un des meilleurs moyens de protection du système immunitaire de l’enfant contre toute une panoplie de maladies. Dans cette perspective, assure miss Jean, « la Direction sanitaire de l’Ouest élabore une planification au niveau de la vaccination dans les camps en raison du nombre de déplacés. »
Dans le climat rafraîchissant de son bureau à la DSO, elle se prête bien au jeu de questions et de réponses du RHJS. On notera au passage que le réseau de journalistes, appuyé par l’UNICEF, œuvre dans la grande sensibilisation de la population sur l’importance de la vaccination de routine par la communication pour le changement de comportement.
Dans ces conditions de détresse, la vaccination ne passera-t-elle pas à l’arrière-plan pour les familles ? Quel constat ?
Prenant sa respiration, derrière son ordinateur, elle avance les faits : « Nous avons constaté qu’il y a des femmes enceintes. Des bébés naissent dans les camps. On retrouve des enfants dans l’intervalle de zéro à onze mois. »
Ce sont des faits. Que va-t-il se passer ?
« On va tous les vacciner. Dans le dernier bilan dressé, nous avons réalisé qu’il y a beaucoup d’enfants qui n’ont jamais reçu une seule dose de vaccin. On les classe dans la rubrique zéro dose. Pour ceux qui n’ont pas encore reçu le vaccin pentavalent, nous avons déjà planifié leur vaccination. Des activités sont déjà prévues pour une période de cinq jours. Les camps sont aussi visés dans le cadre de cette politique de vaccination de routine. »
Déterminée, elle profite du micro que lui tend le RHJS : « Il y a beaucoup d’enfants qui recevront des doses de rattrapage. Pour cela, nous visons les camps. Nous sommes informés que la commune de Port-au-Prince a 25 camps. Des activités spéciales sont en préparation pour aller sur le terrain. C’est prévu pour bientôt. »
Encore une fois, les enfants des camps seront-ils tous vaccinés ?
Miss Jean rebondit : « Que vous soyez à l’intérieur des camps ou à l’extérieur, vous serez vaccinés. Avec ou sans carte vaccinale, les enfants seront reçus. Ceux qui n’ont jamais été vaccinés recevront leur dose selon leur âge et le vaccin qui leur revient. »
Jobenson ANDOU,
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