« C’est pour moi un grand honneur et un agréable devoir de prendre la parole en cette solennelle cérémonie de commémoration de la Journée Mondiale de lutte contre le SIDA.
Permettez-moi d’entrée de jeu de saluer la participation du Premier Ministre, le Dr Ariel HENRI à cette commémoration. Votre présence parmi nous Monsieur le Premier Ministre traduit non seulement votre engagement mais aussi l’intérêt que vous accordez à cette lutte.
L’adoption de la célébration annuelle, à l’échelle de la planète entière d’une journée mondiale consacrée à la lutte contre le SIDA, illustre bien s’il en était encore, la place et l’impératif que les nations du monde accordent à la lutte contre cette maladie vieille de plus de quatre décennies.
Les constats du dernier rapport de l’ONUSIDA de 2022 font état d’une épidémie encore inquiétante pour la communauté des nations. Dans la Caraïbe ce rapport fait état de 330 mille personnes vivant avec le VIH, avec 16000 nouvelles infections et 5600 nouveaux décès. En Haïti, les données du Programme National de Lutte contre les IST/VIH/SIDA du Ministère de la Santé Publique et de la Population estiment à 140000 le nombre de personnes vivant avec le VIH, avec 6600 nouvelles infections (soit une baisse de 25% depuis 2017), et 1600 décès (soit une baisse de 50% entre 2018 et 2022). L’atteinte des objectifs des trois 95 se chiffre à 81% des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut, 77% sont mis sous traitement antirétroviral et 64% atteignent une suppression de leur charge virale. Il faut noter aussi que 62% des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH ont accès à un traitement.
Le thème de cette année « Confier le leadership aux communautés » s’inscrit dans les nouvelles directives internationales de lutte contre le SIDA dans un contexte de diminution de ressources. Sur cette affirmation, l’ONUSIDA place cette journée comme une célébration des réalisations communautaires et bien plus encore, un appel à l’action pour émanciper et soutenir les communautés dans leurs rôles de leadership.
Le Ministère de la Santé Publique et de la population à travers son Plan Stratégique Multisectoriel 2018-2023 avait clairement indiqué la voie pour mettre fin au sida d’ici 2030, passant par des financements adaptés et fiables, la disponibilité de données probantes, la réduction des inégalités et des discriminations et l’intégration des efforts menés par les communautés. Ce plan stratégique élaboré avec l’apport d’associations de PVVIH et d’autres organisations travaillant sur les populations clés avait clairement démontré que les systèmes communautaires jouaient un rôle déterminant dans la riposte au VIH.
Mesdames, Messieurs,
L’objectif fixé mondialement et auquel Haïti a souscrit est l’élimination du SIDA en tant que problème de santé publique d’ici 2030. Au cours des trente dernières années la lutte contre le VIH/SIDA en Haïti a fait l’objet de progrès significatifs qui ont permis une stabilisation de la prévalence du VIH autour de 2% depuis environ 10 ans. Ces progrès ont été réalisés en partenariat avec différents acteurs qui nous ont appuyés financièrement et techniquement dans la réponse nationale au VIH/SIDA.
Cependant la crise actuelle risque grandement d’entraver l’atteinte de l’objectif d’élimination, objectif qui comportait déjà des défis et des besoins de taille pour le pays. Les difficultés d’accès aux services et le déplacement de population augmentent très fortement le risque d’irrégularité et/ou de discontinuité de traitement, qui à son tour représente un facteur de risque majeur pour une recrudescence de la transmission du VIH, et un potentiel développement de résistance au régime ARV actuellement utilisé dans la plupart des pays.
Malgré les défis actuels, la riposte nationale a connu certains succès :
- Adaptation des politiques pertinentes concernant l’organisation de la prestation de services VIH. Ces nouvelles orientations ont permis aux patients de recevoir des services de traitement dans des points de soins alternatifs tout en conservant des liens avec leur établissement de santé habituel dit d’ancrage. Cette adaptation nommée « relais » a permis à de nombreux patients de garantir la continuité du traitement.
- Adaptation du système d’information sur le VIH : le MSPP de concert avec ses partenaires a élaboré un système d’information électronique national pour le suivi des patients, à partir de l’application PLR. Cette nouvelle fonctionnalité génère une alerte et permet aux institutions de santé et aux partenaires de mise en œuvre d’adapter les approches et les services aux personnes affectées pour chaque zone géographique
- Mise en place de plusieurs canaux de communication : Des opérateurs d’appel récemment introduits dans le cadre de la stratégie de réapprovisionnement anticipé des patients en ARV ont été formés pour acquérir les compétences nécessaires afin de fournir un soutien virtuel et des références adéquates aux patients. Un partenariat public-privé avec une compagnie de téléphonie a permis le lancement d’une campagne de messageries SMS atteignant des milliers de personnes avec des informations sur les services et le soutien disponible en matière de VIH/SIDA.
- Adaptation de la chaine d’approvisionnement : avec la collaboration de PEFPFAR et du Fonds Mondial, la sécurité des produits nécessaires aux services VIH (médicaments, intrants de labo et matériels) est garantie au niveau national avec une distribution jusqu’au point de service. Il y a lieu de noter qu’à date, le pays n’a connu aucune rupture de stock ARV.
Cependant des ressources additionnelles sont nécessaires pour soutenir les nouvelles interventions en cours et garantir la continuité des services de qualité. A titre d’exemple, il faut citer :
- Expansion du système alternatif de prestations de services sur les sites. Cette stratégie de relais exige que nous renforcions les capacités d’un plus grand nombre d’organisations locales et communautaires pour leur permettre de jouer un rôle plus important dans la mise en place des DDP afin d’assurer la continuité des services en période de crise.
- Prévention du VIH dans la communauté : des efforts de prévention et de détection de violence sexuelle ainsi que l’accès rapide à la prophylaxie post-exposition et Préexpositions (PrEP) pour les personnes à risque et de la transmission mère-enfant (PTME) nécessitent des ressources supplémentaires pour réduire le risque d’infection au VIH
- Soutien aux Patients : Un support matériel et psychologique est nécessaire aux personnes infectées et/ou affectées par le VIH afin d’’améliorer l’adhérence au traitement pendant cette crise.
En ce sens un document de plaidoyer et de mobilisation de ressources a été élaboré avec l’appui de nos partenaires. Ce document a été soumis aux autorités étatiques et aux bailleurs.
Mesdames, Messieurs, Honorables invités,
Cette journée que nous célébrons aujourd’hui doit être vue comme une étape d’un long cheminement pour arriver à mettre fin à cette maladie en Haïti. Je me permets de vous rappeler que la tâche qui nous attend exige une patience sans limite puisque les activités de terrain nous retiendront loin de nos foyers et de nos amis.
Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer une fois de plus l’appui et l’encadrement de la Haute Direction du ministère dans cette lutte.
Mes remerciements s’étendent aux partenaires techniques et financiers dont PEPFAR, Le Fonds Mondial, l’ONUSIDA et les autres agences des Nations Unies qui n’ont jamais marchandé leur concours pour une meilleure organisation de la réponse.
Un remerciement spécial à la cellule de communication de l’UCMIT, aux membres du cabinet du Ministre qui ont travaillé sans relâche avec nos différents partenaires pour rendre possible cet évènement.
Enfin mes remerciements vont à l’endroit de la Fédération Haïtienne des associations de PVVIH, de l’Observatoire VIH du forum de la société civile, et des groupes clés, qui se sont engagés aux côtés du MSPP dans la lutte afin d’aborder 2025 puis 2030 avec une certaine assurance. »
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