Par Dr Erold JOSEPH
« Si tu veux avoir une idée du sommet de la montagne, adresse-toi en priorité, non pas à un théoricien, mais à celui qui y a été au moins une fois ou qui s’en est approché. »
Je dédie ce texte à Mr Jean-Claude Chéry, un collègue du Ministère de l’Éducation, qui vient de perdre coup sur coup, sa mère, puis son épouse.
Mais, à quoi cela sert-il de savoir ce qui se passe quand on meurt ?
Mon petit Lucas, il faut préalablement, comme tu le dis si bien, s’interroger sur l’importance pratique d’une telle connaissance. Cela nous empêchera-t-il de mourir ? Certainement pas. Cela peut-il adoucir la mort à sa survenue ? Probablement. Un exemple : tu as une dent cariée qui provoque des douleurs intenses au point de t’empêcher de dormir la nuit. Tu dois faire une extraction chez un dentiste. Mais, auparavant, il t’administrera, dans la gencive, une injection anesthésique un peu douloureuse. Ta maman te prévient, t’explique comment cela se passera : tu es informé, avisé. Le dentiste va le faire également, mais malheureusement, à la toute dernière minute. Mentalement, tu es donc prêt, puisque tu as été prévenu et que tu t’y es préparé. N’étant pas pris de court, tu acceptes cette petite douleur qui te soulagera d’une autre, de loin plus terrible. Tu aurais pu également en discuter avec ton camarade de classe qui a déjà subi une extraction dentaire, ce qui te rassurerait encore davantage. Ta préparation psychologique serait encore bien meilleure. En fait, c’est l’inconnu qui fait peur.
Ce raisonnement vaut encore plus pour la mort, notre « échéance ultime », incontournable, imprévisible, mais que nous refusons de regarder en face. Les êtres humains vivent comme s’ils ne devaient jamais mourir, jusqu’à ce que cela leur arrive à eux ou à l’un de leurs proches. En ce qui te concerne, il a fallu le décès de ton ami Edris pour t’ouvrir les yeux sur ce sujet. C’est comme un joueur de foot engagé dans un match, qui ferait de beaux « dribbles », de magnifiques passes, mais qui ne s’apercevrait qu’au coup de sifflet final de l’arbitre qu’il fallait marquer des buts pour gagner. Réfléchir à la mort, en discuter sainement, sans crainte, chercher à la comprendre, à l’apprivoiser, devrait donc être une priorité dans l’éducation donnée aux enfants, dans la famille et surtout à l’école. Toutefois il s’agit d’une quête spirituelle et philosophique essentiellement personnelle, mais qu’il faut initier tôt. Peut-être que décéder n’est pas aussi terrible qu’on nous l’a fait croire… Peut-être que cette peur de la mort qui nous paralyse et rend notre existence misérable n’a point sa raison d’être. « Memento mori », souviens-toi que tu vas mourir » prônait le christianisme du Moyen Age. Se rappeler fréquemment notre « impermanence » pour utiliser un terme cher au bouddhisme, donne un sens à ce beau et bref match de foot qu’est la vie et te permet de te concentrer sur l’essentiel, tout en ayant de la joie, du plaisir et même du bonheur. Le bonheur dans la vérité, et non dans l’illusion.
Qu’arrive-t-il pendant et après la mort ?
On en arrive donc à la question centrale. Il existe plusieurs manières de le savoir. La première option serait d’en faire soi-même l’expérience. C’est le suicide, qui est à rejeter formellement pour de nombreuses raisons. Par ailleurs, il faudrait pouvoir revenir, ou du moins, communiquer ses observations aux vivants. La seconde voie de recherche, plus réaliste, consiste à tenir compte du témoignage de ceux qui sont revenus de la mort après une incursion plus ou moins avancée dans « l’au-delà ». Ces cas qui existent depuis l’aube de l’humanité, sont étudiés depuis plus d’un demi-siècle par des scientifiques, et baptisés « Expérience de Mort Imminente » (EMI) ou (Near Death Experience) NDE. La troisième option, c’est la communication spontanée ou provoquée, avec ceux qui sont définitivement passés de l’autre côté, à savoir les défunts.
Comment les gens qui ont vécu une « Expérience de Mort Imminente » décrivent-ils la mort ?
Le premier fait relaté par ceux qui ont vécu une EMI, c’est qu’ils sortent de leur corps. Ils observent ce dernier que parfois ils ne reconnaissent pas, du moins pas tout de suite. Ceci est dû au fait que la société (la science y comprise), nous a appris dès l’enfance, à nous identifier à notre corps physique. Ces mourants « voient », observent d’en haut, du plafond, leur « enveloppe physique » inanimée, entourée de leurs proches et/ou du personnel de santé. Il s’agit du phénomène de « décorporation » appelé encore « Sortie Hors du Corps » (SHC) et connue depuis l’Antiquité. En anglais, on parle de « Out of Body Experience” (OBE). La décorporation représente donc l’événement premier et basique du processus de la mort. Elle s’accompagne de la disparition de toutes les douleurs préalables puisque ces dernières sont liées au corps physique, désormais abandonné. Le sujet se sent généralement si bien hors de son vêtement corporel qu’il se demande pourquoi ses proches continuent de s’inquiéter et de s’affairer sur ce dernier. Certains individus, dont des mystiques et des saints du passé, ont la capacité, de leur vivant, de sortir de leur corps, volontairement ou dans des circonstances particulières. L’ingénieur et homme d’affaires Robert A. Monroe avait cette aptitude et a beaucoup contribué à la vulgarisation du phénomène dans les années 1990. (réf) Beaucoup plus près de nous, citons le cas du Français Nicolas Fraisse, doté de cette faculté depuis l’enfance, et qui a été étudié scientifiquement pendant dix années, par deux chercheurs de l’ « Institut Suisse des Sciences Noétiques » (ISSNOE). (réf).
Le deuxième fait souligné par ces « revenants de la mort », c’est l’incapacité de communiquer avec leur entourage. Ils sont désormais invisibles, leur Soi (conscience, âme ou esprit) ayant abandonné l’enveloppe de chair. Il existe une modification du temps et de l’espace. Le temps linéaire n’existe plus. Il leur suffit de vouloir être à un endroit pour s’y transporter quasi instantanément. Étant invisibles et immatériels, ils traversent les murs et peuvent se rendre en divers endroits. Ils ne peuvent avoir de contact physique avec les vivants qui passent littéralement à travers eux et vice-versa. Ils se trouvent désormais à un plan différent d’existence. Cette impossibilité de contact et de communication avec son « ex entourage », peut totalement désorienter le défunt, surtout quand la mort est soudaine, brutale. Dans ces circonstances, il n’arrive pas à retrouver son cadavre (individu brûlé vivant, gros accident ou cataclysme, etc.). Ne réalisant point qu’il est décédé, il peut alors demeurer longtemps dans les parages et peut même parvenir à produire des manifestations physiques (bruits, déplacement de meubles ,etc). C’est le phénomène de hantise, si courant dans les endroits où s’est produite une mort violente individuelle ou collective. Il a été brillamment étudié dans le passé, par l’astronome Camille Flammarion qui s’intéressait énormément aux phénomènes parapsychiques (réf)
Je te donne, mon Lucas, un exemple d’incapacité de communiquer, lié à une décorporation post-mortem. Georges Ritchie était une jeune recrue militaire et étudiant en pré-médecine (CPEM). Il raconte dans son superbe ouvrage intitulé « Retour de l’au-delà » (réf ) comment, durant l’hiver de 1943 , il a vécu une EMI provoquée par une pneumonie foudroyante. Il s’agissait à l’époque, d’une maladie très grave, avec un taux extrêmement élevé de mortalité, l’antibiothérapie et la réanimation respiratoire n’étant pas aussi évoluées que de nos jours. L’électrocardiographie et l’électroencéphalographie se trouvaient encore à l’état embryonnaire et le diagnostic de « mort clinique » beaucoup moins précis qu’aujourd’hui. Le jeune Ritchie, alors âgé de 19 ans, voulait obstinément passer les vacances de Noel avec ses parents qui habitaient à Richmond, long trajet qui se faisait normalement en train. Il se rend compte alors qu’il n’avait plus de corps visible. « Ainsi commença l’une des plus étranges recherches qui puissent avoir lieu : la recherche de moi-même ». (réf) IL part alors en quête de son corps physique parmi les dizaines de jeunes soldats hospitalisés de l’hôpital militaire du camp Berkeley et qui portent tous le même pyjama.. Il arrive finalement à l’identifier (s’identifier) grâce à sa bague qui avait l’image d’un petit hibou. Il traduit dans son livre, l’impossibilité de communiquer et l’angoisse qu’elle peut occasionner: « C’est une chose d’entrer sans être vu dans une pièce où quelqu’un dort ; c’en est une autre de voir un homme vous regarder bien en face et ne manifester aucun signe.. » (réf)
Le cas du Dr Ritchie a tant impressionné son jeune confrère Raymond Moody, de l’Université de Virginie, qu’il a depuis lors, consacré la majeure partie de son existence à l’étude scientifique de ces revenants de la mort, avant de publier, en 1975 son best seller intitulé « La vie après la vie ». (réf) Je l’ai lu à 11 ou 12 ans. Ce grand pionnier, encore en vie, et remarquable par son sens critique et sa pondération, a alors inventé l’expression « Near Death Experience » traduite par « Expérience de Mort Imminente » pour désigner le phénomène. Il a inspiré de nombreux autres chercheurs et médecins qui se sont par la suite, penchés sur le phénomène.
Tout cela ressemble au film « Ghost » que j’ai vu après le décès d’Edris. Que rapportent d’autre, ceux qui reviennent de la mort ?
Ce genre de film à succès nécessite de grandes recherches préalables parfois des mois, voire des années. Un troisième élément rapporté par les « expérienceurs », c’est qu’ils sont, de loin, beaucoup plus conscients que de leur « vivant », même lorsque leur électroencéphalogramme (EEG) s’avère plat (mort cérébrale). Ceci remet totalement en question la croyance que la mort est la disparition totale de l’Etre, et plus précisément celle de la conscience. Se trouve donc réfutée, par la même occasion, la « croyance » matérialiste, à savoir que la conscience serait produite par le cerveau, comme le foie sécrète la bile. Aujourd’hui, on estime à plus 60 millions, le nombre d’individus décédés et revenus à la vie et qui en témoignent sur les réseaux sociaux. Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste et réanimateur français préfère parler d’ « Expérience de Mort Provisoire », au lieu d’ « Expérience de Mort Imminente », car pour lui, ces gens sont bel et bien décédés et revenus à la vie (réf) Le cas d’ Eben Alexander, neurochirurgien et professeur de l’Université de Harvard a fait école. En 2008, il entre en coma durant une semaine, en raison d’une méningite causée par un microbe très virulent appelé Escherichia Coli. Il revient à la vie défiant tout pronostic médical. Bien que son électroencéphalogramme fût plat (cerveau non fonctionnel), il a rapporté à son réveil, tout ce qui s’était passé entretemps dans sa chambre d’hôpital et même à des dizaines de kilomètres de distance . (réf) Écoutons à présent le cas d’Anita Moorjani en train de décéder à l’hôpital, d’un cancer terminal ( lymphome hodgkinien) et qui sort de son corps : «J’étais intensément consciente de tout ce qui se déroulait autour de moi… Je n’utilisais pas mes cinq sens biologiques et pourtant, je saisissais tout d’une façon bien plus aigüe qu’avec mes organes physiques…. C’était comme si j’étais prisonnière de mon corps pendant les quatre dernières années que le cancer me ravageait et qu’enfin, j’étais libérée. » (réf) Anita est revenue de la mort totalement et quasi instantanément guérie, comme cela lui avait été annoncé durant son EMI. Elle a tenu à reprendre tous ses examens, même les plus invasifs, lesquels sont revenus à la normale, ceci, pour convaincre le monde, le corps médical en particulier. Elle a publié son livre et donne aujourd’hui des conférences à travers le monde.
Mon petit Lucas, d’autres faits sont rapportés par ceux qui sont revenus de la mort. Nous en parlerons prochainement.
A suivre
Erold JOSEPH,
Docteur en médecine, pneumologue, expert en santé publique, santé scolaire, promotion de la santé et de l’interrelation santé/éducation
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Courriels : eroldjoseph2002@yahoo.fr et eroldjoseph2002@gmail.com
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