« Renforcer nos communautés en défendant la diversité, en créant de l’équité, de la richesse au profit des jeunes entrepreneurs ». C’est autour de ce projet qu’une dizaine de membres d’associations de la communauté LGBT+ qui fait référence aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres/transsexuelles ont pris part, durant deux jours, à la deuxième séance de formation organisée par l’Institut Panos dans les locaux de l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), à Delmas. La directrice du Startup Grind Manager Opérations, Haiti Tech Summit, Daphnée Charles, a animé cet atelier dans une grande salle.
À cause de l’homophobie en Haïti plusieurs membres de la communauté LGBT+ rencontrent des obstacles dans leur évolution sur le terrain économique. Nombre d’entre eux sont devenus vulnérables. Avec cette formation de Panos, ils ont bénéficié des conseils pour stimuler chez eux le sens d’initiative.
Les membres des organisations LGBT+ et PVVIH ont appris à bâtir, en atelier, un plan d’affaire sous la supervision de Daphnée Charles. Notons au passage que cette formation fait suite à une précédente. Avec cette monitrice, une ancienne diplômée en agronomie de l’UNIQ qui a poursuivi son cursus universitaire à Tuck Business Darthmouth College aux États-Unis, ces derniers ont pu concocter des projets originaux dans le bouillonnement des idées. Ils ont appris à choisir un nom de projet adapté, à définir une mission, une vision et des objectifs clairs.
Présentation magistrale des projets d’économie sociale
Au dernier jour de la formation, chaque groupe a fait une présentation magistrale de son projet d’économie sociale, élaboré en atelier. Le Collectif haïtien d’aide et d’appui à l’émancipation sociale (CHAAPES) des Gonaïves a soutenu le projet Bel Ayiti. Ce travail préparatoire vise le ramassage d’ordures et leur transformation en objets décoratifs et utilitaires. Le bénéfice de cette entreprise sera investi dans la communauté, a soutenu le coordonnateur exécutif de SHAAPES, Steven Jean-Gilles.
Même approche pour l’Union des personnes luttant contre la discrimination et la stigmatisation (UPLCDS). Cette association basée aux Cayes met en relief les produits locaux : des œufs de poulets indigènes et le beurre d’arachide (pistache). Muller Museau, le président d’UPLCDS, précise que le bénéfice que l’association aura engrangé n’ira pas enrichir les fondateurs ni les actionnaires, il sera canalisé vers le développement durable de la communauté.
L’Organisation Arc-en-Ciel d’Haïti (ORAH), intéressée à la lessive et au repassage des habits suit la même veine. L’économiste Edwine Boucicaut et le comptable Ricardo Bernard vont encore plus loin quand ils déclarent que 40% du profit de cette entreprise sociale iront financer les études des jeunes vulnérables du fait de leur orientation sexuelle.
Action citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti (ACESH) de Marchand Dessalines, propose, elle, la Boîte secrète, une carte prépayée qui mettra le paquet sur des outils technologiques pour affronter le marché. Transaction sur Internet à la portée de tous, rapidité, efficacité. Résolution de la question de la carte de débit en Haïti. Démocratiser un tel outil financier, autrement dit, le rendre encore plus facile d’accès.
Pour les jeunes n’ayant pas un emploi stable dans ces communautés, de même chez les PVVIH, l’Association des jeunes contre la discrimination et la stigmatisation (AJCDS) basée dans les communes de Tabarre et de Petit-Goâve dans l’Ouest propose de fabriquer des produits hygiéniques : hand sanitizer, chlorox, savon liquide et désinfectant. Elle dit miser sur l’hygiène, la propreté des maisons. Avec la montée de la pandémie de Covid-19, ces produits sont utilisés à la maison et au sein des entreprises. REV-Haiti, en partenariat avec AJCDS, est porteur de ce projet baptisé Lachmi store.
Quant à l’Association Marasa Rak Ayiti (AMRA) dans le Sud-Est, elle vient avec Dis dwèt restoran ; l’Organisation des citoyens pour le développement d’Haïti (OCDH) de l’île de la Gonâve mise sur le projet Entre nous bar, branché uniquement sur la communauté. À côté de ce bar, un dépôt sera ouvert à tous les clients de l’île.
Ce projet de Panos, qui inclut les personnes vulnérables dans un programme de développement, adopte des stratégies pour les accompagner dans la matérialisation de leurs idées dans les domaines et/ou secteurs d’opportunités. Aussi, pour sa mise en oeuvre, fait-il suite à la signature d’un accord entre l’Institut PANOS et COIN qui est un Centre d’orientation et de recherches intégrales. D’autres institutions telles la Coalition des communautés vulnérables des Caraïbes et le Partenariat Pan-Caraïbe contre le VIH et le Sida (PANCAP) ont soutenu ces activités. Cet encadrement comprend un appui technique à des organisations LGBT+ porteuses de projets d’entreprises sociales qui se déclinent en ces éléments : coaching, accompagnement, conseils juridiques, mentoring et partage d’expérience. Par ailleurs, ce projet participe de la mission de dresser la cartographie des organisations de base conduisant des activités liées au VIH destinées à cette tranche de la population qui voudrait monter des start-up. Au moins cinq organisations communautaires seront retenues. Celles qui passeront la rampe seront renforcées et donneront lieu à des idées de projet au profil de « start-up ».
Claude Bernard Sérant
Source : lenouvelliste.com
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