La bâtisse de Nami a pris un grand coup. Bakyard, un édifice jouxté comme une aile à l’arrière, s’est effondré. Cet espace qui accueillait groupes musicaux et disc-jockeys n’a pas entraîné dans sa chute l’immeuble qui regroupe hôtel, médias, restaurants et entreprise de multiservices.
Le bâtiment affiche l’image de la puissance du séisme : poteaux cassés, murs fissurés, grosses balafres, parquets gondolés, bouts de fer tordus. De grandes saillies sont tracées comme des veines ouvertes dans la cour et se prolongent à l’intérieur de l’immeuble.
« Nous ne pouvons plus garder nos médias à l’intérieur de cet immeuble. Le séisme a tout saccagé même s’il est resté debout », déplore Richie Charles, dit Charly, le propriétaire des lieux.
Cet immeuble date de 1892; il appartenait à Birbingam, un propriétaire allemand versé dans l’import et l’export au no 15 de la rue Nicolas Geffrard. Le poids des années et le séisme l’ont sévèrement secoué, mais il est resté planté sur sa base. Mais pour combien de temps ?
Entouré d’une équipe du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) venue recueillir des données sur les médias frappés par le séisme, le patron de presse explique : « Des ingénieurs de la mairie sont passés examiner l’édifice, ils ont dit que je peux continuer à y fonctionner après des réparations. Des ingénieurs du ministère des Travaux publics ont, pour leur part, posé un autre diagnostic; ces derniers m’ont dit que je dois faire démolir le bâtiment. Moi, je me range plutôt du côté du diagnostic du ministère. J’espère que l’État va m’accompagner pour abattre cet immeuble dans l’intérêt de la communauté ».
Il croyait que c’était la fin
Richie prenait son bain lorsque Nami hôtel international a commencé à trembler. Il croyait que c’était la fin du monde. Sa femme, paniquée, a voulu sauter du premier étage pour ne pas être aplatie par le béton des deux autres niveaux de cet immeuble. N’était le sang froid de Charly, elle se serait élancer d’un bond. L’un des garçons du couple, Charles, qui étudie aux États-Unis, passait des vacances à l’hôtel en compagnie de quatre de ses amis. Sa fille, ce jour-là, a pris tôt la route de Bordes pour aller rejoindre un de ses parents. Arrivée sur les lieux, la maison était par terre. Autant de drames marquent au fer rouge la mémoire de ce patron de presse. « Je ne veux pas badiner avec la vie. Un immeuble qui ne peut plus tenir doit être rasé pour céder la place à un autre. À présent, nous travaillons d’arrache-pied pour placer nos médias dans un autre espace à la rue du Quai près des locaux de la Direction générale des impôts (DGI) », ajoute celui qui dort désormais avec sa famille sous une tente à une dizaine de kilomètres de la ville des Cayes.
Refusant de s’apitoyer sur son sort, le numéro un du groupe Nami, tout en remerciant l’équipe du RHJS pour ce travail de terrain auprès des patrons, leur conseille de faire un tour sur le site de radio Jéricho F.M pour constater l’ampleur des dégâts du tremblement de terre du 14 août dans le secteur de la presse aux Cayes.
Contre vents et marées, Richie Charles veut poursuivre l’aventure des médias, commencée le 10 octobre 2010. Il croit fermement dans la radiodiffusion. Mais pour la télédiffusion, il porte un autre regard sur ce secteur. La cause? la télé bat de l’aile dans cette niche de communication depuis que les antennes paraboliques qui offrent un bouquet de chanel aux consommateurs ont envahi les toits du Sud. « Les gens qui n’ont pas de moyens aux Cayes préfèrent se serrer la ceinture pour avoir une antenne parabolique. On ne peut pas concurrencer ces grosses entreprises », avoue ce patron, qui dit avoir véritablement du pain sur la planche.
Claude Bernard Sérant
Source : www.lenouvelliste.com
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