La vie du pasteur Joël Sainton a changé du jour au lendemain, suite à un test spontané du vih qui s’est révélé positif. Au début de l’année 2002 lorsque ce jeune pasteur protestant découvre sa séropositivité, il a à peine 30 ans et vient tout juste de se marier. Sa femme, elle aussi est testée positive au vih.
C’est le temps où la discrimination, la stigmatisation fait des vagues dans la société haïtienne. C’est le temps où les milieux religieux acceptent difficilement cette pathologie.
« J’avais juste amené ma femme à l’hôpital qui était souffrante. Le médecin l’a encouragé à faire un test de dépistage du vih. Triste sort, les résultats du test se révèlent positifs », se rappelle celui qui vit avec le vih, depuis 19 ans. Décontenancé, troublé, le jeune marié décide également de se faire tester.
L’annonce des résultats de son test allait créer une onde de choc et de confusion dans la vie du serviteur de Dieu.
« Je n’aurais jamais cru qu’un dépistage allait changer ma vie à jamais », déclare-t-il, ouvrant grand les yeux cerclés de verres, devant la caméra de Claude Bernard Sérant, secrétaire général du Réseau haïtien de journaliste de la santé (RHJS).
Au bord du précipice
Joël Sainton devait alors faire face à cette nouvelle réalité de vie et celle de sa femme qui était déjà alitée, mais aussi et surtout les réactions de ses supérieurs hiérarchiques et les fidèles de sa congrégation.
« Lorsqu’ils ont appris la nouvelle, ils ne m’ont pas vu de bon œil. Ils m’ont considéré comme une brebis galeuse, un pécheur, un objet encombrant, qu’ils doivent vite se débarrasser », se souvient celui qui est aujourd’hui, président de l’Association des personnes infectées et affectées par le vih (APIA), une organisation qui regroupe particulièrement des religieux infectés par le virus à vih.
Abandonné, rejeté par ses pairs, pasteur Sainton se voyait au bord du précipice. Il ne pensait qu’à la mort.
Dans les rues, celui qui, quelques jours auparavant l’annonce de sa séropositivité, était le chouchou de toute la communauté de Mariani et de Carrefour, est chahuté, hurlé, stigmatisé et discriminé. « A cause de mon statut sérologique, personne n’a osé me parler, voire me serrer la main », raconte cet activiste de la lutte.
La stigmatisation et la discrimination dont il a été l’objet, n’ont pas affaibli pour autant le leader religieux. Il s’est servi au contraire de son statut sérologique pour donner un autre sens à sa vie, ainsi qu’aux autres religieux, infectés tout comme lui par le vih. « Je ne sais pourquoi c’est moi, ni pourquoi cela m’est arrivé. Si cela m’est arrivée à moi, c’est par ce que j’ai quelque chose à offrir aux autres. J’ai une page d’histoire à écrire », déclare le pasteur, le regard perçant, derrière ses verres.
Pasteur Joel Sainton à largement puisé dans sa séropositivité pour agir. En plus d’être président de l’APIA, il est aussi membre du comité de la Fédération des associations de PVVIH ( Phap plus). Cette institution à l’initiative de plusieurs capsules vidéo de sensibilisation autour de la problématique du vih en Haïti, dans le cadre d’une campagne de communication mise en place par le Réseau haïtien de journalistes de la santé (RHJS), est, vents et marées, toujours sur la balle. Pour illustrer : cette campagne est supportée par Georgetown university (GU), le Centre haïtien pour le renforcement du système de santé (Charess) et l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (Odelpa), à travers un programme du plan d’urgence du président des Etats-Unis, de lutte contre le vih (PEPFAR).
Louiny FONTAL
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