Ce texte, je l’écris au fil du temps. Il se compose d’angle de vues pour former un ensemble que j’aimerais publier en plusieurs parties pour mieux retenir le tout. Aujourd’hui je rédige un papier qui ne s’étendra pas sur le génocide des Indiens Taïnos en Amérique ; il ne s’attardera pas sur le 17e siècle, non plus sur le 18e et le 19e siècle esclavagiste. Je m’intéresserai aux faits en cours.
Par Marnatha I. Ternier
Ce que j’écris aujourd’hui est l’histoire de l’instant. Toute vue sur le passé par rapport à l’action en cours, considérez-le comme un flashback pour ne rien oublier.
Ceci n’est pas un texte, c’est un cri. C’est une réflexion qui concerne plutôt notre époque actuelle. Elle concerne le 21e siècle, à l’ère de la haute technologique où la communication se veut rapide comme une flèche. S’adressant à tous les humains connectés à un écran, cette cogitation qui impose une quête de faits, de documentations pour cheminer à fond dans l’examen de ce qui arrive à Haïti, se veut interactive.
Notre quotidien abonde de faits caractérisés par une violence hégémonique aveugle qui sont le fruit de choix politique et économique qui conduisent les Haïtiens à s’entre-tuer. Qu’on ne vienne pas me dire que c’est parce que les jeunes haïtiens armés de gros calibres venant des Etats-Unis sont méchants qu’ils tuent leurs propres frères de sang à Port-au-Prince, Cité Soleil, Kenskoff, Mirebalais, Pont Sondé, Petite-Rivière de l’Artibonite et dans d’autres agglomérations à la ronde.
Des tigres assoiffés de sang
Depuis quand des jeunes à fleur de l’âge (quinze, seize, vingt-ans) de ce pays connu pour son hospitalité et son sourire bienveillant deviendraient-ils spontanément des tigres assoiffés de sang ?
Depuis quand des bandits de grands chemins seraient-ils devenus comme par enchantement des stratèges capables de se déployer sur le territoire avec autant de capacité et d’art pour conduire leurs actions avec autant de détermination et de cohésion ?
Comme certains nantis du big business, ils sont parvenus à rallier à leur cause des professionnels de la communication et influenceurs. Payés grassement, ce monde de la communication les habille sous le label de « combattants de la liberté ». Malheur au public qui accorde crédit aux effaceurs de la réalité.
Une crise spirituelle
Dans la visée hégémonique de l’Occident, qui a construit un narratif ayant pour socle la supériorité de la race blanche, découle toutes les horreurs qui pourraient remplir toute une encyclopédie. Au regard de ce qui nous arrive, il me revient à la mémoire une chanson vodou : « Sa w wè a se sa. » (Ce que vous voyez c’est ce que vous voyez).
Voyons la racine latine du mot « Occident » : occire qui signifie tuer, détruire, massacrer, éliminer, assassiner, égorger. Ou encore occidere : couper, mettre en morceaux ; tuer, faire périr.
Pour un peuple dont les ancêtres ont connu plus de trois siècles d’esclavage, nous ne pouvons pas effacer de notre mémoire ce que nous avons subi d’après une conduite. Nous retenons que la conduite de toute action de l’Occident est fondée sur le mythe de la supériorité de la race. Pour cette raison, l’homme Blanc croit porter sur ses épaules « un lourd fardeau », pénible à supporter : nettoyer la terre de tous les sauvages, de tous les barbares et démons pour en faire un eldorado.
À l’aune de ce mythe, comprenez nos civilisateurs acharnés à terminer leur projet d’extermination en Haïti.
La race maîtresse, dans le cadre de son idéologie qui essentialise les humains jugés inférieurs, a balayé nos frères Taïnos de la croûte terrestre. Pour eux, ces êtres humains qui n’étaient pas des chrétiens n’avaient pas une âme. Et les Africains ? ils les avaient placés au bas de la pyramide raciale.
Avions-nous oublié que nous étions des objets, des marchandises empilées à la Croix-des-Bossales pour être vendus et jetés en esclavage ?
Confronté à une crise spirituelle, l’Occident s’active dans une poursuite sans fin à la richesse matérielle sur l’autel de la croissance. Dorénavant, ils veulent extraire toutes les richesses de la terre, pomper les ressources de nos océans pour produire des marchandises en vue de montrer leur toute puissance au monde. Carte blanche est donnée à l’enrichissement sans limite de l’individu. Pauvre individu.
Effacer les descendants pour mieux supporter l’histoire
Dans son excès d’orgueil, l’Occident veut réécrire l’histoire pour mieux construire l’imaginaire du monde en tant que superpuissant à obéir au doigt et à l’œil. Voilà pourquoi l’Occident continue à manipuler nos élites contre notre peuple pour mieux faire disparaître les descendants de nos vaillants guerriers qui ont crié lors de la bataille de Vertières « Liberté ou la mort ! Vivre libre ou mourir ! »
Nos élites aveuglées par l’argent ; nos élites, structurées dans un logiciel qui détermine leurs tâches à accomplir, exécutent leur fonction de valets. Toutes leurs opérations n’ont rien à voir avec les finalités essentielles de notre société. Ils sont au service d’un système programmé pour notre extermination.
Le tonnerre qui accompagne nos dégoûts, nos indignations ne les ébranle pas. Nos cris ne veulent rien dire.
Fini le temps de vivre et d’aimer sous les tropiques. Des gens à la tête de l’État qui sont placés pour nous protéger se retournent contre nous. Regardez comment ils traitent les agents de notre Police nationale ? beaucoup de policiers englués dans la défense de leurs intérêts mesquins ne comprennent même pas qu’on les a avilis avant de les jeter en pâture à la boucherie.
Fini le temps de rêver et d’aimer dans la joie de vivre ensemble. Citoyens, il est venu l’heure de nous ressaisir afin de faire face aux démolisseurs. Vous n’êtes pas un sauvage, vous n’êtes pas inférieurs, comme ils disent. Vous êtes comme tous les êtres humains capables de bien et de mal. La lumière est en vous. Ce que vous faites-là n’est pas une production de l’enfer, elle est le fruit d’une culture, d’un choix politique, d’un choix économique qui nous engloutira tous dans un « shitole ».
Ne voyez-vous pas que nous avons une population aux mains nues, à genou. Pourquoi cette guerre totale. Pourquoi ces lancements de drones ?
Nos élites, aveuglées par l’argent et le pouvoir et le pouvoir qui conduit à l’argent, feignent l’impuissance pour poursuivre leur rêve de conquérants fatigués de vivre au milieu d’un peuple qui traîne dans une misère sale.
Marnatha I. Ternier