Par Gladimy Ibraïme
Il y a encore quelques semaines, pour une pathologie ou une autre, hommes, femmes et enfants ruaient vers Mirebalais en quête de soins de santé. D’un peu partout à travers les dix départements géographique d’Haïti, ils venaient profiter des bons offices de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais (HUM). Un service ou un autre les attirait vers cet hôpital de près de 300 lits.
Depuis le 31 mars 2025, la Cité de Benoît Batraville est sous l’assaut des groupes armés. L’hôpital, comme la quasi-totalité des institutions et résidents de la ville, n’a pas pu résister. Pas cette fois-ci.
Zanmi Lasante (ZL) qui tient les rênes de cette structure sanitaire, de niveau tertiaire, a dû délivrer un permis de sortie (exéat) aux patients dont l’état le permettait. Dans le même train de mesures, ZL a estimé son obligation de transférer les autres et de fermer provisoirement ses portes.
Dans une note interne circulant sur les réseaux sociaux, il est précisé : « La Direction exécutive de Zanmi Lasante vous informe, par la présente, de sa décision de fermer jusqu’à nouvel ordre les portes de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, en raison de la situation sécuritaire préoccupante qui prévaut dans la ville ayant occasionné la suspension des activités du site. »
Avec cette fermeture, c’est tout le système de santé, déjà à l’agonie, qui reçoit un coup fatal. HUM, c’est après tout l’un des plus grands pourvoyeurs de soins de santé à l’échelle du pays, avec plus de 400 000 patients vus chaque année, à en croire sa direction. Selon les chiffres communiqués par ZL en décembre 2024, l’hôpital recevait en moyenne 800 personnes par jour. 41% des patients soignés à HUM provenaient du plateau central, 44% du département de l’Ouest et 15% des autres départements du pays, avait précisé Dr Milien Christophe, directeur médical de HUM, dans une capsule vidéo publiée sur la page Facebook de ZL le 19 décembre 2024.
HUM, c’est également plus de 6000 chirurgies et plus de 6000 accouchements (dont environ 2500 césariennes) chaque année, avait-il ajouté.
L’ampleur de la situation du pays
S’il fallait une preuve de la gravité de la situation du pays, la fermeture de cet hôpital en est une. Et pire encore…
On est en droit de se demander combien de femmes n’ont pas pu trouver un médecin ou une infirmière ou une sage-femme pour son accouchement depuis cette fameuse nuit? Combien d’enfants ont raté une énième dose de vaccin? Combien de personnes souffrant d’une maladie chronique sont dans la tourmente sans pouvoir renouveler leur stock de médicaments? Combien de personnes sont-elles mortes dans leur petit coin par manque de soins?
La situation est d’autant plus alarmante qu’elle s’inscrit dans un contexte où la majeure partie des structures de santé de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont été soit pillées soit incendiées ou ont dû fermer boutique. Sans oublier que l’admission à des hôpitaux de la République ou de Cuba, des États-Unis ou ailleurs est de moins en moins probable avec la quasi-fermeture de la frontière et de l’Aéroport international Toussaint Louverture.
Qui pis est, la crise crée un terrain propice au développement et/ou à la propagation de pathologies telles le choléra, le VIH/sida, la tuberculose, les maladies cardiovasculaires, les troubles psychologiques…
Pourtant, au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où a été concentrée une bonne partie des hôpitaux et centres de santé du pays, et à Mirebalais, notamment l’offre en matière de soins de santé s’appauvrit, s’approche du néant. À bien observer, c’est un vrai désert médical.
Sommes-nous en guerre contre nous-mêmes ou encore contre le système de santé?
Il est temps qu’on se le rappelle, les hôpitaux, les centres de santé, les ambulances et les soignants sont censés bénéficier de la protection de toutes et tous. Même en temps de guerre.
Gladimy Ibraïme
gibraime@gmail.com