Par Jobenson Andou
Dans une dynamique de promotion de l’égalité des sexes et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), le Groupe de recherche et d’échange technologique (GRET), en partenariat avec l’UDREFH CENTRE et d’autres organisations engagées, a récemment organisé une formation à l’attention des différentes organisations du département de l’Ouest, du grand Nord et du grand Sud. Cet atelier conçu pour renforcer les capacités des acteurs locaux a rassemblé de nombreux participants issus d’organisations de la société civile, des institutions publiques et des associations de défense des droits des femmes.

Exploration de thématiques
Durant trois jours, les participants ont exploré des thématiques essentielles, notamment la définition et les enjeux du genre, les politiques publiques en matière d’égalité, ainsi que le cadre juridique national et international encadrant la protection des femmes et des filles en Haïti. À travers une approche participative et inclusive, les experts ont partagé leurs connaissances et leurs recommandations afin d’améliorer la mise en œuvre des politiques de lutte contre les inégalités de genre.
Pour la première journée, c’est le Réseau des Femmes Organisées-Jacmel (REFOJ) qui s’est assurée de l’entrée en matière, en apportant, par la voix de Sheyla Cayo et Marie Vesta Desameau, son expertise mettant en lumière les enjeux actuels et les solutions envisageables pour une société plus juste et inclusive. «En Haïti, les inégalités de genre persistent dans divers domaines, notamment l’accès à l’éducation, à l’emploi et à la participation politique, ce qui limite le plein épanouissement des femmes et des filles ; une approche inclusive, fondée sur l’éducation et la sensibilisation aux concepts de base du genre, est essentielle pour déconstruire les stéréotypes et promouvoir l’égalité des chances», a-t-elle déclaré, soulignant qu’en adoptant des politiques de parité, en favorisant le leadership féminin et en instaurant des mécanismes de protection contre les violences basées sur le genre, ces structures peuvent devenir de véritables moteurs de transformation sociale.
«L’intégration d’une approche de genre dans les politiques publiques et les programmes de développement est essentielle pour garantir une répartition équitable des ressources et des opportunités, favorisant ainsi l’autonomisation des femmes et des groupes marginalisés», informe Sabrina Jeudi, pour faire suite aux concepts de base du genre. Intervenant pour le compte de l’organisation de défense des droits des femmes Fanm Deside, elle a mis un accent particulier sur l’intégration d’une approche de genre dans les politiques publiques et les programmes de développement. Selon elle, «une gouvernance inclusive repose sur des politiques et des initiatives qui prennent en compte les réalités et besoins spécifiques de chaque genre, assurant ainsi une croissance durable et socialement équitable.»

A la deuxième journée, le moteur de la formation était déjà bien huilé. L’Union pour le Développement et le Respect des Femmes Haïtiennes (UDREFH-Centre) et l’Organisation féministe pour la promotion et la défense des droits des femmes Nègès Mawon ont partagé le podium pour conduire les participants plus loin sur les VBG et les conflits y afférents. Stéphanie Boucher, responsable du programme marrainage de la section genre a Nègès Mawon, n’a pas ménagé sa voix pour intervenir sur les impacts des conflits armés sur la situation des droits des femmes et des filles, s’appuyant sur une approche vers une intervention humanitaire sensible au genre : «Les conflits armés exacerbent les violences basées sur le genre, exposant les femmes et les filles à des risques accrus de violences sexuelles, de mariages forcés et d’exploitation, ce qui rend indispensable une réponse humanitaire intégrant des mesures de protection et d’autonomisation adaptées à leurs besoins spécifiques.»
Par suite de statistiques recueillies, la période allant de janvier à octobre 2024, NÈGÈS MAWON a recensé 447 cas de violences sexuelles, 31 cas de violences physiques, 33 cas de violences psychologiques et 114 cas de violences économiques. Ces données, selon Stéphanie, «nécessitent une intervention humanitaire sensible au genre qui garantir l’accès des femmes et des filles aux services essentiels, tels que les soins de santé, le soutien psychosocial et la justice, tout en favorisant leur participation active à la reconstruction sociale et économique des communautés affectées.»
Durant la troisième journée de cet atelier, l’UDREFH et Fanm Deside ont refoulé le stand pour parler de genre et politique publique tout en partageant d’Outils Juridiques Nationaux et Internationaux pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes. Faisant parler les différents lois, décrets et convention, Louna François a montré les étapes à suivre pour parvenir à faire avancer l’égalité de manière transversale.
Expression de satisfaction
A la fin de la formation Marie Renée Jean, animatrice du GRET, sort satisfaite. Exprimant sa satisfaction, elle éclaire les lanternes sur la formation au micro du RHJS : “Cette formation qu’on prépare depuis décembre dernier vise à renforcer les capacités des différentes organisations afin qu’ils puissent mieux comprendre et agir contre les inégalités de genre. Nous avons mis en place un programme complet pour permettre aux participants de développer des compétences analytiques et stratégiques en matière de lutte contre les violences basées sur le genre.
Les sessions de formation ont été structurées autour de plusieurs modules essentiels. Suites à chaque panel, des travaux de groupe ont été réalisés pour inciter les participants à s’engager dans le processus.
Afin de maximiser l’impact de cette formation, des stratégies de plaidoyer et de sensibilisation ont été présentées. Les participants ont bénéficié de conseils pratiques sur la manière de mener des actions efficaces dans leurs communautés respectives, de mobiliser les ressources disponibles et d’assurer un accompagnement adapté aux victimes.
À l’issue de l’atelier, les participants, satisfaits, se sont engagés à relayer les connaissances acquises au sein de leurs organisations et communautés, dans l’optique de favoriser un véritable changement des mentalités et des pratiques. Selon, Marie Renée, «cette initiative du GRET, bras technique de l’ambassade France pour les fonds PISCCA, et de ses partenaires représente une avancée significative dans la lutte pour l’égalité des sexes en Haïti. Avec une telle mobilisation, l’espoir est permis pour l’émergence d’une société où l’égalité et le respect des droits des femmes deviennent une réalité tangible. En multipliant ce type d’initiatives, il est possible de renforcer la résilience des communautés face aux inégalités et de promouvoir un avenir plus juste et inclusif pour tous.»
Jobenson Andou
jobenyandoy08@gmail.com
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