Par Daana Sthernith Eldimé
Dans les quartiers de Fort National, au cœur de Port-au-Prince, les violences basées sur le genre (VBG) représentent un problème alarmant. Ces formes de violences incluent les abus physiques, sexuels, psychologiques et économiques, affectant principalement les femmes et les filles, bien que des hommes puissent aussi en être victimes. Leur propagation est aggravée par la précarité socio-économique, l’insécurité persistante et l’absence de systèmes de protection adéquats. Selon notre enquête, près de 70 % des femmes interrogées ont signalé avoir subi une forme de violence au cours de l’année précédente. De plus, l’insécurité dans ces zones limite l’accès aux refugés pour victimes, souvent situés loin des quartiers affectés.

Un contexte de vulnérabilité accrue
Fort National est l’un des quartiers marqués par la précarité et une densité de population élevée. La crise politique et économique en Haïti a renforcé les inégalités et les tensions sociales, créant un terreau fertile pour les VBG. L’absence de services publics de base, comme l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à la sécurité, complique la situation. Les femmes et les filles, souvent contraintes de sortir pour chercher de l’eau, de la nourriture ou des revenus, s’exposent à des agressions et des formes de harcèlement.
Les formes de VBG prédominantes
Les violences sexuelles sont particulièrement préoccupantes dans ces zones. Selon des témoignages recueillis par des organisations locales, des cas de viols collectifs et d’agressions sexuelles se produisent fréquemment, notamment lors des conflits entre groupes armés qui opèrent dans ces quartiers. Les violences domestiques constituent une autre forme de VBG très présente. Souvent perçues comme des problèmes privés, elles restent sous-déclarées, laissant les victimes sans soutien juridique ou psychosocial.

Les facteurs aggravants
Les facteurs agravants relèvent pour les habitants de ces quartiers de l’insécurité. Ils réalisent que les affrontements entre gangs et les kidnappings récurrents augmentent le climat de peur et limitent leurs mouvements. Les femmes et les filles sont particulièrement ciblées par les gangs comme outils de domination ou de rétribution. Ensuite la pauvreté. Beaucoup de femmes dépendent économiquement de leurs agresseurs, ce qui les empêche de quitter des situations abusives.
Ils remarquent que le manque d’accès à la justice ne jouent pas en leur faveur. L’impunité reste un obstacle majeur. Les victimes, craignent des représailles ou doutent de l’efficacité des institutions. C’est pourquoi les habitatns de Fort National et de Poste Marchand hésitent souvent à porter plainte.
Enfin, les normes socioculturelles. Les stéréotypes de genre et les attitudes patriarcales perpétuent une culture de silence autour des VBG, rendant difficile leur dénonciation.
Initiatives locales et besoins urgents
Des organisations communautaires, telles que la Coordination des Femmes Engagées pour la Coopération et le Développement d’Haiti (COFECDH), tentent de lutter contre les VBG à Fort National et à Poste Marchand. Elles mènent des campagnes de sensibilisation, offrent un soutien psychosocial et, dans certains cas, facilitent l’accès à des services juridiques. Cependant, ces efforts restent limités face à l’ampleur du problème.

Pour faire face à cette crise, les jeunes qui ont pris part à la formation du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) estiment que plusieurs actions sont essentielles. Questionner à ce sujet, ils formulent ces réponsent : « Il faut renforcer la présence des services sociaux, notamment des centres d’accueil pour les victimes; former les forces de l’ordre à la prise en charge des cas de VBG et à la protection des victimes; créer des programmes de réinsertion économique pour aider les femmes à devenir financièrement indépendantes tout en faisant la promotion des éducations civique et sexuelle pour déconstruire les stéréotypes de genre et encourager une culture de respect.»
Pour plusieurs participants à la formation du RHJS, notamment ceux qui vivent dans le quartier de Fort National, les violences basées sur le genre à Fort National plus précisément à Poste Marchand reflètent des dynamiques sociétales complexes et profondément enracinées. Pour espérer un changement durable, pour eux, il est crucial d’adopter une approche globale qui combine actions communautaires, volonté politique et transformation des mentalités.
Aux séances de formation, les intervenants, ont insisté sur un fait qui se traduit et se résume en ces termes : les habitants de ces quartiers, tout comme les institutions locales et internationales, doivent unir leurs efforts pour créer un environnement où les femmes, les filles et toutes les personnes vulnérables puissent vivre sans crainte de violence.
Daana Sthernith Eldimé
dastel@wikimediahaiti.org
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