Le 15 janvier 2024, une séance de travail s’est tenue au sein du Comité des relations internationales du Sénat, présidée par le sénateur Jim Risch (républicain de l’Idaho), pour la confirmation de Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, nommé récemment par le président Donald Trump le 13 novembre 2024 comme secrétaire d’État.
Le sénateur Rubio a participé à une audition de confirmation devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat des États-Unis, dont il est un membre influent. Durant cette audition, il a abordé plusieurs sujets clés de la politique étrangère américaine. Cette commission joue un rôle central dans la supervision des relations diplomatiques, des programmes d’aide internationale et des politiques de sécurité nationale. Rubio a exprimé son espoir d’obtenir un soutien bipartisan et anticipe une confirmation par l’ensemble du Sénat. (Reuters).
La séance s’est déroulée dans une ambiance cordiale, où le sénateur Rick Scott a eu l’honneur de présenter son collègue floridien. Dans son discours, il a exprimé sa pleine confiance en Rubio pour servir comme chef de la diplomatie américaine, soulignant ses compétences pour défendre la politique « America First » du président Trump, protéger la sécurité nationale et stabiliser l’hémisphère occidental.
Les sénateurs des deux partis ont posé des questions à Rubio sur des problématiques de politique internationale. Les échanges ont été francs et approfondis sur des sujets sensibles, et Rubio a été félicité pour sa maîtrise quasi parfaite des dossiers de politique publique étrangère ainsi que pour ses positions claires. (Politico)
Points abordés lors de la séance
Le débat s’est concentré sur plusieurs thématiques majeures :
- Les cartels mexicains,
- La guerre en Ukraine,
- Les relations des États-Unis avec la Chine et l’Afrique,
- Le récent problème lié au canal de Panama.
Le sénateur Risch a exprimé des préoccupations concernant l’influence croissante de la Chine et a interrogé Rubio sur ses stratégies pour contrer cette menace. Rubio a qualifié la Chine de « menace la plus puissante et la plus dangereuse que les États-Unis n’aient jamais affrontée », évoquant la nécessité d’une approche ferme pour protéger les intérêts américains.
(CBS NEWS)
Sur la guerre en Ukraine, Rubio a insisté sur l’importance d’un cessez-le-feu et d’une résolution rapide du conflit.
Focus sur les Amériques : Cuba, Venezuela, Haïti et Nicaragua
Le sénateur Rick Scott a également cherché à clarifier les priorités de Rubio concernant les relations avec Cuba, le Venezuela, Haïti et le Nicaragua. Scott a particulièrement insisté sur le Venezuela, rappelant que l’administration Biden avait permis la poursuite de l’exportations de pétrole malgré les élections controversées de Maduro. Il a également évoqué l’intégration de Maria Corina Machado, qu’il considère comme une ruse, mais a souligné le rôle de Rubio pour faire pression sur ce dossier.
Concernant Cuba, Scott a précisé que ce pays a été retiré de la désignation de « soutien au terrorisme d’État », tout en dénonçant les emprisonnements injustes, tels que celui de José Daniel Ferrer, ainsi que l’incarcération d’enfants de 14 ans pour leur participation à des manifestations pacifiques.
Rubio a répondu en abordant d’abord Haïti, un sujet qu’il juge complexe et prioritaire à l’échelle mondiale.
Analyse du sénateur et secrétaire d’État Marco Rubio sur la crise en Haïti
- Contexte global et mise en perspective
Le sénateur Rubio a mis en lumière la situation critique en Haïti, insistant sur deux aspects fondamentaux :
L’absence de légitimité des autorités haïtiennes, l’impact régional de cette crise, notamment sur la République dominicaine et les États-Unis.
Rubio a avancé que cette instabilité alimente des problèmes de sécurité, de migration et de criminalité transnationale.
- Le problème de la légitimité
Rubio a identifié le manque de gouvernance légitime en Haïti comme un obstacle majeur. Cette absence affaiblit l’autorité de l’État, favorisant l’influence de figures criminelles comme « BBQ », perçues comme des acteurs puissants dans le pays.
- Soutien aux forces de police haïtiennes
Malgré un manque flagrant de ressources, Rubio a salué le courage des forces de police haïtiennes et dénoncé la désinformation, notamment sur le rôle des troupes kényanes, à qui certains attribuent à tort leurs succès.
- Impact régional
Rubio a insisté sur l’effet transfrontalier de la crise haïtienne :
Instabilité accrue en République dominicaine, pressions migratoires sur les États-Unis et les Bahamas. Ces éléments justifient, selon lui, une réponse internationale coordonnée.
- Proposition pragmatique
Rubio a proposé : le rétablissement de la sécurité par une intervention internationale ; une transition politique légitime permettant l’organisation d’élections ; des partenariats régionaux pour stabiliser durablement Haïti. En conclusion, il mobilise l’attention sur un appel au réalisme.
Rubio a reconnu que le redressement d’Haïti sera un processus long et difficile. Aussi a-t-il exprimé sa tristesse face à l’histoire tragique du pays, tout en insistant sur l’importance de persévérer pour éviter que la crise ne déstabilise davantage la région.
Toutefois, en deux minutes d’intervention sur Haïti, M. Rubio a précisé à deux reprises l’impact de la crise haïtienne sur la République dominicaine. Dès lors, il faut croire qu’un avertissement clair est lancé aux citoyens :
Ne déstabilisez pas la République dominicaine en fournissant des armes à ces gangs dans la zone tremplin contrôlée par Lanmò san jou, en planifiant des coups d’État sur son territoire, ou en entraînant des groupes paramilitaires visant à renverser un président élu. Il faut cesser les infiltrations dans les structures d’État. Et surtout ne laissez pas l’instabilité se propager.
À cette situation, Albert Camus dirait : « Quand la vérité est impuissante, elle se met naturellement du côté des victimes… »
Monsieur Rubio nous inviterait-il à la patience ? Attendez une solution extérieure qui viendra naturellement lorsque Port-au-Prince sera entièrement dégagée et prête à être reconstruite. Cela viendra, mais seulement après de lourdes pertes, peut-être jusqu’à une disparition presque complète de la population, comme ce fut le cas des Taïnos. Cela prendra du temps, mais ce temps sera nécessaire pour laisser place à la reconstruction ou peut-être à l’unification de l’île, comme ils le veulent tant.
Qui sait? Le monde dans lequel nous vivons échappe à l’harmonie et à la logique tant le non-sens nous entraine dans la déraison comme lieu d’horizon.
Marnatha I. TERNIER