Evens Jn Baptiste, c’est Frantz dans « Pè Tòma », un feuilleton hebdomadaire qui avait capté pendant plus de vingt ans les téléspectateurs de la Télévision nationale d’Haïti (TNH). Evens Jn Baptiste c’est aussi l’artiste qui prête son physique et sa voix pour se glisser dans la peau de plusieurs personnages sur le grand écran. Dans July 7th, un film du producteur et réalisateur haïtien Robenson Lauvince, il joue le rôle du confident de Renel, le président haïtien assassiné le 7 juillet 2021.
« Pour le moment, je pense que nous sommes au sommet du cinéma haïtien avec un méga projet qui s’appelle July 7th », déclare Evens Jn Baptiste, qui a incarné le rôle de Bilio, le confident de Renel, le président haïtien assassiné le 7 juillet 2021 par un groupe armé à son domicile. L’acteur salue le nouveau film du producteur et réalisateur de July 7th, Robenson Lauvince, qui rend, pour l’histoire, cet hommage à Jovenel Moïse. Ce film est un moment de cinéma pour Evens. Lorsqu’il ouvre grands les yeux, il réalise que cette œuvre a mobilisé de grands talents : Gary Victor et Paul Henry Athis pour le scénario qui met dans l’encre de lumière des vedettes comme Jimmy Jean-Louis, le Dr Fresnel Larosilière, Raquel Pélissier, la 1re dauphine de Miss Univers 2016; le chanteur Eddy François et la speakerine Caelle Edmond Jean Baptiste. Cette expérience incarnée dans la peau de Bilio sert de déclic à l’enfant de la commune de Pilate, dans le Nord d’Haïti, pour remonter son passé dans l’univers artistique.
Evens Jn Bapiste, qui a pris ancrage aux États-Unis depuis sept ans, est arrivé au cinéma en passant par la scène : « C’est le théâtre qui m’a conduit vers le cinéma. Je suis passé d’abord par le petit écran. Grâce au théâtre, certains réalisateurs comme Raphaël Stines ont pu repérer mon talent d’acteur. C’est ainsi que se sont ouvertes pour moi les portes du cinéma. Après plusieurs années au cours desquelles j’ai pris goût à jouer sur scène, la troupe de Sydney Louis a fait appel à moi pour intégrer Pè Toma, un feuilleton populaire qui a connu un grand succès. »
Un feuilleton à la sauce de croustillantes histoires de notre société
« Pè Toma », réalisé par Raphaël Stines, une coproduction de la Télévision nationale d’Haïti (TNH), Evens le considère comme une école dans laquelle il a fait ses classes d’acteur. Chaque semaine, se souvient-il, le public devait avoir sa dose de feuilleton à la sauce de croustillantes histoires de notre société. Plus de mille épisodes durant plus de deux décennies. N’est pas Sydney qui veut en Haïti !
Sydney Louis, cet ancien étudiant au Conservatoire national d’Art dramatique, figure emblématique du grand-père à l’écran tout comme Hervé Denis et Daniel Marcelin du Petit Conservatoire, reconnaît l’artiste, ont largement contribué à sa carrière.
« Je pense que c’est Pè Toma qui m’a révélé au grand public. J’étais l’acteur principal, j’étais au centre de l’attention et, manifestement j’ai plu au public », dit-il sur un ton satisfait.
Avec la troupe Pè Toma, qui a réalisé des représentations à travers plusieurs villes d’Haïti (Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Jacmel, Jérémie, Cayes, Gonaïves, St-Marc et Arcahaie), le comédien a joué pour différents publics. Au-delà de nos frontières, il a produit à l’étranger : États-Unis, Canada, Martinique, Guadeloupe et Bénin, en Afrique de l’Ouest.
Celui qui s’était glissé dans la peau de Frantz dans Pè Toma ne peut pas passer sous silence ses heures de gloire : « Au Théâtre national, en 2008, la troupe avait joué ‘’Qui sera la mariée?’’ Je m’en souviens comme si c’était hier. Il y avait un énorme public, tout le monde ne pouvait pas entrer dans la salle. On a dû jouer la pièce deux fois au cours de la même journée. Il y a d’autres moments qui m’ont marqué. Par exemple : ‘’Mouche de fas’’ de Lyonel Desmarattes, une traduction de Tartufe de Molière. La pièce a eu un grand succès au Rex, au Paramount et dans plusieurs Alliances françaises réparties dans nos villes. »
Dans la mémoire du public, Evens Jn Baptiste se cristallise dans le théâtre. Il voit en lui langage et expression convergeant vers la scène. Pourtant, on a tendance à oublier que sa pleine mesure, on la retrouve sur le petit écran qui l’amènera au grand cadre en pleine lumière comme dans « July 7th » de Robenson Lauvince.
Evens aime éprouver personnellement les choses dans la réalité pour apprécier et définir les mondes dans lesquels il évolue. « Il y a une grande différence entre le théâtre et le cinéma, mais les techniques sont presque les mêmes. Par exemple : le gestuel, l’intonation, la règle des trois unités et autres sont pareils. »
Des repères pour saisir une carrière
Ces expériences tirées de la pratique ont permis à Evens de cheminer dans le monde de l’art. Il a pris des galons. C’est ce qui lui donne droit à ouvrir son portfolio : « Dans le feuilleton Pè Toma, j’ai incarné le rôle de Frantz dont le réalisateur était Raphaël Stines (TNH); dans Désillusion, qui est un court métrage réalisé par René Durocher, je me suis glissé dans la peau de Tcholo; dans ProsAmeres de Hérold Israël, j’étais dans le rôle de James; j’ai joué dans Le Président a-t-il le sida? une réalisation d’Arnold Antonin du centre Pétion Bolivar, récompensée en 2007 par deux prix internationaux, Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Le film le plus récent, c’est July 7th, une réalisation de Robenson Lauvince dans lequel j’incarne le rôle de Bilio. »
Le film de Robenson Lauvince, July 7th, est ce long métrage d’une durée de 120 minutes qui a mis des étoiles dans les yeux d’Evens Jn Baptiste. Les cinéphilies brûlent d’impatience pour cette œuvre d’actualité en construction depuis 2023.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
Source : www.lenouvelliste.com
Cliquez ici pour avoir un aperçu de July 7th