Une trentaine de journalistes étaient toutes ouïes au Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS). L’intervenant, Dr Jeanty Fils EXALUS, représentant du Ministère de la Santé publique, traitait de la question suivante : ” L’implication des journalistes et des influenceurs dans la lutte contre les violences sexuelles et dans la promotion de la planification familiale en Haïti “. Quand le médecin a abordé la question de la violence sexuelle sur les femmes médecins et les infirmières, toutes les antennes se sont dressées.
En se référant au rapport de l’ONU sur les violences basées sur le genre en Haïti, le directeur de l’Unité de Communication et des Relations Publiques (UCRP) du Ministère de la Santé publique, Dr Jeanty Fils EXALUS, a déclaré le dimanche 29 octobre 2023, lors d’une formation organisée au Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) que : ” au moins 30% des femmes haïtiennes âgéesde15à30ans ont été victimes d’abus ou de violences sexuelles. Ce qui c o n s t i t u e incontestablement une violation flagrante des droits humains. ”
Cette situation préoccupante est exacerbée par l’insécurité croissante dans le pays, rendant les femmes et les jeunes filles en Haïti particulièrement vulnérables. Le médecin a souligné que les principaux responsables de cette violence sont les gangs armés opérant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et la partie sud de l’Artibonite. ” En 2022, 15 411 cas de violences sexuelles et physiques ont été enregistrés (81% de femmes et de filles, 11% d’hommes et 8% de garçons), contre 2 399 cas entre janvier et mars 2023 “, a-t-il révélé à une trentaine de journalistes des médias de la capitale.
La violence sexuelle ne connait pas de rang social
Ce sujet sensible a suscité des réactions parmi les participants présents lors de l’activité. La secrétaire générale adjointe du RHJS, madame Nytale Pierre, a posé une question pertinente à Dr Exalus :” Pourquoi, lorsqu’on parle de violence sexuelle en Haïti, fait-on généralement référence aux femmes des quartiers défavorisés ? Même les infirmières et les docteures sont victimes de violences sexuelles, pourquoi s’accentue-t-on uniquement sur les plus vulnérables ? ”
À cette question de la journaliste, le Dr Exalus a répondu : ” La violence basée sur le genre (VBG) est une forme de violence qui cible une personne en raison de son sexe ou de son genre. Elle ne tient pas compte de son statut social. Toutefois, ce sont les femmes des quartiers populaires, contrôlés par des gangs armés qui sont plus à risque. La violence sexuelle porte atteinte à la dignité, à l’intégrité physique et mentale, ainsi qu’à l’égalité des individus, en particulier des femmes et des personnes appartenant à des minorités de genre.
” Chemin faisant, il a fait comprendre que les journalistes, en tant que médiateur entre la source d’information et le public, ont un grand rôle à jouer pour faire délier les langues. Tout professionnel, qu’il soit médecin ou infirmière, le fait est que le mal est là, son effet a un impact psychologique qui a des incidences sur le travail du personnelmédical.
D’autres journalistes ont emboîté le pas à Nytale et ont fait savoir qu’ils vont travailler sur ce dossier. Aussi estiment-ils que si les victimes dans la catégorie des hauts placés font un pas, d’autres pas se feront et ainsi la société connaitra l’étendue de la violencebaséesurlegenreenHaïti.
Suite à l’intervention de Nytale, le débat est devenu très animé. Les jeunes filles, surtout, se montraient très intéressées par cet aspect du sujet. Mais il fallait céder la placeàd’autresintervenants.
Le Dr Exalus a rappelé que la VBG concerne tout le monde, et de fait, elle a des conséquences graves sur la société. Il a cité tout un ensemble de problèmes liés aux troubles mentaux, voire de pensées et de comportements dangereux que cette atteinte aux droits de la personne peut entrainer.
Wooselande Isnardin
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