Internet a transformé la vie de Kathline Salvant. De A à Z, elle a pioché sur la Toile pour tisser une relation avec des sites qui lui ont ouvert la porte du crochet artisanal. Et pour transmettre son savoir, son savoir-faire, elle s’est plongée dans ce vaste champ mondial de données accessibles au public pour apprendre à filmer, à réaliser des montages pour ses capsules vidéos publiées sur YouTube.
À l’époque de l’épidémie de Covid-19 en 2020, Kathline Salvant, comme la planète, s’ennuyait ferme. Jeune, bourrée d’énergie, elle ne savait que faire de son temps. Un jour, une idée lui traverse l’esprit. Et si on explorait Internet pour apprendre quelque chose ?
Elle découvre le crochet, cet art artisanal qui lui donnera la possibilité de réaliser divers ouvrages à partir des fils l’accroche. De fil en aiguille, elle tissera tout un monde d’objets. Engagée, passionnée, armée de ces aiguilles munies d’une encoche à l’une de ses extrémités, elle se réalise et devient Lady Katrina crochet. À Artisanat en fête, les samedi 14 et dimanche 15 décembre, au Karibe, on la retrouvait dans le droit fil de cet évènement annuel organisé par Le Nouvelliste et l’Institut de recherche et de promotion de l’art haïtien (IRPAH) qui accorde une place à cette forme d’expression artistique.
Kathline montre avec fierté ce qu’elle réalise avec le crochet. Des valises, des sacs à main, des robes, des pantalons, des t-shirt, des crop top, des chapeaux. À l’entendre parler, le crochet devient la liberté qui ouvre l’esprit de la création sur une infinité de choses. En effet, elle arrive à produire avec la fibre (laine, coton, acrylique, etc.) divers ouvrages. Dans son espace découpé dans la grande salle de l’hôtel Karibe, s’illustre un ensemble d’objets réalisés avec ses mains qui renvoient l’œil à tout un maillage de crochets et une diversité d’artéfacts.
Le moteur de sa vie dans les mailles du crochet
La professionnelle a fait du crochet artisanal le moteur de sa vie. Elle l’enseigne désormais en présentiel et en ligne. Pour donner corps à sa passion, elle approfondit la technique du crochet qu’elle a apprise sur Internet au temps de l’épidémie de Covid-19.
Depuis quelques années, elle a lancé des séances de formation en ligne avec la perspective de transmettre ce qu’elle a acquis comme compétence en la matière pour faire progresser ses apprenants.
Pour dispenser ce savoir, elle met en œuvre tout un ensemble de mécanisme qui mène à l’acquisition des techniques de cet artisanat. Elle a aménagé deux horaires : lundi et mercredi. Le weekend : samedi et dimanche, 9:30 a.m.- 12h:30 p.m., à la rue Pépinière, sur la route de Frères. Elle fournit du matériel aux apprenants. Le programme dure un mois. Elle donne des cours privés en ligne avec beaucoup d’options comprenant une assistance appuyée sur WhatsApp pour plus de proximité et de facilité de l’apprentissage du client.
Sur sa chaîne Youtube Lady Katrina Crochet, plus de 9 000 abonnés suivent ses vidéos où on la retrouve prodiguant conseils et astuces pour nouer un fil et réussir ces crochets fonctionnels ou décoratifs.
Diplômée dans le secrétariat trilingue, la native de Trou du Nord a tâté d’autres terrains comme la diplomatie et les relations internationales pour tracer une voie dans un pays où les jeunes éprouvent d’énormes difficultés à trouver du travail.
Avec le crochet, Kathline Salvant a trouvé sa niche économique. Pour conforter sa base, elle a exploré sur Internet des tutoriels, véritables guides pratiques pour se former de manière autonome. Aussi est-elle arrivée à réaliser des montages vidéos. La publication de ses capsules audiovisuelles sur le crochet témoigne de son talent de Youtubeuse.
Apprenante-chercheure, elle se dit accroc à la Toile qui lui paraît comme une mine de connaissances. Elle trouve une formule cocasse pour exprimer sa flamme : « Pour tout ce que je dois faire, je consulte Internet. Pour économiser du temps, si j’ai de l’eau à bouillir, je vais sur Google et j’écris : comment bouillir de l’eau plus vite? J’aurai la réponse aussitôt »
Si l’on remonte loin dans le temps, pour trouver des réponses à nos questions, il fallait consulter le pasteur, le curé du village ou encore la Bible, si on savait lire. Aujourd’hui, en vérité, des jeunes comme Kathline Salvant ne font que googleliser pour s’informer, se cultiver et se distraire.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
Explorer en vidéo le travail de Lady Katrina Crochet
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