Par Marie Juliane David
Qui n’a pas lu « La Guerre des Cerfs-volants », « La Soupe au Giraumon de Grann Adé », « L’aveugle m’a ouvert les yeux », « Galère en autobus » « Rien que pour un instant » et « Juste pour s’amuser » ? Claude Bernard Sérant est un nom très prisé dans le milieu socio-culturel haïtien. Journaliste de plus de 30 ans de carrière, l’actuel responsable de la section Culture du quotidien Le Nouvelliste est un passionné d’écriture et de journalisme. Dans une société où tout tourne autour de la politique, Claude Bernard brise la monotonie. Dans ses écrits, les questions à caractère sanitaire, social, culturel, éducatif et artistique occupent une place de choix. Cette démarcation ne reste pas inaperçue. En 2015, le journaliste-senior reçoit successivement le Prix Jacques Roche du Journalisme culturel et le Prix du journaliste de la santé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le Management Sciences for Health (MSH) et le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Cette même année, il bénéficie également d’une bourse VOA (Voix de l’Amérique) de l’Ambassade des États-Unis sur le reportage sanitaire.
Créateur de contenus en ligne
En outre, le récipiendaire du Prix Dodard 2021 s’investit aussi dans le multimédia et la photographie. Membre-fondateur et actuel secrétaire général adjoint du Réseau Haïtien des Journalistes de la Santé (RHJS), Claude Bernard joue tour à tour les rôles de rédacteur en chef de newsletters, responsable de publication d’articles en ligne, correcteur principal et présentateur ou animateur d’émissions radiophoniques. Il est aussi un créateur de contenus en ligne. Il possède une chaine YouTube portant son nom où il publie régulièrement des reportages audiovisuels et des vidéos dont il a lui-même fait le montage pour plus d’un millier d’abonnés.
Né un 13 novembre 1966 à Port-au-Prince, sous le règne de François Duvalier, Claude Bernard est le cadet d’une fratrie de cinq enfants dont une fille et quatre garçons. Il fait ses études primaires à Saint-François de Xavier, une école dirigée par d’anciens enseignants de l’Institution Jean-Marie Guilloux, et ses études secondaires aux collèges Georges Marc et Les Normaliens Réunis. Après son baccalauréat, il étudiera la Gestion à l’Université de Port-au-Prince (1992-1994) et le Droit à l’Université Quisqueya (1998-2002).
Mentor et professeur d’écriture journalistique
Son enfance à Carrefour-Feuilles est marqué par un intérêt précoce pour les livres et l’écriture. Très tôt, le jeune Claude Bernard fondera un journal avec d’autres jeunes de son quartier dont lui-même sera le rédacteur en chef. Malgré certaines moqueries de la part de son entourage, il n’abandonnera pas sa passion pour l’écriture. Il l’en témoignera lui-même : « À force qu’on me dise que l’écriture ne me rapporterait rien. J’avais, un jour, pris la décision de brûler mes écrits. Pendant l’acte, une feuille restant intacte s’est envolée des flammes et je l’ai vue flotter dans l’air en direction des cieux. C’était, pour moi, un signe. À partir de ce moment, j’ai décidé de me remettre à l’écriture, mais tout en apprenant des Grands maîtres, ces écrivains dont leurs œuvres ont marqué l’humanité. Ce n’était point une tâche facile, mais avec la patience, j’y suis parvenu ».
Mentor et professeur de plusieurs générations de journalistes et d’écrivains haïtiens, la plume de Claude Bernard ne se résume pas uniquement à l’écriture journalistique. Le réalisateur du film documentaire « Madame Franck Paul, une enseignante exceptionnelle » (2023) est l’auteur de plus d’une dizaine de livres jeunesse à caractères humoristiques et didactiques publiés par les Éditions Canapé-Vert et la Maison d’Édition Toussaint et aussi à compte d’auteur.
L’infatigable homme de lettres
Plusieurs de ses œuvres, mentionnés au début de cet article, sont utilisées à des fins pédagogiques dans nos écoles. D’autres, comme « Trace au quotidien, introduction à l’écriture journalistique » (2020), sont d’une grande aide dans la formation de jeunes ou de journalistes en technique d’écriture journalistique. Claude Bernard a aussi dans son catalogue quelques nouvelles inédites dont « Bouledogue, Histoire d’une affection de l’âme », « La dame de Rochasse » et « Selfie pour toute passion » (2020). De plus, il a participé à la rédaction d’ouvrages collectifs comme Carnaval national des Cayes, pari gagné, sous la direction de Pierre-Raymond Dumas ; Sainte-Trinité : une école, une histoire. Cent ans et l’aventure continue, sous la direction de Dieulermesson Petit Frère ; et « Journal d’un écrivain en pyjama » de Dany Laferrière.
Du haut de ces 58 ans, Claude Bernard Sérant se révèle un infatigable homme de lettres, avec à son compte plus de sept autres livres jeunesse à paraître dont « La Légende de la Soupe Joumou (une histoire revisité) », « À qui ressemble le dessin de Béatrice ? » « Grand-père dit chose pour embrasser le tout » et « Madame Franck Paul, une enseignante exceptionnelle », pour ne citer que ceux-là.
Marie Juliane DAVID
mariejulianedavid@gmail.com
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