« Facebook, YouTube, Instagram, WhatsAPP, Tiktok, WeChat, Facebook Messenger, Télégramme, sont les réseaux sociaux les plus populaires dans le moment. Vous vous en servez, vous autres jeunes, qui prenez part à cette formation du Réseau haïtien des journalistes de la santé comme des outils de promotion pour vos activités commerciales et aussi pour vos loisirs, n’est-ce pas ? » a lancé en guise de question, le responsable de la section Culture du quotidien Le Nouvelliste, Claude Bernard Sérant, à la séance de formation basée sur le module « Éthique et déontologie du journaliste liée au réseau social, le dimanche 3 novembre 2024, au local du RHJS, à Delmas 48.
Dans ce monde 2.0 où le virtuel gagne de plus en plus de terrain, a poursuivi le formateur, les réseaux sociaux occupent une grande place dans votre vie. Aussi a-t-il fait une mise en garde : « Attention ! l’écran de votre portable, de votre tablette ou de votre ordinateur, que vous n’arrivez pas à lâcher un instant, peut devenir un écran qui vous empêche de voir la réalité. »
Devant une trentaine de jeunes des quartiers de Fort national et de Saint Martin, le journaliste a dressé les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux à l’heure où les médias traditionnels sont bousculés par Internet qui offre à tout le monde l’opportunité de servir de médiateur au public. « En un temps record, de nos jours, on peut filmer un événement à partir de son téléphone intelligent et le publier sur Internet. C’est le temps du buzz ! », a-t-il lancé.
La question éthique
« Est-ce ça le journaliste citoyen ? Est-ce ainsi qu’on rend service à l’intérêt général ? », a-t-il demandé aux jeunes assis dans la grande salle de conférence du réseau.
Le professionnel de l’information, pour Sérant, n’entre pas dans la logique des influenceurs du moment qui n’ont qu’un souci : obtenir des vues. « Le journaliste, sachant qu’il exerce un métier de médiateur, suit tout un processus parce que le journalisme c’est la vie. Il recueille les faits, il traite les données et les met en forme d’information journalistique destinée à un public pour les presses (écrite, parlée, télévisée ou en ligne). Et comme l’information journalistique – quelque soit le canal utilisé – est servie par une écriture ; de ce fait, nous évitons le spectaculaire pour cheminer dans un acte réflexif, intellectuel fondé sur la hiérarchisation de l’information dans une mise en perspective qui refuse l’émotionnel qui est la tendance du moment », soutient le coach en écriture journalistique au RHJS.
L’éthique du journalisme, pour ce coach qui occupe le poste de secrétaire général adjoint au RHJS, n’est pas un ensemble de normes qui s’appliquent seulement à la presse traditionnelle. Aussi les journalistes citoyens, blogueurs, youtubeurs, facebookers, tiktoker qui utilisent un canal de prédilection pour véhiculer des contenus ont-ils pour devoir de s’astreindre à la déontologie du journalisme. « L’éthique nous commande à garder dans ce métier notre boussole composé de ces principes : la vérité, la rigueur et l’exactitude, l’intégrité, l’équité et l’imputabilité. On retrouve ses principes dans la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes, dite Charte de Munich. »
Prenant des exemples dans notre quotidien, il a exhorté les jeunes à ne pas publier des scènes qui heurtent la sensibilité du public. Dans cette perspective, il a noté que les scènes de vengeance populaire à l’heure du « bwa kale » ont eu un impact négatif sur beaucoup de personnes. « On n’en finit pas de compter les troubles émotionnels qui ont impacté leur santé », a-t-il regretté.
Ces influenceurs ne réalisent pas, a-t-il insisté, que la santé mentale de l’individu participe aussi bien à son bien-être autant que celui de sa famille.
« Il y a certaine photographie qu’il faut s’abstenir de prendre. Et certaines scènes qu’il faut éviter de filmer. Par exemple cette adolescente vêtue de son uniforme d’école qui a été violée par un adulte. Elle était cernée de caméras et on lui posait des questions qui ne font pas honneur au journalisme », a-t-il souligné sur un ton mécontent.
Sérant a défendu aussi d’autres principes tels : la protection des sources d’information, la vérification des faits et le principe de la liberté de l’information et d’expression.
Au RHJS, l’auteur de « Traces au quotidien, introduction à l’écriture journalistique », a fait aussi un survol sur la philosophie en explorant le concept éthique. Il est passé à pieds joints sur quelques grands penseurs de l’éthique et de la morale tels Baruch Spinoza, Emmanuel Kant, Jeremy Bentham et Friedrich Nietzsche.
Le journaliste reconnaît que ce monde virtuel agrandit le monde et le complète. Pour le meilleur comme pour le pire, les réseaux sociaux, note-t-il, relèvent de cette dialectique qui intègre dans l’agencement des liens entre les individus, les groupes, les communautés et les organisations qui s’étendent dans l’univers, son poison et son antidote. Plus loin, il a demandé aux utilisateurs et utilisatrices de réseaux sociaux à ne pas mésuser de ce grand pouvoir virtuel qui peuvent aussi changer notre vie. Et c’est en misant sur les principes qui devront guider nos actions, qu’il a déclaré : « Le RHJS veut croire que les techniques de production audiovisuelle entre vos mains seront un outil de développement durable pour continuer, sur les réseaux sociaux, la campagne de sensibilisation sur la violence, les violences basées sur le genre et la santé de la reproduction. »
Pouchenie Blanc
blancpouchenie@gmail.com
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