Dans les studios du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS), la présentatrice de l’émission Byennèt, Marc-Kerley Fontal, a accueilli, ce matin, Me Novia Augustin. La juriste de formation portait, à Byennèt, la casquette de présidente du Refuge des femmes d’Haïti (REFHaïti). Le sujet du jour qui a mobilisé toute une équipe du réseau autour de la militante : « L’autonomisation des femmes comme moyen de prévention de la violence dans les quartiers vulnérables de Fort national et de Saint-Martin ».
« Refuge des femmes d’Haïti est une organisation qui promeut le respect des droits des femmes haïtiennes. Nous travaillons dans le domaine de la violence basée sur le genre (VBG). Nous accordons notre support psychosocial, accompagnons les femmes victimes de violence et nous faisons également de la sensibilisation sur le VIH. Cette violence dont nous parlons est aussi liée au VIH. Pour la combattre, nous facilitons financièrement les femmes à devenir autonome », a déclaré d’emblée la présidente de REFHaïti, Me Novia Augustin, à l’antenne.
Pour mettre sur pied de tels programmes d’envergure, elle a précisé que REFHaïti reçoit le soutien de plusieurs partenaires, notamment, ONU/Femme, différents partenaires des Nations-Unies, Fonds pour les femmes, la paix et l’aide humanitaire, la Fondation pour la Santé Reproductrice et l’Education Familiale (FOSREF), institution dans laquelle REFHaïti a réalisé plusieurs formations, les Centres GHESKIO (Groupe d’étude haïtien sur le sarcome de Kaposi et les infections opportunistes), pour les questions liées aux maladies sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA.
Dans l’ADN de REFHaïti
Les auditeurs apprendront à Byennèt que le REFHaïti, cette institution qui a vu le jour à Croix-des-Bouquets en octobre 2016, depuis sa naissance, elle a intégré dans son ADN la mission de promouvoir les plus vulnérables, notamment les femmes prostituées, séropositives, victimes de violence, bisexuelles, transsexuelles, pour ne citer que celles-là.
La native de Saint-Marc a profité de l’audience du RHJS pour camper son organisation : « Notre réseau s’étend dans les dix départements géographiques du pays. Nous avons des représentants départementaux. Pour mieux articuler notre travail, nous avons mis sur pied une fédération : la Fédération des organisations de femmes pour l’égalité des droits humains ; elle est liée à trois cent vingt organisations de femmes. La fédération travaille pour combattre le phénomène de la violence au niveau national mais aussi œuvre pour que celles-ci intègrent tous les espaces de décisions », a précisé la militante au micro de l’émission du RHJS diffusée à travers X stations de radio du pays. »
Bilan des projets de REFHaïti
Me Novia Augustin, cette militante qui avait reçu, en janvier 2021, une plaque d’honneur de Dofen Award pour son activisme et sa militance pour le droit des femmes, a défendu le bilan de l’institution qu’elle a fondée. Elle soutient : « De 2016 à nous jours, REFHaïti a organisé beaucoup de choses, mais plus vous travaillez et plus vous avez des difficultés à résoudre à cause de l’insécurité ambiante. Nous avons réussi à toucher environ 20 à 25 mille femmes. Des jeunes femmes, des mères de famille, des femmes PVVIH. Ce sont des femmes touchées directement, car elles ont reçu de la formation en couture, en marketing entrepreneurial, plomberie et électricité. Pour le projet ONU/Femme/WPHF, nous arrivons à toucher environ 250 000 personnes par mois seulement dans le chapitre lié à la sensibilisation. Et ce projet a duré quinze mois. De 2016 à nos jours, pour la période covid, nous avons fait beaucoup de sensibilisation et nous continuons à faire des plaidoyers »
Elle est passé à pieds joints sur des formations de courte durée dont ont bénéficié quatre à cinq groupes de femmes. Dans le rayon artisanat : confection de cache-nez, macramé, broderie, couture, fabrication de produits de nettoyage, etc.
En ouvrant d’autres volets liés à l’économie, elle a captivé d’avantage l’attention. « Nous avons le programme de Refuge pa m qui accorde aux femmes des prêts à 1%. Pour illustrer : si nous vous prêtons 25 000 gourdes, vous ajouterez 150 gourdes sur le montant accordé sous la forme de prêt. À la remise du montant sur une durée de six mois, la personne remettra seulement 25 150 gourdes. » Encore une autre manière de faciliter la création de nouvelles entreprises.
Formation des jeunes de Fort National et Saint-Martin
Au cœur de l’émission, Fontal a ouvert un autre sujet lié à la formation des jeunes de Fort National et de Saint-Martin.
En quelques traits, Me Novia Augustin a présenté ce projet d’une durée de douze mois qui a démarré en août dernier. Elle a mis les auditeurs au parfum en expliquant les stratégies mises en place pour la matérialisation de ce projet. « Nous avons rencontré des leaders établis dans ces communautés. Ils nous ont référé des jeunes. On avait établi des critères pour une représentation plus large. Des jeunes PVVIH, des jeunes femmes LGBT, lesbienne, bisexuelle ou trans, des jeunes filles-mères, des femmes leaders d’organisation œuvrant dans ces communautés respectives, des responsables religieux, des jeunes impliqués dans les activités de leur communauté. Ce sont ces jeunes-là que nous avions choisi. »
Tout en reconnaissant que ce sont des quartiers chauds et dangereux à un moment où les bandits sèment le trouble, REFHaïti se veut réaliste. « Comme ils vivent dans ces quartiers, ils n’ont aucun problème pour y circuler et implémenter ce projet dans la communauté », souligne l’invitée de Byennèt.
REF-Haïti a formé vingt-cinq jeunes de Fort national et de Saint-Martin dans des domaines clefs : violence basée sur le genre, VIH et d’autres thèmes comme l’éducation civique. « Ces jeunes sont en majorité des femmes (vingt femmes et cinq jeunes hommes). Ils auront à sensibiliser les jeunes des quartiers de Fort National et de Saint-Martin. Chaque mois, ils auront à sensibiliser cent personnes. Pendant douze mois. »
Et comme Refuge des femmes a un centre d’hébergement dans la commune de la Croix-des-Bouquets, ce sont ces jeunes qui réfèrent à ce centre les femmes victimes de violence et les déplacés par la guerre des gangs. On apprendra à Byennèt que dans ce centre d’hébergement, les personnes accueillies reçoivent deux plats chauds par jour, une trousse d’hygiène ; outre cela, de la formation et un soutien financier pour leur assurer des activités génératrices de revenus.
Toutefois, au-delà de 90 jours leur ticket n’est plus valable. Place nette à d’autres personnes. Le budget de REFHaïti ne lui permet pas de prolonger ce temps d’hébergement à Croix-des-Bouquets qui est aussi une commune sous haute tension.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
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