Trois journées d’échange, de partage et de découverte. Du 2 au 4 novembre 2024, le Réseau haïtien des journalistes en santé (RHJS) a organisé la première d’une série de formation, dans le cadre de la campagne de sensibilisation multimédia contre la violence basée sur le genre (VBG), la santé sexuelle et reproductive et les techniques de production audiovisuelles. Destinée aux jeunes des quartiers de Fort National et Saint Martin, ces séances en atelier ont réuni une trentaine de jeunes. À l’issue de ces séances, orientées selon une approche participative, plusieurs participants n’ont pas caché leur satisfaction.
Pour Vikerson Romulus, « Ces séances de formation m’ont permis de rencontrer d’autres jeunes et de me familiariser, tout en acquérant de nouvelles connaissances. On a assisté à un ensemble de présentations portées sur les violences basées sur le genre, la santé sexuelle et reproductive, les droits humains et les techniques de production audiovisuelle. Tout cela nous a aidé à comprendre comment les violences sont nombreuses et affectent grandement notre société »
Professeur, juriste et entrepreneur, Vikerson est un homme avisé. Toutefois, il n’était pas conscient de l’ampleur du problème. « Avant la formation, on ne voyait dans certaines qu’il existe une forme de violences. Des violences basées sur le genre. Quand on maltraite quelqu’un, lui fait du chantage, quand on lui profère des jugements ou agit sans son consentement, on viole son droit. Avec cette formation, on comprend mieux ces thématiques », avance-t-il, rappelant que les présentations sur la santé sexuelle et reproductive leur apprend à être plus responsable dans leur relation de couple. »
Et d’ajouter : « Je pense qu’on va devoir transmettre à d’autres jeunes les formations qu’on a reçues ici. Ces connaissances et conseils ont beaucoup d’importance pour les jeunes vivant dans les milieux vulnérables et défavorisés. Je pense que les gens qui sont dans les abris provisoires en ont aussi grandement besoin. Ces formations auront un impact considérable dans les camps où des gens subissent beaucoup de violences ; qu’elles soient de nature physique, psychologique, sexuelles… », a-t-il énuméré, avouant connaitre des proches victimes de violences et auxquels il a apporté son assistance.
De son coté, une jeune fille, 21 ans, requérant l’anonymat, se dit témoin des actes de violences récurrentes dans le quartier de Saint Martin. D’ailleurs, elle a failli en faire les frais. « Je vis dans un milieu où la violence est très présente. J’ai été moi-même victime de violences physiques. J’ai été une fois brutalisée par des bandits armés. Voulant me protéger contre les agresseurs, cela a failli me coûter la vie », se souvient-elle encore, le regard ailleurs.
Issus de quartiers populaires, les jeunes font jour et nuit à des actes de violences basées sur le genre. Une autre participante, qui voulait garder l’anonymat, a eu une certaine gêne à se confier. On a compris et lui a rassuré. Elle s’est finalement livrée : « J’ai été violée par un ami. Ce n’était pas mon petit ami et il n’avait pas mon consentement. Jusqu’à présent, j’ai du mal à en parler ; c’est comme si je revois la scène. »
Dans sa présentation, Dr. Gabriel a rappelé les conséquences désastreuses qu’ont les violences sur les victimes. Selon la jeune médecin, les violences, les séquelles ont la vie dure. Beaucoup de gens victimes ont du mal à s’en remettre et à en parler pendant longtemps après comment il est important pour la victime de résister pour éviter que cela devienne un cycle. Elle a insisté pour une vraie prise pour que la victime se remette totalement de son choc.
Elien Pierre
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