« Fabienne, étudiante à l’université, 20 ans, confie à ses amis qu’elle a décidé de céder aux avances d’un riche commerçant par peur d’être virée de son entreprise et de lui enfanter », déclare Indeed Gabriel, à la séance de formation qu’elle anime au local du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS), pour une quarantaine de jeunes de Fort national et de Saint Martin, ce samedi 9 novembre. L’étudiante en médecine lance plusieurs interrogations pour dynamiser le cours : « La décision de Fabienne, est-ce une résolution consentie ? »
Les réactions pleuvent. Les jeunes apprenants qualifient ce commerçant de grossier, d’indélicat, de gros soulier juché sur son pouvoir de mâle dominant pour faire chanter son employée.
« Six mois après la liaison, le commerçant prive Fabienne de ses parents et amies et doit obligatoirement rester à la maison. Quel forme de violence exerce-t-il sur elle? », demande la formatrice professionnelle à la classe. Les jeunes voient en cet acte, une ruse de cet homme pour enfermer cette pauvre femme. Ils décèlent dans l’acte de retenir une personne contre son gré, une séquestration, crime puni par la loi.
« Si vous étiez à la place de Fabienne que feriez vous ? », questionne la formatrice. La classe s’anime de plus belle. Tout le monde veut placer un mot à cette formation sur « L’Importance de la sensibilisation dans la prévention de la violence basée sur le genre. »
Différentiation sociale et culturelle des sexes
D’emblée, Indeed a noté : « Le genre à trait à la différentiation sociale et culturelle des sexes. C’est l’identité que la société réfère aux hommes et aux femmes. Plusieurs facteurs sont pris en compte : âge, classe sociale, milieu géographique, race, ethnie, époque. » Elle a montré comment les sciences sociales divisent, polarisent et organisent l’humanité en différentes catégories de « sexe », « genre » et de « sexualité » (tel que masculin / féminin, homme / femme, mâle / femelle, cisgenre / transgenre, intersexe / dyadique, homo / hétéro, etc.)
Dans cette construction sociale, a-t-elle souligné, le genre relève du psychologique ou du social et non du biologique. Tout en ouvrant un champ de savoirs sur ces constructions sociales, elle précise que « le sexe renvoie à la distinction biologique entre mâles et femelles, tandis que le genre renvoie à la distinction culturelle entre les rôles sociaux, les attributs et les identités psychologiques des hommes et des femmes. »
Mythes et stéréotypes relatifs aux VBG
À travers les modules de la formation, Indeed Gabriel a présenté les différentes formes de violences exercées à l’encontre des femmes. Aussi a-t-elle mis le doigt sur l’ampleur des mythes et stéréotypes relatifs à ce fléau dans une société en proie à la violence sous toutes ses formes.
Les mythes et les stéréotypes qui essentialisent les personnes sont posés au RHJS. On pourra noter : Dans le foyer haïtien, les femmes sont aussi violentes que les hommes ; les femmes jalousent qui ne maîtrisent pas leur langue méritent d’être corrigées ; pourquoi nos organisations s’évertuent-elles à aider la femmes battue quand elles savent bien que sont des coups d’épée dans l’eau? Immanquablement, elle reviendra aux pieds de son mari ; les femmes poussent souvent leur mari à recourir à la violence ; les hommes doivent exprimer beaucoup de tendresse après avoir corriger leur conjointe ; trop de stress pèse sur les épaules de l’homme. Il décharge sa colère sur sa femme.
Agir contre la violence
Pour Indeed Gabriel : « On ne doit jamais recourir à l’abus de la force. Toutes les formes de violences ont une portée psychologique parce que le principal objectif est de blesser l’intégrité de l’autre. Formes verbale ou non verbale considérées comme pures, dénigrement, harcèlement, humiliation, menaces contrôle des activités, séquestration »
Même jugement pour la violence physique : « C’est un acte avec pour intention ou conséquence la douleur afin de réduire la maitrise de soi de l’autre. Les formes les plus visibles : coups, blessures, fractures. La personne qui agresse essai de faire passer un message clair à la victime. » Idem, pour la violence sexuelle :« Elle englobe toutes les formes de violence qui se manifeste de façon sexuelle. Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel avec ou sans contact physique. Un acte visant à assujettir une personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte. Il porte atteinte aux droits fondamentaux notamment l’intégrité physique et psychologique ou encore à la sécurité. Exemple : attouchements, baisers, contact oro-genital, pénétration. »
Dans le contexte de la violence basée sur le genre, Indeed Gabriel prône l’action, l’initiative pour redonner le pouvoir aux personnes victimes de violences basées sur le genre. À travers le service public de la justice, l’accès aux soins médicaux, les maisons d’accueil ; à travers les informations sensibles aux questions liées à la VBG, la société arrivera à éliminer ce fléau dans notre espace géographique.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
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