Chaque année la date du 19 août est célébrée, en souvenir de l’attentat à la bombe qui a eu lieu au siège des Nations-Unies à Bagdad /Irak et qui a causé la mort de 22 travailleurs en 2003. C’est également l’opportunité de féliciter les travailleurs humanitaires qui apportent dans des circonstances difficiles l’assistance aux personnes en difficulté. C’est aussi le moment d’attirer l’attention des acteurs humanitaires tant nationaux qu’internationaux sur les risques et dangers encourus par ces travailleurs dans l’exercice de leur fonction.
En Haïti, depuis 2010 la population haïtienne fait face à des crises humanitaires générées par les catastrophes naturelles et humaines. Vu l’immensité de ces crises et l’incapacité de l’Etat haïtien à les gérer de manière efficace, la communauté internationale est souvent sollicitée pour venir en aide au pays. En attendant l’aide internationale, la lourde tâche revient aux organisations internationales présentes dans le pays, aux organisations nationales et celles de la société civile de trouver les voies et moyens pour donner une réponse urgente et appropriée aux besoins des populations victimes. L’apport de ces organisations ne se fait pas sans heurt, beaucoup d’entraves croisent leur chemin vers l’accès aux populations en danger.
L’Initiative pour le développement des jeunes (IDEJEN), Save the Children, Action Aid, World Vision dans l’exercice de leur mission de plaidoyer, sont interpellées par la complexité des conditions de sécurité, le niveau élevé de risques encourus par le personnel humanitaire et spécialement le personnel local qui évolue dans un environnement dangereux et très volatil. Le personnel humanitaire local fait l’objet d’attaques, d’intimidation, d’agressions, de violence, partout où il est appelé à apporter une assistance humanitaire (sur les routes nationales, dans les rues, dans les sites des personnes déplacées, etc…)
Les agents de terrain notamment les jeunes filles, les femmes en particulier sont exposés aux actes d’intimidation, de harcèlement, d’agressions sexuelles, de violence sexuelle, de séquestration lorsqu’il s’agit de mener les opérations d’assistance humanitaire dans les lieux à hauts risques. Il leur faut traverser les barricades enflammées le plus souvent gardées par des hommes armés, affronter les tirs, subir les conséquences du gaz lacrymogène répandu dans l’air lors des manifestations ou des échanges entre la police et les groupes armés, évoluer dans un milieu malsain où les règles d’hygiène sont totalement négligées. Dans les sites des déplacés, ces travailleurs sont frappés émotionnellement par l’ampleur des problèmes, les situations douloureuses, traumatisantes et surtout leur incapacité à répondre aux besoins immédiats de ces populations en détresse. Ils sont l’objet d’injures, de violence verbale de la part même des personnes à qui ils apportent l’assistance.
Nos infirmières, nos agents de santé, le personnel de santé de manière générale courent le grand risque de contracter des maladies infectieuses durant les crises sanitaires dues en grande partie à l’état d’insalubrité des sites d’hébergement et l’absence de matériels et d’équipements de protection appropriés.
La destruction des structures humanitaires telles les hôpitaux, les centres de santé, les écoles, les centres communautaires de services, et l’environnement d’insécurité ont des répercussions négatives sur la performance des travailleurs humanitaires qui ne parviennent pas à fournir aux populations en détresse l’assistance nécessaire.
Malgré toutes ces contraintes et les limites, il convient de noter l’importance des interventions des travailleurs humanitaires dans les situations de crise : des vies sont sauvées, des épidémies sont contrôlées, des femmes enceintes, des femmes allaitantes ont pu avoir accès aux soins de santé, à la nourriture, aux services de base, les femmes victimes de violence ont eu accès aux services de prise en charge selon leurs besoins, des enfants sont pris en charge, des personnes vivant avec un handicap ont reçu l’assistance nécessaire, les jeunes ont bénéficié des activités d’épanouissement et de cohésion sociale, etc….
En ce jour du 19 août 2024, IDEJEN, Save the Children, Action Aid, World Vision voudraient rendre hommage aux travailleurs humanitaires, spécifiquement aux organisations de femmes qui, par leur dévouement, leur savoir-faire, leur sens du devoir ont offert avec courage et fierté le minimum en termes de services essentiels dans des circonstances extrêmement difficiles, en mettant leur vie en péril tout en respectant les principes humanitaires, à savoir : l’humanité, neutralité, l’impartialité, l’indépendance,
IDEJEN, Save the Children, Action Aid, World Vision profitent de cette journée pour formuler des recommandations au Gouvernement, aux acteurs humanitaires tant nationaux qu’internationaux.
- L’Etat, responsable d’assurer la sécurité et la protection du personnel humanitaire tant national qu’international, doit élaborer et adopter des mécanismes de protection des travailleurs humanitaires en conformité au droit international humanitaire qui lui fait obligation de respecter et protéger le personnel humanitaire en situation de crise.
- L’Etat, en coordination avec les acteurs humanitaires, doit exécuter un programme de formation sur les conduites à tenir dans les lieux à hauts risques lors de l’assistance humanitaire. Les organisations humanitaires doivent mettre en place des services d’assistance psychosociale pour les travailleurs humanitaires les aidant à gérer leur niveau de stress lié à la peur et aux autres complications connexes.
- La réponse humanitaire doit être mieux orientée et mieux planifiée, mieux coordonnée entre les différents acteurs tant nationaux qu’internationaux pour qu’elle soit efficace et puisse mieux faciliter le travail des agents humanitaires de terrain.
- Les organisations de femmes doivent être renforcées tant au point de vue technique que financier pour leur permettre d’adopter les mesures nécessaires afin d’être plus efficaces dans leur mandat auprès de leurs communautés respectives en situation de crise.
- Les capacités des acteurs humanitaires au niveau communautaire doivent être renforcées pour faciliter l’accès de l’aide aux populations en danger, réduire le délai raisonnable et rendre la localisation de l’aide humanitaire effective. IDEJEN, Save the Children, Action Aid, World Vision affirment leur engagement pour continuer le plaidoyer afin que les dispositions utiles et nécessaires soient prises pour garantir la protection et la sécurité des travailleurs humanitaires en Haïti. Compliments aux travailleurs humanitaires.
Fait à Port-au-Prince, le 19 août 2024
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