Natif de Trou-du-Nord, dans le département du Nord-Est, Gabriel Thimothé, trois fois directeur général du ministère de la Santé publique (MSPP), a une vie qui vaut bien un récit. Musicien, membre de l’orchestre philarmonique du Cap-Haïtien, saxophoniste qui a accompagné Emmanuel Rossini Jean-Baptiste (Ti Manno) de Gemini All stars, sans oublier le Méridional des Cayes, il ne cesse d’étonner. Ancien professeur de latin du Collège Regina Assumpta du Cap-Haïtien, cet enfant du pays n’abandonne jamais la craie et le tableau noir par amour pour ses étudiants. Gabriel Thimothé qui a obtenu son diplôme de la Faculté de médecine de l’Université d’État d’Haïti en 1975, enseigne encore à l’université.
Pour le Réseau haïtien des journalistes de la Santé (RHJS) qui suit l’actualité sanitaire, la formule jamais deux sans trois tombe à point nommé pour le nouveau directeur général du MSPP, le Dr Gabriel Thimothé. Le mardi 31 juillet 2024, le ministre de la Santé publique, Dr Georges Fils Brignol, l’a installé en tant que nouveau directeur général du ministère.
Avec le temps, le ministère de la Santé public est devenu un lieu connu, familier pour cet ancien président de l’Association de santé publique d’Haïti et vice-président de l’Association médicale haïtienne.
Dr Gabriel Thimothé, habité par un rêve
Sous la présidence de René Préval, durant la transition, le médecin prend les rennes de la Direction générale du ministère. Sous la présidence de Jocelerme Privert, lors d’un autre passage transitionnel, il revient au bercail. Cette fois-ci, dans une nouvelle étape intermédiaire assurée par le Conseil présidentiel transitoire, le médecin retourne en territoire connu dans ses habits de directeur général du ministère de la Santé publique.
Dr Thimothé, ce professeur de biostatistique et de thérapeutique à la Faculté de médecine et de pharmacie de l’UEH, n’a jamais abandonné la craie et le tableau noir. Fidèle à ses étudiants, il est habité par un rêve : le renouveau du système de santé haïtien. Il en parlait tellement au cours de ses interventions que des passages entiers reviennent à la mémoire de notre Réseau. Pour ce médecin de carrière, dans un contexte de développement socio-économique articulé et dynamique, l’État doit se donner les moyens pour que les Haïtiens et les Haïtiennes, aient un accès équitable aux services et soins de qualité définis dans le Paquet Essentiel de Services.
C’est sous sa direction qu’a été publiée en 2012, des documents normatifs, mettant en place le système de formation sanitaire et la politique nationale de santé.
Au cours des assises sur la santé, il avait toujours énoncé nos référents constitutionnels et légaux, conventions, accords et traités internationaux, pour mettre en relief la Politique de santé, laquelle définit l’ensemble des options retenues par l’État Haïtien dans la plénitude de sa souveraineté pour améliorer la situation sanitaire de la population et l’adapter aux exigences de développement du pays.
La santé communautaire
Dans la veine du développement, il avait toujours soutenu la santé communautaire à travers les agents de santé communautaire polyvalent (ASCP). Pour lui, cette composante essentielle, ce premier point de contact de la communauté avec notre système de santé participe à notre protection lors des menaces sanitaires. Le choléra est un exemple. On citera également la promotion des comportements sains et la facilitation à l’accès aux services de soins qui promeut la santé maternelle et infantile.
La passion de ce fils d’infirmière remonte à son service social à Anse-Rouge. Dans cette ville de l’Artibonite, à 60 km des Gonaïves, il a dirigé plusieurs projets de santé. On notera au passage que pendant sept ans, il a été chef de l’unité de santé communautaire, à Jean-Rabel, commune située dans le département du Nord-Ouest d’Haïti et qui fait partie de l’arrondissement du Môle Saint Nicolas.
Les grands défis
Coordonnateur du programme de lutte contre le VIH/SIDA en 1998, le médecin s’est colleté aux grands défis et a même fait de cette épidémie son cheval de bataille. De l’année 2001 à nos jours, il est membre du comité de surveillance et de sécurité pour les essais thérapeutiques dans le cadre du VIH/SIDA. Dans ce comité basé à Atlanta, ce représentant de la Caraïbe se donne à fonds dans la lutte.
Pour l’histoire, le RHJS doit rappeler que Dr Thimothé a souvent trouvé sur sa route de grands défis. L’épidémie du choléra en 2010 en est une belle illustration.
On retiendra dans le palmarès de Thimothé, un habile négociateur. Point focal de la coopération entre Cuba et Haïti, que de conflits a-t-il résolus dans les universités à Cuba ! On appelait expressément le natif de Trou-du-Nord, pour tempérer les moments chauds, mettre un point d’accord dans les tensions entre les boursiers haïtiens et l’État haïtien.
Ce souci d’harmonie, quand on regarde dans le rétroviseur du passé, a-t-il un rapport avec la jeunesse de ce joueur de saxophone qui avait roulé sa bosse sur plusieurs podiums avec Emmanuel Rossini Jean-Baptiste (Ti Manno) de Gemini All stars ; sans oublier le Méridional des Cayes de Denon Morin.
Durand le passage du Dr Gabriel Thimothé à la direction du MSPP, les médecins cubains ont pris ancrage dans zones les plus reculées du pays intérieur.
C’est aussi sous sa direction qu’a été initié les négociations avec le Canada pour la construction de l’hôpital La Providence des Gonaïves. De même pour la construction de l’hôpital de Jacmel. Et, par un hasard de l’histoire, cet initiateur de l’accord entre Haïti, la France et les États-Unis pour la reconstruction de l’Hôpital de l’université d’État d’Haïti, revient au moment où l’hôpital général fait face à des pires tourments.
Durant son installation, un parterre d’anciens dirigeants du MSPP, de cadres du ministère, de partenaires techniques et financiers, de membres d’ONG, de membres du RHJS ont salué le retour de l’enfant du MSPP. Quant au ministre de la Santé, le Dr Brignol, il lui a donné tout son appui pour répondre aux exigences de la feuille de route transmise par la primature.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
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