Il est bientôt 11 heures du matin. Une brise légère fait valser tendrement le feuillage des quelques plantes qui surplombent l’Hôpital Saint Antoine de Jérémie. Une brise qui semble trop peu pour convaincre l’ardeur du soleil à baiser d’un cran.
Au service de vaccination et de nutrition de cet Hôpital universitaire, le personnel infirmier s’installe, depuis plusieurs heures déjà, dans ses gestes journaliers devenus routine depuis des lustres. Sur la galerie des locaux du service aménagée en salle d’attente, environ une dizaine de parents et leurs enfants en bas âge attendent leur tour.
Entre les pleurs des bébés, le ronronnement des voix qui emplissent les lieux, un fait retient notre attention. Presque la moitié des parents présents au service de vaccination ce matin sont des hommes, des pères. Avec leur compagne, ils viennent faire vacciner leur progéniture.
« Tous les mois ou mois et demi, nous venons ici pour nous assurer du respect du carnet vaccinal de notre enfant », nous répond d’un ton calme Me Ferdinand Nardel, juge de paix dans l’une des juridictions de la région. Faisant le va-et-vient dans le petit couloir peu étendu du service de vaccination avec son fils de deux ans et trois mois sur les bras, l’homme de loi poursuit : « Aujourd’hui, il vient prendre une dose de rappel de vitamine A ».
En tant que parent, papa responsable, ce fonctionnaire de l’Etat estime qu’il a un devoir quotidien et permanent de veiller sur l’état de santé de ses enfants. « Il y va de nous-mêmes et de notre vie aussi. Durant notre vieillesse, cela reviendra à eux de prendre la relève », argumente-t-il tout en soulignant que son fils se porte bien.
A deux, c’est plus sûr…
« Je prends toujours les devants dans les dossiers concernant la santé de mes enfants, nous confie ce père de famille. J’accompagne régulièrement la mère pour être sûr que nous respectons à la lettre les ordonnances et les recommandations du personnel soignant. Quand nous sommes tous les deux présents, on est certain de ne laisser aucune erreur glisser ».
De l’avis de Me Nardel, la vaccination des enfants, vitale, est une tâche qui incombe aux deux parents. Ce père de deux enfants s’y prête régulièrement parce qu’il aspire au meilleur pour sa progéniture, nous confie-t-il.
Debout, Ignace Lindor, attend impatiemment son enfant et sa femme. Les infirmières s’occupent du bébé de ce conseiller pédagogique à la Direction départementale du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) au niveau du département de la Grand’Anse, dans cette de salle exiguë qui hébergent à la fois les services de vaccination de routine, de vaccination anti-covid-19, de nutrition et aussi le dépôt.
Pour cet éducateur, venu accompagner sa femme au centre de vaccination, il s’agit d’un devoir. M. Lindor croit que les femmes ne sont pas les seules concernées dans la gestion de la santé des enfants. « Il faut être deux pour la conception. De la même manière, il faut être deux pour s’occuper de leur santé. Trop souvent les mères sont abandonnées toute seule à cette charge », estime-t-il. En plus, mon implication est source de motivation pour ma femme dans le cadre de la prise en charge des soins de santé de notre enfant », poursuit-t-il fièrement. « La santé est primordiale et la vaccination est importante pour permettre aux enfants de rester en bonne santé. Si pa gen sante pa gen lavi », soutient-il.
Point de vue de mère…
Pour Pluviose, venue emmener sa fille de trois ans prendre une dose de pentavalent, le support de son mari est important. « Mon mari m’accompagne toujours lorsqu’il est disponible », nous avoue-t-elle en sortant de la salle de vaccination.
Ce matin, Maranatha, 29 ans, est venue avec son dernier fils au centre de vaccination en compagnie de son mari, Me Nardel. Elle se dit contente que son mari puisse l’accompagner régulièrement dans les rendez-vous de vaccination. « Je suis contente. J’ai un bon mari qui aime son enfant et qui est soucieux de sa santé. Il ne me laisse pas gérer sa santé toute seule », se réjouit-elle en s’apprêtant à rentrer chez elle.
Une pratique courante à l’Hôpital Sainte Antoine
A en croire Miss Paulemon Marie Elsa Lundi, responsable du centre de vaccination de l’Hôpital Saint Antoine, il est courant que les hommes emmènent leurs enfants se faire vacciner au centre de vaccination. « Ils viennent à motocyclette, en taxi…comme ils le peuvent », nous raconte-t-elle entre deux gestes. « Dans certains cas, ils viennent tout seuls, sans les mères. Ici les hommes sont très impliqués dans la vaccination des enfants », ajoute-t-elle.
« C’est à féliciter, nous dit la cheffe d’équipe. Certains nous demandent d’écrire la date de rendez-vous pour eux. Question, ne pas le rater ». Ils sont sensibles à la vaccination de leurs enfants. Dans certains cas, ils accompagnent leur femme à l’hôpital dès la grossesse ». Pour Miss Lundi, lorsqu’un mari accompagne sa femme dans cette démarche, celle-ci est rassurée, elle sait qu’elle bénéficie d’un bon support.
Gladimy Ibraïme