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Douzième partie : la mort expliquée aux enfants (no 6)

Quand des personnes décédées décrivent leur mort et leur existence post-mortem

Par Dr Erold JOSEPH

« Dites-leur qu’il n’y a pas de mort, mais la vie éternelle. La vie ici n’est qu’un voyage, un changement de condition. Nous allons d’une perfection inconsciente à une perfection consciente ».

Raymond Hinchliffe

La mort flotte dans le vide

 Papi Rold, tu m’avais raconté la dernière fois, l’histoire d’une manifestation de fantômes après le crash d’un avion de la « Eastern Airlines ». Tu avais promis de m’expliquer une autre, encore plus extraordinaire.

En effet, mon Lucas. Et je vais tenir ma promesse. Il s’agissait d’un cas de communication directe. A ce moment, le défunt se manifeste à une ou plusieurs personnes (souvent un ou des proches).  Dans la communication indirecte, par contre, le message transite par un intermédiaire appelé « médium » ou « spirite ». Ces deux termes sont à peu près synonymes.

La présente histoire qui se déroule en Angleterre, est encore plus fantastique et beaucoup mieux documentée que la première. (voir texte précédent) D’entrée de jeu, l’auteur de l’ouvrage, John Grant Fuller, précise que pour écrire ce dernier, il a interviewé les personnes directement concernées et encore vivantes à l’époque. Il a consulté, voire étudié soigneusement les registres et documents des institutions suivantes :  le Ministère de l’Air britannique, les Archives du British Museum, la Bibliothèque de l’Université de Londres, le Bureau des Archives publiques britanniques, le Bureau des Archives de la Société Britannique de recherche psychique, la Société aéronautique royale, le Musée de la Royal Air Force à Hendon, la Fondation Parapsychologique, le Collège Britannique des Études Psychiques. L’ouvrage fut publié pour la première fois, en langue anglaise, en 1979 sous le titre « The airmen who  would not die ».  Sa première édition française parait en 1982 sous le titre  « Ces pilotes messagers de l’au-delà » {1}

La mort

Je suis impatient. Raconte-moi tout de suite.

-Nous sommes en Angleterre, dans la période séparant les deux guerres mondiales et plus précisément en 1928. La première a déjà eu lieu de 1914 à 1918. La seconde se déroulera de 1939 à 1945. Du point de vue aviation, on essaie de construire des appareils à moteurs, et donc « plus lourds que l’air », selon l’expression consacrée alors par l’usage. C’est la concurrence entre les grandes nations de l’époque qui dominent le secteur aérien : l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Angleterre. Le grand défi (ou la grande folie) de l’heure consiste à traverser l’Océan Atlantique, d’est en ouest, (d’Europe vers l’Amérique) ce qui est très dangereux en raison de la violence des vents contraires. Le trajet inverse, beaucoup plus facile, avait déjà été réalisé par un pilote étatsunisien dénommé Chamberlain. Je te rappelle, mon petit Lucas, que l’Océan Atlantique sépare l’Europe, l’Asie, l’Afrique, d’un côté (c’est-à-dire à l’est), et l’Amérique de l’autre (à l’ouest). Même des femmes rêvaient de réaliser cet exploit aérien ou d’y participer, ceci au péril de leur vie. C’est le cas d’Elsie Mackay, grande actrice de la trentaine, ingénieure de la marine, pilote compétente et fille d’un richissime anglais : James Lyle Mackay ou « Lord Inchape ». Elle conclut secrètement un marché avec le capitaine d’aviation Raymond Hinchliffe (trentaine également), pilote très expérimenté et ambitieux, héros de la Première Guerre Mondiale, mais proche d’une retraite prématurée, en raison de la perte de l’œil gauche. Il portait toujours un bandeau pour cacher la cavité orbitaire. Selon le contrat, Elsie monterait secrètement à bord du Stinson Detroiter appelé encore l’Endeavor, en tant que copilote, à la place du capitaine Gordon Sinclair dont le nom figurerait sur la liste officielle et qui lui servirait d’alibi, trompant ainsi la vigilance de son père.  La jeune femme offrait à Hinchliffe, six mois de salaire, une assurance-vie très confortable d’un montant de 10,000 livres, somme considérable à l’époque. De plus, elle lui abandonnerait tous les prix et récompenses financières liés à cet exploit très risqué. Ils se partageraient donc uniquement la gloire. L’avenir de Mme Hinchiffe et de ses deux filles serait ainsi bien assuré si l’expérience tournait mal.  Entretemps, deux autres aéronefs (avions) plus spacieux, plus adéquats, plus sécures (du moins, théoriquement) seraient prêts dans quelques mois, pour effectuer le même voyage : le R-100 et surtout le R-101 . Mais, il s’agissait d’être les premiers à accomplir l’exploit, à savoir la traversée de l’Atlantique, d’est en ouest.

Tu aiguises ma curiosité, papi Rold. Mais, je ne vois toujours pas le lien avec une manifestation de personnes décédées.

-Sois patient, mon petit. Map fèw la bab ; wap pase dwet ou ; wap blese. Mkonnen ou poko genyen (rires) {2}

Alors que toute l’Angleterre de 1928 attendait fébrilement la finalisation du géant R-101 qui monopolisait l’attention de toute la population et des hautes autorités, ce au détriment de son frère, le R-100, beaucoup plus modeste, le Stinson Detroiter ou Endeavor, quant à lui, prenait  secrètement  son envol le 12 mars 1928  à 4h du matin. Plus de quarante heures après le décollage, aucune nouvelle de l’aéronef, qui en principe, durant ce laps de temps, aurait dû avoir  épuisé tout son carburant.  Inquiétude terrible des rares proches au courant de cette entreprise périlleuse, voire téméraire, et surtout ultrasecrète. La vérité devait être révélée seulement à la réussite de l’aventure.

Entretemps, deux amis du capitaine Raymond Hinchliffe, le colonel G.L.P. Henderson et le commandant d’escadron Rivers Olmeadow revenaient d’une mission en Afrique du Sud. Ils voyageaient à bord du navire de la compagnie P.&O.Barrabool.  Ils ignoraient tout de l’entreprise du Stinson Detroiter (ou Endeavor).  Le 14 mars 1928, à 2h du matin, quelque 18h après le décollage de ce dernier, ils dormaient tranquillement dans le navire qui les ramenait en Angleterre. Henderson pénétra avec fracas, dans la cabine de Rivers, trempé de sueur, le visage exprimant une frayeur indicible. Il déclare alors que leur bon ami, le capitaine Raymond Hinchliffe, avec son bandeau sur l’œil gauche, venait juste de le réveiller et d’apparaitre dans sa chambre, tout effaré, pour lui dire : « Hendy, Hendy, je suis perdu…Que vais-je faire ? Et cette femme avec moi. .». L’apparition s’est ensuite volatilisée. Olmeadow tenta en vain de calmer son ami. Trois jours plus tard, le tableau de bord du navire annonçait que le capitaine Hinchliffe était porté disparu, suite à une tentative de vol transatlantique. Il s’agit là d’une première confirmation paranormale de la catastrophe.

Il s’agit là, papi Rold, de communication directe, comme tu l’avais définie précédemment.

Tout à fait, mon garçon. Cependant, de nombreuses informations précises, techniques et dûment vérifiées ultérieurement, seront fournies par communication indirecte lors de séances spirites et/ou médiumniques par le capitaine Hinchliffe lui-même, après son décès, ceci à travers diverses sources indépendantes.  L’Endeavor avait été emporté par des vents contraires. Sa coéquipière et lui s’étaient noyés dans la zone de l’ile Corvo, localisée dans les Açores.  Il précisa, par l’entremise d’Eileen Garrett, médium très doué et connu à l’époque pour son honnêteté, que, juste avant le décollage, lui et son collègue Gordon Sinclair (le substitut d’Elsie Mackay) avaient changé les bougies de l’avion, pour d’autres, apparemment  moins performantes, ce qui aurait eu un impact sur l’accident, détail qui n’était connu que des deux hommes et qui sera confirmé par Sinclair. Lors de cette séance, à laquelle participait son épouse Emilie, le capitaine Raymond Hinchliffe révéla des détails intimes seuls connus du couple et indiqua avec précision l’emplacement où il avait caché des documents importants pour la succession. Il annonça à sa veuve éplorée, désespérée et presque sans le sou avec ses deux filles, que les problèmes financiers très compliqués liés au contrat seraient résolus à la fin de juillet. Ceci se réalisa exactement le 31 du mois.  Par ailleurs, lors d’autres séances tenues dans des cercles parapsychiques différents, il mit en garde ses collègues de l’aviation contre le prochain vol du R-101 et annonça une nouvelle catastrophe encore plus importante parce que cet aéronef était mal conçu. Cette prédiction se réalisera le 4 octobre 1930, provoquant près d’une cinquantaine de morts et plongeant l’empire britannique dans le deuil. L’enquête officielle fut escamotée afin de protéger de hauts responsables, notamment la mémoire de Lord Thomson, disparu également, et qui avait exigé et précipité ce vol pour des raisons politiques. Signalons que d’autres personnes décédées durant des accidents aériens antérieurs (dont des techniciens de l’aviation) se manifestèrent lors de plusieurs autres séances et dans d’autres cercles spirites indépendants les uns des autres. Un cas extraordinaire est celui du financier millionnaire Alfred Lowenstein dont le décès, survenu durant la même période, n’avait point été élucidé jusque là. Il se manifesta lors d’une séance spirite d’écriture automatique, pour préciser qu’il n’était point mort accidentellement comme on le croyait, mais qu’il s’était plutôt suicidé durant un vol aérien privé, en se jetant, dans le vide, par une porte latérale attenante aux toilettes :

« Je désirais la mort plus passionnément qu’un condamné à mort ne désire la vie. Pourquoi, je ne peux l’expliquer. Oublierai-je  jamais cet atroce plongeon de l’espace ? j’ai vu un corps flotter près de moi dans l’eau. J’ai reconnu mon propre corps qui me regardait fixement. J’ai hurlé de peur …J’ai vu mon cadavre se décomposer sous mes yeux. J’étais relié par une sorte de cordon qui ne voulait pas se rompre. » (1)

Toujours ignorant qu’il était décédé, il se rendit ensuite instantanément à Londres dans son luxueux  hôtel. Le temps et l’espace paraissant ne point exister dans l’au-delà , il suffit de penser à un endroit pour s’y trouver immédiatement, comme en témoignent, par ailleurs, tous ceux qui ont vécu une Expérience de Mort Imminente (EMI) ou Near Death Experience (NDE). Une pile de lettres attendait le financier dans sa chambre :

« J’essayai de les toucher. Ma terreur s’accrut. Mes doigts passèrent à travers la pile sans la déranger. Mon Dieu, criai-je, c’est bien ça l’enfer. Perdre la vie n’est rien, mais perdre le pouvoir d’agir sur les choses  terrestres… J’essayai  de dire une prière pour mes mauvaises actions, mais aucun mot ne se fit entendre. Un homme est entré dans l’hôtel : John Rosmarck. Comme je le saluai, il leva sa main à hauteur de la mienne, comme s’il sentait ma présence. Mais, il s’est mis à frissonner et a dit au portier :

 « Comme j’ai froid, tout à coup. Toujours pas de nouvelles de Lowenstein ? »   (1)

C’est le drame des suicidés, mais aussi de ceux qui sont frappés par une mort brutale. Ils ne réalisent pas, du moins durant un certain temps, qu’ils sont passés dans un plan existentiel dont les lois sont différentes. C’est d’ailleurs ce qui explique le phénomène des maisons et lieux hantés. (4)

La grande faucheuse

Je terminerai, mon garçon, en évoquant le contexte philosophique et spirituel de ce XIXème siècle. L’on essayait en Europe et en Amérique de sortir des dogmes religieux pour se tourner vers la science et la raison, et donc vers l’expérimentation. De nombreux intellectuels et scientifiques s’évertuaient à comprendre ce qui se passait après la mort en étudiant les phénomènes parapsychiques. Citons, entre autres : George Bernard Shaw, Frédéric Willam Henry Myers, Carl Gustave Jung, Hermann Hesse, et  surtout Sir Oliver Lodge qui communiquait régulièrement avec son fils décédé. Quant à l’écrivain/médecin britannique Arthur Conan Doyle, créateur de de la série populaire « Sherlock Holmes », il avait abandonné toutes ses activités pour se consacrer exclusivement à l’étude scientifique de la thèse d’une vie après la mort, qu’il considérait comme la question la plus importante de l’existence. Il était en opposition avec Harry Price, un ex illusionniste qui s’acharnait à démasquer tous les faux médiums, mais dont le rigorisme extrême paralysait les facultés paranormales des sujets étudiés. Conan Doyle, très impliqué dans les recherches relatives à la disparition de l’Endeavor et du R-101 meurt d’une crise cardiaque durant les deux enquêtes et parvient à convaincre finalement  son « rival » de sa survie après la mort.

 Erold JOSEPH,

docteur en médecine, pneumologue, expert en santé publique, santé scolaire,  promotion de la santé ainsi que  de l’interrelation santé/éducation

NOTES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

  1. John G.Fuller, Ces pilotes messagers de l’au-delà, Editions Robert Laffont, S.A, 1982
  2. Traduction : « je te fais la barbe et tu passes le doigt ; tu risques de te blesser. Je sais que tu n’en as pas encore. » (note de l’auteur du présent texte)
  3. C’est le « cordon d’argent » dont parlent les mystiques orientaux et qui relieraient le corps physique au « corps éthérique » invisible au commun des mortels. (note de l’auteur du présent texte)
  4. Camille Flammarion, Les maisons hantées : en marge de mort et son mystère, Editions Flammarion, Paris,1923

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