Haïti, mon pays

Haïti, mon pays est un extrait d’un long poème intitulé « Relents de faim du monde ». Celui-ci se trouve incorporé au manuscrit d’un recueil de nouvelles littéraires qui sera publié bientôt (Coup bas à bras-le-corps suivi de Relents de faim du monde). Cet extrait est un cri de détresse face à la situation désastreuse dont Haïti est victime au travers d’actions mortifères d’apatrides haïtiens soutenus par des complices étrangers. L’auteur, Fortenal Thélusma, crache dans ce poème-fleuve sa colère et fustige ces êtres humains métamorphosés en animaux sauvages.

 

Fortenel Thélusma

Haïti, mon pays,

Ex-perle des Antilles,

Aujourd’hui, poubelle des Antilles !

Un pays enraciné dans mon esprit,

Un pays que chérit mon cœur.

Pays de mon enfance,

De ma jeunesse,

De ma vie,

Séparé de mon corps

Depuis bientôt quatre ans !

Mon âme pleure,

Verse des larmes de sang.

Physiquement, je meurs.

Le poids du désespoir

M’atrophie.

Le lourd fardeau de la nostalgie

Provoque de pesants dégâts

Sur l’intégralité de mon être.

Mon inconscient et mon subconscient

En souffrent au point que le cauchemar

Est entré en concurrence avec mon souffle

De vie.

Pas une nuit où je ne rêve de ma localité

Natale, Peltant.

Convalescent d’une sauvage dictature,

Mon pays souriait, empli d’espoir.

Il se meurt par compte-gouttes,

Devenu la proie de politiciens rapaces,

Insatiables, d’une voracité morbide

Transformée en une inédite boulimie.

Insaisissables,

Constamment ils se métamorphosent

Afin d’assouvir

Sans cesse

Leur soif,

Leur faim sans fin

De richesse

Dans le désossement

Du peuple haïtien.

Ils sont vêtus

De draps honorables.

Avec fierté,

Ils répondent présents à l’appel :

Conzés.

Caméléons.

Invertébrés.

Véreux.

Pour un politicien assoiffé de pouvoir

Lésiner sur les moyens

Constitue un crime de lèse-richesse.

Il n’hésite pas à marcher

Sur un Himalaya de cadavres,

À boire un océan de sang

Afin d’assouvir sa gourmandise :

Se remplir démesurément les poches

Et l’abdomen.

La monstrueuse bête engraissée

André, l’avocaillon, niche, elle

Sur son toit de billets verts

Quand son chef de fil,

Le cynique docte en rit,

Fort de son petit statut de virus

Et de sous-fifre de l’ogre étoilé.

Haïti a commis un péché mortel

Dès sa naissance

Par l’acquisition de son indépendance

En donnant l’exemple du premier peuple

Noir libre.

Malfini rouge, aigle étoilé, coq tricolore

L’émiettent jusqu’à le rendre exsangue.

Honneur et gloire à nos valeureux ancêtres !

Malédiction aux traitres de la patrie

Qui prennent le pouvoir d’assaut en Haïti,

Ces caricatures de dirigeants

Au cœur de métal,

À la conscience du plus féroce animal !

Mes entrailles tressaillent

De peur, de tristesse !

À bas les vauriens, les Oscars de nullité

Qui occupent les espaces gouvernementaux

À tort !

Port-au-Prince, aujourd’hui, capitale fatras,

Ville assiégée,

Meurtrie,

Ensanglantée.

Port-au-Prince et ses environs,

« Territoires perdus ».

Pardon, territoires offerts

Et pris d’assaut par des bandes armées

Connues et reconnues

D’utilité publique

Par l’État domestiqué, apatride

Et « l’international communautaire ».

Le premier les a portées sur les fronts baptismaux

En tant que géniteur,

Le second comme parrain.

Pour comble d’originalité,

Elles se nomment « bandits légaux ».

Fait insolite, ces derniers se fédèrent.

Pour ajouter au plaisir d’extermination

De notre sol,

L’existence d’une fédération

De « diplomates » qui le gouvernent

En proconsul.

Passés maîtres dans la diversion,

Ils nous arrivent de divers continents

Sans notre consentement,

De grandes villes d’Europe et d’Amérique.

Ils se présentent sous forme d’OVNI,

De voyelles dispersées, o, e, a.

Ils s’unissent en groupes de corps.

Véritables sangsues, ces microbes imposent

Présidents de réputation douteuse

Champions en corruption,

Président-roi-premier ministre

Inique et cynique.

Auteurs nationaux

Et complices internationaux

S’unissent dans leur bonheur

Et sèment le malheur

Au sein de la population.

Chasse aux habitants devenus

De vulgaires nomades.

Massacre d’êtres humains,

Ruissellement de sang

Incessant.

Coulant au rythme de l’eau

Déversant la montagne

En périodes cycloniques.

Vive l’eau nue !

Des têtes coupées de gens

Sont frappées comme des ballons

Par des bandits armés.

Des vidéos de personnes martyrisées,

Assassinées

Tournent en boucles

En mode de clips musicaux à succès.

Spectre de disparition

Au quotidien.

Au vu et au su des fantômes

Au pouvoir,

Dans ses basses œuvres de complices,

Spectacle traumatisant de kidnappings

D’hommes, de femmes

Et d’enfants sans secours,

Sans recours.

Le monde roulant à l’ère

De la haute technologie

S’apitoie sur le sort des êtres humains

Victimes d’abus de toutes sortes.

Mais Haïti, terre de nègres et de négresses,

Paye la dette historique de la vaillance

De nos ancêtres, surtout de la foudre

Et de la fougue de Dessalines.

La presse occidentale

Et les fabricants de démocratie

De cette planète se couvrent partialement

La vue de boue,

L’ouïe de béton

Afin d’ignorer l’ignominie

Subie par la population haïtienne

Jour et nuit.

Crime de lèse-être humain

Que d’être noir !

Fuite de cerveaux.

Extermination en cours.

Les esprits bouillonnent.

Les cœurs s’évanouissent.

Le pays se vide.

Il y souffle un vent de fuite,

De disparition en foule,

Un parfum de cadavres en putréfaction.

Bref, une odeur de destruction massive.

Seul le mal durera

D’éternité en éternité.

Jamais il ne disparaitra

Tant que l’Homme vivra !

Hélas !

Fortenel THÉLUSMA

fortenelthelusma01@gmail.com

(Extrait de « Coup bas à bras-le-corps suivi de Relents de faim du monde (recueil de nouvelles à paraitre)

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