L’hygiène menstruelle, une nécessité ponctuelle

 

Chaque mois, plus de 2 milliards de femmes et filles dans le monde ont leurs règles. Pourtant, l’hygiène menstruelle est encore reléguée au second plan. Précarité menstruelle, tabous, manque d’informations… les femmes et les filles sont confrontées à de nombreux problèmes pour ce qui a trait à l’hygiène menstruelle. En dépit des efforts consentis, aujourd’hui encore, des millions de femmes et de filles n’ont toujours pas les moyens d’acheter des produits menstruels et d’accéder à des installations d’eau et d’assainissement pour gérer leur santé et leur hygiène menstruelle.

Hygiène menstruelle

La menstruation est un phénomène naturel et biologique qui survient chez les personnes de sexe féminin entre la puberté et la ménopause. Elle se caractérise principalement par l’écoulement des règles, c’est le processus au cours duquel l’utérus évacue du sang et parfois du tissu par le vagin. Ce phénomène biologique est pourtant un tabou dans certaines communautés en raison du manque d’information et génère souvent des stigmatisations.

Carla, une adolescente de 13 ans, raconte ses premières règles. « Je n’en ai jamais entendu parler avant. Pendant de rares fois j’ai vu ma mère mettre une serviette hygiénique mais je ne comprenais pas vraiment le processus. Un jour, en revenant de l’école, quelqu’un, en voyant une troupe de garçons se moquer de moi en pleine rue, m’a fait comprendre que mes règles ont sali mon uniforme. La dame m’a fait descendre mon sac jusqu’à l’endroit sali, le temps que je rentre chez moi ».

Selon le rapport mondial de l’UNICEF et de l’OMS sur l’hygiène menstruelle, seulement 39% des écoles dispensent un cours d’éducation à la santé menstruelle. De plus, ces sujets ne sont pas abordés dans les familles et autres institutions comme l’église. La plupart du temps, les jeunes se réfèrent à leurs pairs : amis, camarades pour obtenir des informations ; informations qu’eux mêmes ont appris sur le tas et non d’une personne qualifiée. Ce manque d’information et d’éducation a beaucoup de conséquences sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes filles notamment. Elles sont confuses lors de leurs premières règles, n’ont jamais appris comment utiliser une serviette, sont sans aucune éducation sur l’hygiène menstruelle, leur cycle menstruel et sont donc exposées à des grossesses non désirées, des infections…  Entre moqueries, exclusions, stigmatisations, les hommes eux aussi non éduqués, rendent la gestion de l’hygiène menstruelle beaucoup plus difficiles pour ces jeunes filles non armées pour ce combat. Ces dernières, habitées par la honte et la peur vivent mal ce moment alors qu’elles devraient être entourées et soutenues.

Le matériel d’hygiène, un luxe pour beaucoup de femmes en Haïti

Alors que des pays comme la France, l’Ecosse, la Catalogne expérimentent la gratuité des protections hygiéniques, l’accès au matériel d’hygiène menstruel se révèle être un souci considérable pour les femmes pour d’autre pays.

Ici en Haïti, le matériel d’hygiène menstruel est un luxe que beaucoup de femmes et de filles ne peuvent se payer, surtout en raison de l’inflation qui affecte grandement les femmes déjà vulnérables économiquement. Certaines sont obligées d’utiliser une serviette par jour – alors qu’il est recommandé de changer de serviette toutes les quatre heures – faute de pouvoir disposer de plusieurs paquets pour la période des règles. Entre inconfort et risque infectieux, elles se résignent. En ce sens beaucoup de familles utilisent encore les serviettes hygiéniques en tissu, qu’on appelle « linge artisanal » qu’elles lavent ensuite afin de les réutiliser alors que les serviettes modernes jetables envahissent le marché. La réponse est simple, ces dernières sont trop chères, elles ne peuvent se le permettre ; cette méthode est donc plus économique. Souhaitons simplement que les adeptes de cette méthode prennent le soin de les laver correctement. L’accès au matériel passe aussi par des structures sanitaire d’assainissement comme les toilettes adaptées, les poubelles, l’eau propre… pour que les personnes ayant leurs règles puissent jouir d’une bonne hygiène menstruelle.

Ces difficultés économiques rencontrées par ces femmes et ces filles, de disposer de matériel hygiénique menstruel portent le nom de précarité menstruelle. Elles menacent la santé sexuelle et reproductive des femmes et constitue un problème majeur trop longtemps mis de côté.  La santé menstruelle passe non seulement par l’information sur la menstruation et les soins personnels, l’accès au matériel d’hygiène menstruelle mais aussi par le diagnostic et le traitement des troubles du cycle menstruel et la possibilité de ne pas être stigmatisée ou discriminée en raison de la menstruation. Si l’on comptabilise au total les jours de règles, au cours de sa vie, une femme passe en moyenne 3 à 8 ans à avoir ses règles. Il est donc indispensable que ce processus se déroule sans contrainte, dans les conditions optimales.

Pouchenie Blanc

blancpouchenie@gmail.com

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