L’endométriose, une maladie chronique qui touche une femme menstruée sur dix

 

Une femme en âge de procréer sur 10, de partout dans le monde, est touchée par l’endométriose. Cette maladie chronique, et parfois récidivante représente un calvaire pour les femmes et peut même avoir des répercussions sur leur santé mentale. Très méconnue en Haïti et souvent mal abordée par les professionnels de santé, cette pathologie féminine représente pourtant l’un des premiers motifs de consultation gynécologique dans notre pays en raison de la douleur invalidante qu’elle provoque.

Nous parlons d’une pathologie qui peut apparaître dès les premières règles et durer jusqu’à la ménopause. Faisons le point sur ce problème majeur dans la santé sexuelle et reproductive des femmes.

Chez nous en Haïti, et chez les noirs en général, les douleurs menstruelles – appelées dans le langage médical « dysménorrhée » – sont souvent considérées comme normales. Des pratiques traditionnelles d’infusion, de macération se présentent dans certains ménages comme palliatifs à cette douleur qui parfois cache un problème sous-jacent, plus profond qu’une infusion ne saurait résoudre. Des pathologies comme l’endométriose peuvent être à l’origine de ces douleurs et ces dernières peuvent affecter de façon négative le quotidien des femmes. Le malheur s’installe quand ni l’infusion, ni le comprimé de diclofénac habituellement utilisé ne fasse son effet, car la solution la plus plausible pour plus d’un est la résignation, étant donné la normalisation antérieure de ces douleurs. De : “ça passera après tes rapports sexuels” à “ça passera après avoir eu ton premier bébé”, la dysménorrhée n’en finit pas.

L’endométriose est une maladie très complexe qui se caractérise par la présence du tissu endométrial ou pseudo endométrial à l’extérieur de l’utérus. Ce dernier que nous appelons “matrice” dans le langage courant, et qui durant la grossesse abrite le fœtus, remplit aussi d’autres fonctions liées en elles-mêmes à la reproduction. Il dispose pour cela d’une couche interne appelée endomètre qui en se dégradant tous les mois – dès lors qu’il n’y a pas de fécondation – provoque les règles. Dans l’endométriose, les cellules qui composent cette couche interne de la matrice, se retrouvent aussi ailleurs. Cela signifie que le tissu endométrial qui normalement doit se retrouver dans la cavité utérine de la femme se retrouve dans d’autres organes. Nous parlons alors d’organes comme la vessie, les intestins, le péritoine (membrane qui tapisse l’intérieur de l’abdomen et qui recouvre les organes) et plus rarement, le thorax ou le diaphragme. Ces tissus (on parle du tissu endométrial et pseudo endométrial) qui se retrouvent au mauvais endroit vont, sous l’influence hormonale subir une inflammation et provoquer des adhérences et/ou des saignements. Jusqu’à présent, les causes de cette pathologie sont mal connues mais les personnes ayant eu un faible poids à la naissance, les femmes qui ont eu leurs premières règles assez tôt, celles qui ont des règles abondantes et qui n’ont pas encore enfanté, ou qui sont en sous poids sont plus à risque de développer l’endométriose.

C’est une maladie qui s’accompagne généralement de fortes douleurs lors des règles et aussi lors des rapports sexuels, des douleurs pelviennes chroniques et dans près de 30% des cas, d’infertilité. Les douleurs de l’endométriose sont très fortes, souvent invalidantes et ne sont pas calmées par les anti-inflammatoires habituels comme le diclofénac, l’ibuprofène, etc. Parfois d’autres symptômes sont ressentis comme des ballonnements abdominaux, des saignements de l’utérus. Chez certaines femmes, ces douleurs, qui sont parfois syncopales, sont ressenties avant, pendant et après les règles.

Malgré son caractère complexe, et des moyens diagnostics difficiles, l’endométriose reste l’une des maladies les plus courantes en gynécologie. Par-dessus tout, elle affecte grandement la qualité de vie des femmes. Il importe donc de toujours consulter un personnel médical qualifié dès l’apparition de tout symptôme suspect. Les douleurs menstruelles ne sont pas « normales », le meilleur réflexe est de penser à avoir recours à des soins de santé de qualité face à tout problème gynécologique. Sensibilisons les femmes sur l’endométriose, afin de mieux l’aborder et mieux la soigner.

Pouchenie Blanc

blancpouchenie@gmail.com

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