Une injustice sociale à réparer dans les camps de nos déplacés

L'éditorial du secrétaire général

 

Comment en ce 21e siècle qui a vu tant d’exploits technologiques et matériels dans un monde à l’ère du numérique, un adulte n’arrive pas à se servir d’un W.C? Dans nos camps de déplacés où s’agglutinent des centaines de familles, ils sont légions à introduire toutes sortes d’objets qui obstruent le conduit par où passe les matières fécales et les urines.

Le camp de déplacés du lycée Marie Jeanne

Ce 19e numéro d’infolettre de Bien-Être nous permet de mettre le doigt sur la question de l’hygiène dans les camps de déplacés. C’est vrai que ce n’est pas la première fois que des reportages sont produits dans toute leur ampleur. Certains numéros ont mis l’accent sur des déplacés qui balancent des sachets remplis de matière fécale sur la cour, la voie publique et davantage encore dans les ravins que surplombent les espaces d’hébergement où s’entassent des familles victimes de l’insécurité.

 

Dans ces pages, il faudra aussi porter l’attention sur ces utilisateurs de toilettes. Savez-vous qu’ils chient aussi dans les douche au lieu de livrer la grosse commission dans les cabinets d’aisance. Savez-vous qu’ils introduisent également toutes sortes d’objets dans le bol des toilettes : brosse de chaussures, boule de savon, etc.

Jean-Paul Galy, responsable du service d’hygiène du camp de déplacés du lycée Marie Jeanne

Un fond d’humanité et de sentiment de justice sociale

 

Devant ce constat, on pourrait se demander : ces utilisateurs-là font-ils exprès pour donner du travail aux gens qui assurent la propreté dans les toilettes ?

Une remarque d’une victime de ce chaos, qui frappe en plein cœur Port-au-Prince et la zone métropolitaine, claque comme une gifle à la société. Il faut lire cet article ou écouter le podcast audio ou regarder la vidéo dans laquelle l’un de nos reporters demande à un responsable du service d’hygiène du camp de déplacés du lycée Marie Jeanne : est-ce qu’il y a une volonté de nuisance de la part des adultes et jeunes adultes qui bloquent les W.C?

Jean-Paul Galy, le responsable du service d’hygiène à ce camp de déplacés de la première rue Lauvaud, au Bois Verna, pour toute réponse, a déclaré : « Pour ma part, je peux dire que ce n’est pas un acte de méchanceté. Prenez un confort moderne, ils n’avaient jamais l’habitude de s’en servir. Y en a parmi eux qui faisaient leur besoin accroupi sur une roche. En venant ici, cet individu ne peut pas s’en servir convenablement. Et comment veux-tu qu’il s’en serve d’une chasse d’eau pour évacuer la matière fécale ? »

Vue partielle du camp de déplacés du lycée Marie Jeanne

Cette remarque sonne fort.  Un certain sentiment d’injustice se profile dans sa parole qui nous apporte de la matière à réflexion.

Le changement social et comportemental se transmet

À un moment où des milliers de gens sont rassemblés dans ces camps, n’est-ce pas le moment opportun pour les éduquer ?

À bien observer, dans l’histoire de l’homo sapiens, à travers les âges, tout ce qu’un groupe d’individus a de commun et qui le soude résulte de ce qui est donné en partage, en d’autres mots, de ce qui est transmis.  Le changement social et comportemental cela se transmet et s’apprend.

Nous n’avons pas à inventer la roue pour que cesse cette injustice sociale sur un fond de sentiment de honte.

Dans la vidéo du RHJS, Jean-Paul Galy du camp du lycée Marie Jeanne rappelle que ce serait important de placer des posters assortis d’images liées à l’utilisation du confort moderne dans des endroits stratégiques pour sensibiliser les déplacés.

A force d’intégrer ce mode de comportement dans leur culture, ils finiront par les incarner dans leur comportement et les pérenniser dans leur quotidien.

C’est le moment X de changer le cours de l’histoire de toute une collectivité vivant dans des agglomérations urbaines qualifiées de vulnérables.

Fontal Louiny

En un clic, la vidéo du reportage du camp de déplacés du lycée Marie Jeanne

fontallouiny1980@gmail.com

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