L’Hôpital général ne peut pas fermer ses portes

Matière à réflexion

L’Hôpital général de Port-au-Prince traverse un sale temps. Ses portes sont fermées depuis le 29 février 2024. Cet hôpital centenaire, créé sous le gouvernement de Sudre Dartiguenave, durant l’occupation américaine au début des années 1920, est au service de la population depuis le siècle dernier.

L’hôpital général

 

La direction exécutive de l’Hôpital général a appelé au sens patriotique de ses employés. Elle en a profité pour fixer la reprise des activités au lundi 1er avril 2024.  Des activités toujours au point mort jusqu’à présent compte tenu  de l’occupation de l’espace par des hommes armés.

L’hôpital général était toujours debout. Bon gré mal gré, en dépit de toutes les convulsions politiques ayant secoué le pays, un minimum de sécurité avait toujours été mis en place pour protéger patients et prestataires de soins.

Avant le tremblement de terre de janvier 2010 l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) disposait de 700 lits et recevait plus de 10 000 nouveaux patients par mois?

On ne tire pas sur une ambulance

Pas un patient au couloir désespérément vide de l’Hôpital général.jpeg

Désormais, Haïti a atteint un tel niveau d’ensauvagement que les bandits attaquent les hôpitaux, saccagent, pillent des pharmacies et des laboratoires à un moment où la population est aux abois et l’État effondré. Dans ce contexte d’insécurité généralisée, même les ambulances ne sont pas épargnées.

 

Mais comment accabler des gens ravagés, vivant dans une situation désespérée? Les bandits brûlent leurs maisons, les chassent et les tuent. Mais on ne tire pas sur une ambulance. Laissons-nous imprégner par cette image : Haïti est un malade dans une ambulance.

Pendant deux siècles, à force de s’acharner sur nos institutions, à force de les dépecer, l’État est moribond. L’État crie au secours.

Dans le système sanitaire haïtien, l’Hôpital général se situe au niveau tertiaire, autrement dit, au sommet de la pyramide. Hôpital universitaire spécialisé, il fournit tout un paquet de services de soins à la population et permet aux étudiants de faire leur internat sous l’œil des professionnels ayant des kilomètres d’expériences en milieu hospitalier. De plus, l’HUEH offre également la résidence hospitalière qui donne lieu à la spécialisation.

Encore une fois, la population haïtienne souffre le martyre. En 2010, l’HUEH avait subi de grands dommages. En dépit des difficultés, les patients continuaient à se rendre dans les services de l’HUEH sous des tentes, des abris provisoires et même dans la cour.

Qu’est-ce qui nous arrive ? Quand donc a commencé notre dégénérescence ? L’heure est grave. Cette crise ouvre la plaie béante d’une société qui continue à fabriquer des hommes et des femmes qui n’ont aucune sensibilité pour leur propre peuple.

Claude Bernard Sérant

serantclaudebernard@yahoo.fr

 

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