Ce n’est plus un secret pour personne. L’insécurité qui sévit en Haïti affecte tous les domaines de notre société. Elle a un impact sur la santé depuis que les gangs font fuir patients et personnel de nos hôpitaux. Avec une telle situation chaotique, l’accès aux services de santé se réduit jour après jour. La population vit dans des conditions sanitaires dégradantes. L’accès limité à l’eau potable et à un environnement assaini est à mille lieues des riverains de Carrefour-Feuilles devenus des nomades.
Ceux qui avaient fui leur maison pour se réfugier au lycée Carrefour-Feuilles à la rue Tunnel, l’école nationale Paraguay à la rue Lota Jérémie, l’école nationale Célilie Lavoie à la rue Capois, le lycée Jean-Jacques Dessalines à l’Avenue H. Christophe, ont dû détaler comme des dératés.
Le stress des déplacés a atteint un tel niveau que les plus âgés ont des symptômes émotionnels qui ont des effets sur leur santé. On retrouve des gens dépassés par les évènements dans ces camps de fortune. Ils ont des crises de larmes et une sensation de mal-être au milieu de ce triste décor.
Carrefour-Feuilles, section communale située à l’est de Port-au-Prince sur les contreforts du Morne l’Hôpital, vit une situation délirante. Les quartiers et sous-quartiers de cette agglomération d’environ 150 000 âmes se vident à chaque assaut des hors-la-loi.
En situation de nomades
Carrefour-Feuilles fait partie des zones vulnérables du territoire. Sa population essayait par tous les moyens de joindre les deux bouts. Avec cette situation chaotique, pour se protéger, de nombreuses familles de ce quartier sont obligées de se loger dans des salles de classe, des baraquements, des véhicules déglingués ou encore sous des tentes. Au lycée des Jeunes filles, l’espace déborde. Même constat pour le camp du gymnasium Vincent de la rue Romain où ils ont élu domicile.
La promiscuité. Les flaques d’eau, les moustiques, les immondices sont le lot de ces déplacés. Un tel milieu fait le lit des maladies à déclaration obligatoire, par leur caractère potentiellement épidémique. Parmi ces problèmes de santé publique qui menacent les camps : le choléra et le paludisme. Aussi, à chaque numéro de Bien-Être, le Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) alerte le ministère de la Santé publique et les ONG en vue de prendre les mesures appropriées.
Les déplacés se plaignent de la détérioration de leurs conditions de vie. L’observateur qui arpente les camps de déplacés voit en ces abris provisoires de véritables lits pour les microbes. Les habitants de Carrefour-Feuilles s’en plaignent à chaque fois qu’on leur tend un micro.
Que se passe-t-il se demandent les journalistes qui touchent du doigt ces problèmes posés ? À travers un ensemble de reportages et d’émissions, les professionnels de la santé rappellent que l’environnement influe beaucoup sur la santé de la population. Pour illustrer : la malaria. Cette grave pathologie est due à la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles.
Qu’est-ce qui empêche aux concernés de sensibiliser les déplacés en organisant de la formation pour eux ?
On sait désormais que poser de simples gestes comme assécher les mares d’eau dans les parages de sa maison, ne pas laisser des marmites ou des pneus à l’air libre remplis d’eau pouvant servir d’abris aux moustiques sont autant de gestes pouvant contribuer à réduire le risque du paludisme.
En ce qui a trait aux immondices, combien de reportages faut-il encore pour relater ce sérieux problème ?
À travers plusieurs articles, Bien-Être a mis le doigt sur cette mauvaise habitude des déplacés consistant à balancer dans les rues ou dans des ravins leur défécation dans des sachets. La ravine qui longe l’arrière-cour du camp du lycée des Jeunes filles est la plus emblématique.
On peut multiplier d’autres illustrations. L’une d’elles : avant d’entrer au camp du lycée des Jeunes filles, il est difficile de ne pas tomber sur une pile d’immondices. Un tel environnement favorise la nidification de parasites, d’insectes propagateurs de maladies.
Où sont donc passés les services de la voirie ? La population de plus en plus vulnérable subit les coups et contrecoups de l’insécurité.
Jobenson Andou
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