Madame Hernaelle Louis-Jeune Jean est secrétaire administratrice au Réseau haïtien des journalistes de la santé. Elle prend part à toutes les activités de nos professionnels de l’information. À cette situation de désarroi qui trouble la paix des rues et des cœurs, elle nous livre un moment d’angoisse qu’elle a vécu dans son quartier. Le papier d’Hernaelle est la preuve d’un exemple contagieux. Comme tout le monde au réseau, elle se met à l’écriture.
Depuis le jeudi 7 mars 2024, je vis en pleine panique. La situation s’est détériorée sur la route de l’aéroport Toussaint Louverture et ses environs. De chez moi, j’entends des sons de cartouche de plus en plus fort. Ça me donne froid dans le dos. Personne n’est à l’abri des balles. Les avions non plus. Les chiens de même. Sur la route, les êtres et les choses ne sont pas épargnés.
Des flots de questions me trottent dans la tête : « Eske se zòn lakay mwen yo anvayi? Si gen kouri ki kote m ap fè? M ta al an pwovens. Tout wout bloke, ki kote m ap pase? Ki lè bagay sa ap fini? Si bandi yo rive kafou Ayopo eske yo pap monte piwo toujou?» (Est-ce que c’est mon quartier qui est cerné? Si la situation se complique, où aller? Pourquoi ne pas me rendre en province? Les routes sont bloquées, quelle voie emprunter? À quand la fin de cette situation? Si les bandits sont parvenus au carrefour de l’aéroport, est-ce qu’ils ne vont pas progresser encore plus loin?)
Avec toutes ces angoisses, toutes ces inquiétudes, comment peut-on arriver à vivre comme une personne normale, voire en bonne santé ?
Des tirs nourris du matin au soir. À n’importe quelle heure de la journée, des balles perdues. Je me demande si je peux sortir pour acheter de quoi manger. Les gens terrés chez eux ne savent pas où donner de la tête. Mon cœur bat à un rythme anormal. À chaque bruissement de feuille, je sens le danger. Un bruit, je me redresse, affolée par l’impression qu’une balle m’a frôlée.
C’est au milieu de cette peur panique que les nouvelles angoissantes me tombent dessus. Des informations venant du récepteur de la radio d’un voisin ouvert à toute volume me parviennent. Je subi passivement toute la charge de stress qui transpire de ces nouvelles qui me donnent une idée de ce qui se passe à travers les rues de la capitale.
Je vis une expérience de mal-être, du sentiment de l’imminence d’un danger qui me guette. Même dans mon sommeil les bals résonnent. Parfois, je me réveille en tremblant, me laissant aller à imaginer ce qui va arriver à mon quartier. Et, le lendemain matin, j’entends une voisine raconter comment son fils a failli mourir. Un projectile a été retrouvé sur son lit.
Comment voulez-vous que tout cela n’affecte pas notre santé ?
Hernaelle Louis Jeune Jean
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ladyherna@yahoo.fr
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