S’il est vrai que les nouveaux cas de cholera ne courent pas les rues, la situation n’en est pas moins inquiétante. A en croire le dernier rapport publié par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) à la mi-janvier 2024, on dénombre à ce jour un peu plus de 74 000 cas d’hospitalisation contre un peu plus 79 000 cas suspects.
Selon les données du MSPP, cette nouvelle vague de choléra touche majoritairement les jeunes et les enfants. La tranche d’âge des 1 à 4 ans en est la plus touchée. A rappeler que cette affection causée par la bactérie peut, en raison d’une forte diarrhée, conduire à la déshydratation, à l’épuisement musculaire, voire la mort, si la personne infectée n’est pas prise en charge à temps. Raison pour laquelle il est fortement recommandé de se rendre au centre de santé le plus proche dès les premiers signes.
Favorisée par l’insalubrité, l’absence ou l’inadéquation des sanitaires et à un accès insuffisant à l’eau potable, la présence du vibrion sur le territoire haïtien semble partir pour résister aux assauts des autorités sanitaires. Il s’agit, par ailleurs, d’une maladie extrêmement virulente, dont la transmission peut être faite dès la période d’incubation.
« Présente dans les selles pendant les 1 à 10 jours après l’infection, , la bactérie peut déjà être jetée dans l’environnement et potentiellement infecter d’autres personnes alors que la personne infectée ne présente même pas encore de symptômes», a expliqué Dr Jennifer Jean, spécialiste en infectiologie.
Parallèlement, comme dit le vieil adage, pour notre plus grand malheur, un problème ne vient jamais seul. Ainsi, la flambée de l’insécurité de ces dernières années, ne favorise pas l’éradication de l’épidémie. Elle constitue même un véritable obstacle au déploiement des mesures des autorités sanitaires visant ladite éradication.
« Les déplacements de population provoqués par la guerre de gangs un peu partout à travers le pays, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, est très favorable au développement de nouveaux foyers de choléra dans le pays», a constaté Dr Jean. Elle a estimé par ailleurs que cette crise humanitaire engendre d’énormes conséquences. Elle a énuméré des points tels : la perturbation des systèmes d’approvisionnement en eau, la question de l’assainissement qui fait reference aux conditions d’hygiène dans les camps de déplacés, un véritable problème de santé publique eu égard à la promiscuité. Autant de facteurs de risque liés à la transmission du choléra, si la bactérie est présente ou introduite.
Il est à noter toutefois, pour arriver à bout du choléra en Haïti, le MSPP opte pour une approche multisectorielle portée sur l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement, les mesures d’hygiène, la mobilisation sociale, le traitement et la vaccination.
Jeff Ibraïme
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