« Quand on parle de Centre de débats de recherches et de formation en sigle (CEDREF), on veut tout simplement parler d’une organisation impliquée dans la défense des droits des jeunes, dont ceux qui sont considérés comme un groupe vulnérable face aux infections sexuellement transmissibles, le VIH/SIDA en particulier», a déclaré le directeur exécutif du CEDREF, John Joseph, le 21 octobre de l’année dernière. Il a dressé le portrait de l’Organisation, lors d’un entretien exclusif accordé en marge de l’atelier bilan du secteur Jeune au sein de l’Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH).
Depuis sa création en 2014, cette organisation à but non lucratif, présente actuellement dans les 10 départements géographiques du pays, s’est fixée comme objectif de faire des plaidoyers en vue de l’implication des jeunes dans toutes les actions visant leur émancipation économique et sociale.
« CEDREF est une institution qui milite pour le respect des Droits des jeunes. Notre mission est de sensibiliser, de former et de connecter les jeunes entre eux, tout en les dotant d’outils techniques nécessaires afin qu’ils puissent devenir de acteurs de leurs propres développements », a fait savoir le jeune juriste. Il a profité de l’occasion pour exposer la vision du CEDREF à la jeunesse d’Haïti et du monde.
Quelle est donc la vision du CEDREF ?
À cette interrogation, il a répondu : « Notre vision est de contribuer, avec nos membres et nos partenaires techniques et financiers, à la mise en place d’une véritable synergie en vue de la création d’un écosystème dynamique, déclencheur des axes de développement social et économiques du pays. »
Pourtant, 10 ans après, cette mission est loin d’être concrétisée. Tant que les droits des jeunes en matière de santé sont bafoués, marginalisés, hypothéqués, CEDREF se donne pour devoir de poursuivre la lutte.
Le VIH, une bombe à retardement pour les jeunes en Haïti
VIH/SIDA: plusieurs facteurs en cause
Le progrès important enregistré au cours de ces dernières décennies dans la riposte contre les nouvelles infections à VIH en Haïti est désormais menacée. Plusieurs facteurs en sont la cause: le phénomène de l’insécurité grandissante qui affecte particulièrement les jeunes femmes et filles des quartiers vulnérables du pays, la situation sociopolitique et économique du pays, la stigmatisation et la discrimination dont sont souvent victimes les personnes vivant avec le VIH/SIDA constituent un obstacle au dépistage, à la prévention et au traitement et à la prise en charge des PVVIH. À cela, il faut ajouter le non respect des droits des groupes marginalisés dont les Harsah et professionnels du sexe, groupes clés qui affichent, selon les statistiques du MSPP, le taux de prévalence le plus élevé, depuis 2018.
Alors que le taux de prévalence chez les adultes âgés entre 15 à 49 ans stagne depuis ces 10 dernières années à moins de 2%, les nouvelles infections chez les jeunes de 15 à 24 ans ne cessent d’accroître. Selon le dernier rapport du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS) publié en décembre 2023, «Chaque jour, près de 5 jeunes âgés de 15 à 24 ans sont infectés par le vih en Haïti, en 2022. Chez les jeunes filles de la même tranche d’âge, le constat est encore plus alarmant. Elles sont deux fois plus accessibles au VIH que les jeunes garçons.» En général, les femmes qui ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ont un peu plus de risque de contracter le VIH que les femmes qui n’ont pas subi de telles violences», souligne le rapport.
Les jeunes au centre de la lutte…
«Placer les jeunes en première ligne dans la riposte contre le VIH et pour le respect des droits humains, les populations clés particulièrement». Tel est le souhait du représentant des jeunes au sein du Comité de coordination multifactorielle du Fonds mondial et du Forum de la société civile de lutte contre le Sida, la tuberculose et la malaria. «Depuis la création de l’Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH) qui est une structure de collecte et d’analyse des données dans les sites de prise en charge des personnes vivant avec le VIH, à date, des campagnes de plaidoyer pour un service de soins différenciés pour les PVVIH et les populations clés ont été mis en œuvre. Dans les sites, les PVVIH, les Harsah, les trans, les PS sont mieux traités qu’avant», s’est félicité John Joseph.
Cependant, pour des réponses plus concrètes, le directeur exécutif du CEDREF prône une approche holistique, ou la contribution des uns et des autres est à prendre en compte. Pour lui, c’est par cette voie qu’on arrivera réellement à couper la chaîne de transmission des nouvelles infections à VIH/sida dans le pays d’ici 2030.
Markens Selisma
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