Ces petits accessoires à usage utilitaire que nos paysans jettent par-dessus l’épaule ou qu’ils portent en bandoulière, c’est le ralfò. Vous connaissez le ralfò. Jakatak J. Bongga le stylise à sa manière et le baptise koze ou encore coffre-fort. Et la valise pour femme ouvragée avec du jute, des peaux se nomme bongga. Quel artiste extravagant au Karibe !
Jakatak J. Bongga a le don de nommer les choses. Plombier de son métier, c’est quelqu’un qui a l’art de se réinventer. Sur son acte de naissance vous lirez Moléus Jean Jacques, né à Torbeck, le 8 juin 1977, dans le département du Sud d’Haïti.
À Artisanat en fête, ce qui a fait le charme de cet artisan, durant les deux jours de la foire organisée par l’Institut de recherche et de promotion de l’art haïtien (IRPAH) et Le Nouvelliste, les 9 et 10 décembre derniers, c’est son narratif. Le sac ou la sacoche qu’il a confectionnée avec une calebasse, un tricot pour l’habiller, prend la dénomination de koze. Le sac à main féminin, bongga.
La création des concepts de Jakatak joue avec l’imagination, le rêve et valorise le produit pour le marché local. Il s’adresse à l’Haïtien typique qui aime se looker à l’africaine, ce qui est tendance aujourd’hui parmi les jeunes.
Avec cet artisan, la gourde pèlerine que le vodouisant trimbale dans les fêtes patronales ou dans le temple vodou revêt des caractéristiques historiques qui vous font remonter au temps de la colonie. Elle se colore de particularités qui vous plongent dans le culte des ancêtres. Il dit même que cet accessoire entouré de tricot, conçu pour transporter ses objets personnels, est carrément un coffre-fort. L’homme vous regarde droit dans les yeux pour que ce coffre-fort, fabriqué à partir de ce fruit sec de la plante herbacée de la famille des cucurbitacées, soit consistant dans votre tête et dans la réalité de son discours cohérent. La calebasse si fragile : un coffre-fort. C’est fort de café avec Jakatak!
Avec tous ses attributs, des indices enveloppés de mystère, la marque reconnaissable par ses traits ne passe pas inaperçue. Les stars de la musique haïtienne Réginald Cangé et Déner Séïde, qui portent, souligne-t-il, le koze, attirent beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux.
Jakatak a le don de mettre en scène ses produits. Un sac à main pour femme fait avec de la toile de jute et des peaux synthétiques devient un bongga. Il détaille les diverses matières dans la composition du produit, le montre au public sous toutes les coutures et clame que le bongga, c’est de l’extravagance. Un sac à offrir à quelqu’un que vous aimez par dessus tout : vous-même.
Claude Bernard Sérant
Source : lenouvelliste.com
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