Au Centre Culturel Léocardie & Alexandre Kenskoff, à Mirebalais, le lundi 27 novembre, le Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) a poursuivi ses séances de formation avec les journalistes et les influenceurs du Plateau central. Les sujets ont tourné autour des violences sexuelles et la Planification familiale. Claude Bernard Sérant, Gladimy Ibraïme et Fontal Louiny ont développé ces sujets en ouvrant plusieurs fenêtres sur leur actualité en Haïti. Dans le cadre des Projets innovants des sociétés civiles et coalitions d’acteurs (PISCCA) financés par l’Ambassade de France en Haïti, supporté par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), les deux premiers intervenants ont fait un cadrage sur les violences sexuelles.
Pour aborder la question des violences sexuelles, Claude Bernard Sérant, a circonscrit le sujet d’entrée de jeu dans un cadre juridique. S’appuyant sur le Code pénal, il a défini le viol ainsi : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ».
Méthodique, puisqu’il allait aborder des infractions autres que le viol tels les agressions sexuelles. Il a distingué trois catégories d’infraction, les contraventions, les délits et les crimes, selon leur gravité et les peines encourues.
Quand dit-on qu’il y a viol ?
Sérant a défini les éléments caractérisant cette infraction pénale : la pénétration sexuelle. Laquelle peut être vaginale, anale ou buccale. Le viol, a-t-il dit, peut se réaliser avec une partie du corps de l’auteur de l’infraction : son corps, son doigt ou encore un objet, tels qu’un godemiché qu’on appelle chez nous fo kòk. À partir du moment qu’il est introduit sans le consentement de la personne, sous la menace, par la violence ou encore par surprise, il y a viol.
Il a présenté les éléments constitutifs de cette infraction : l’élément légal : le Code pénal haïtien aux articles 278 et 279 régit cette infraction et le caractérise comme un crime ; l’élément matériel : la pénétration sexuelle ; l’élément moral : la volonté d’accomplir cet acte contre la personne.
Il a pris en compte les conséquences émotionnelles et psychologiques du viol. Pour lui, il y a le coup et l’effet du coup. Le choc subi par le corps, a-t-il dit, peut provoquer des troubles au niveau de la psyché. On ne se remet pas d’un claquement de doigt d’un traumatisme causé par un viol.
Pour l’épanouissement de l’être dans le bien-être
Le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme, dans son exposé, a approfondi les chocs émotionnels causés par le viol. Il a cité : le stress post-traumatique, les maladies mentales, l’anxiété, la peur, la tristesse, l’isolement, la honte, l’insécurité, la haine de soi, la culpabilité, les pensées et les comportements suicidaires.
Il a noté que le viol entraîne « la perte des rôles dans la société ou perte d’opportunités dans la vie. Dans certaines villes de province, quand une jeune fille est violée, les mauvaises langues racontent partout que celle-ci n’est plus mariable. Ou encore qu’elle ne peut plus mettre les pieds à l’école. Certaines personnes ne voudront même plus d’elle comme employée. Dans certaines communautés, il est de coutume que le violeur épouse sa victime. Par le mariage, on croit que son traumatisme s’effacera et la honte de la famille lavée aux yeux de la société. »
Ibraïme a convié les journalistes et les influenceurs à jouer un rôle moteur dans la lutte contre les violences sexuelles. Adepte de la culture numérique, il a demandé particulièrement aux influenceurs et influenceuses de la toile à traiter des contenus qui promeuvent les relations saines et l’éducation sexuelle. Il a souhaité que les contenus sur Facebook, YouTube, Tik Tok, Instagram soient porteurs de valeurs ajoutées dans l’épanouissement des droits humains dans une Haïti où l’on fait société dans le respect de l’autre et l’épanouissement de l’être dans le bien-être.
Jobenson Andou
jobensonandou@icloud.com
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