Par Thara Lajoie
« L’implication des journalistes et des influenceurs (euses) dans la lutte contre les violences sexuelles et la promotion de la planification familiale ». Tel était le thème d’une journée de formation qui a eu lieu dans les locaux du Réseau haïtien des journalistes en santé (RHJS) le 29 octobre 2023.
Cette formation rentre dans le cadre d’un projet de campagne de communication multimédia pour la réduction des violences et l’amélioration de l’accès des jeunes à la planification familiale.
Plusieurs thématiques ont été abordées : l’impact dévastateur du viol sur les individus et leurs communautés ; Charges mentales infligées par la société sur les femmes ; comment traiter les sujets liés aux viols sans mettre les victimes en mauvaise posture ; la responsabilité des médias envers la société…
Intervenant sur sur les violences sexuelles, la prises en charge médicale et les méthodes de planification familiale, Dr Jeanty Fils Exalus, directeur de l’Unité de communication et des relations publiques du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), a invité les participants à réfléchir sur des thématiques du genre, de la violence basée sur le genre et de la planification familiale.
Le pouvoir des médias
Dr Exalus a profité de sa présentation pour attirer l’attention des journalistes sur la programmation des médias qui se focalisent beaucoup plus sur des sujets à caractères politiques alors qu’on enregistre chaque jour des cas de viol et de violence basée sur le genre partout dans le pays. Pour le médecin, « Les médias ont le pouvoir d’influencer les comportements par la diffusion des informations adéquates. » Par ailleurs, il a fait savoir que les programmes de santé sexuelle et reproductive lancés par les médias de masse peuvent promouvoir des attitudes sociales responsables et des comportements appropriés à la santé sexuelle et reproductive.
L’impact dévastateur du viol sur les individus et leurs communautés a retenu l’attention du représentant du MSPP à la formation du RHJS. Il a confié que « le personnel de santé et personnalités de l’administration publique sont autant touchés par les viols ». Aussi a-t-il regretté le fait que les victimes de violences sexuelles soient souvent traitées selon leur catégories sociale et économique.
Dans l’intervalle de son intervention, il est passé à pieds joints sur la planification familiale. En quelques mots, il a abordé les effets secondaires de différentes méthodes de planning familiale sur la santé sexuelle et reproductrice.
Regard sur le traitement journalistique de l’information
Pour faire suite à la présentation du Dr Exalus, le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme a axé sa présentation sur le traitement journalistique de l’information et les stratégies à mettre en œuvre pour faire face au phénomène de la violence sexuelle.
Le secrétaire général du RHJS a clairement fait comprendre que le traitement des sujets ayant rapport avec les violences et les conflits doit être mûrement réfléchi. Tout en énonçant les démarches à suivre avant d’aller sur le terrain, il a recommandé à ses confrères de bien se préparer psychologiquement afin de faire face aux drames qui pourraient les affecter autant que les victimes. Par ailleurs, il a fait savoir qu’il faut traiter les sujets de viols sans mettre les victimes en mauvaise posture. De même, il a souligné que les journalistes de santé doivent avoir une habileté et une expérience du terrain ou même une expertise dans le domaine de l’information.
Près d’une vingtaine de journalistes ont pris part à cette formation qui visait à renforcer leur capacité. Certains d’entre eux n’ont pas caché leurs satisfactions. « Cette formation a renforcé mes capacités surtout dans ma façon d’aborder les dossiers liés aux violences faites aux femmes, aux filles et aux petits garçons, la manière de les traiter sans blesser ni mettre les gens en difficultés,» a déclaré Guerlins Louis, directeur d’information à radio Télé Éclair.
Soutenue par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avec l’appui de l’ambassade de France en Haïti à travers les Fonds des projets innovants des sociétés civiles et coalitions d’acteurs (PISCA), la formation a pris fin sur une séance de pratique sur les bonnes manières d’interviewer les personnes victimes de violences accompagnées d’une présentation des différents groupes et une note prometteuse pour les prochaines activités.
Thara Lajoie
tharalajoie1@gmail.com
Rédactrice en chef du magazine Gran jipon
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