« La Prophylaxie Pré-exposition (PrEP) peut se définir comme étant une méthode de prévention suivant laquelle une personne séronégative consomme des médicaments régulièrement pour réduire son risque d’attraper l’infection au Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) », a expliqué la Docteure Merlande Beauzile, Responsable de formation au sein de l’Institut Panos durant une séance de formation. La PreP fait partie d’une stratégie visant la diminution du risque d’infection au VIH/SIDA chez les personnes les plus exposées.
Mode d’utilisation de la PrEP
Selon la Dr. Beauzile, il existe plusieurs types de méthodes de prophylaxie pré-exposition : la PrEP orale continue ; la PrEP orale discontinue ou à la demande. « Peu importe la méthode choisie, cela nécessite que la personne soit accompagnée par un professionnel de santé. Seul celui-ci peut lui fournir des informations de qualité sur cette méthode du commencement jusqu’à l’arrêt de la prise. Car même pour la stopper (suspendre) il faut toujours un avis médical. On ne peut pas le faire de manière brusque. Une pareille décision aura des répercussions sur la santé », révèle madame Beauzile.
Qui sont habilités à être sous PrEP ?
Toute personne séronégative faisant partie des catégories à hauts risques de contracter le VIH est capable de prendre la PrEP. On peut citer premièrement, les adultes ou adolescents peu importe leur orientation sexuelle ayant un comportement à risque ; deuxièmement, les gens faisant partie des populations clés comme les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH), les transgenres, les professionnels du sexe, entre autres ; troisièmement, les couples séro-différents et en dernier lieu, les utilisateurs de drogues injectables. Cependant, il y a certains critères qui doivent être pris en compte pour permettre à la personne d’être inscrite dans la liste des gens sous PrEP.
Les critères de non éligibilité à la PrEP
La responsable de formation à l’institut Panos énumère de manière détaillée les différents critères qui peuvent empêcher d’adhérer à la prophylaxie préexposition : « Si la personne est testée séropositive au VIH/SIDA ; si elle a des troubles de la fonction rénale : clairance de la créatinine 60ml/mn ; si elle a une allergie ou une contre-indication à une ou plusieurs composantes du régime ». En outre, quelqu’un qui présente des signes et symptômes d’infection aiguë au VIH n’est pas éligible pour la PrEP . Et dans ce cas-ci, il faut refaire les tests sérologiques dans un délai ne dépassant pas 28 jours pour éliminer une infection au VIH avant d’envisager la PrEP.
« Pendant les premières semaines de son enrôlement, un groupe minoritaire de personnes peut avoir de petite effets secondaires sous formes de diarrhées, de maux de ventre, de maux de tête, d’étourdissements, de nausées et de vomissements », informe la professionnelle sanitaire. Cependant, cette dernière communique que ces effets secondaires sont mineurs, limités ou temporaires. En revanche, 90% des adhérents ne présentent aucune réaction adverse. « La prise en charge symptomatique des effets secondaires est recommandée. Si ces effets secondaires persistent, il faut consulter un spécialiste », recommande madame Beauzile.
Taux d’efficacité
« La PrEP peut réduire de plus de 90% le risque de VIH par transmission sexuelle chez toutes personnes à risque lorsqu’elle est prise régulièrement telle que prescrite. » révèle la femme médecin généraliste. « Sa posologie dépend de sa mode de dispensation ou de la méthode employée. On peut la prendre si même on a adopté antérieurement une méthode contraceptive », poursuit-elle.
Limites de la PrEP
En dépit des différents avantages que procure la PrEP, elle a aussi certaines limites. Cette méthode de prévention concerne exclusivement le VIH/SIDA. Elle ne protège pas contre les autres infections ou maladies sexuellement transmissibles. Elle n’empêche pas non plus à une femme de tomber enceinte. C’est pour ces multiples raisons que le ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) ainsi que les organisations privées ou publiques luttant contre le VIH/SIDA optent encore pour l’utilisation des préservatifs ou l’application de l’abstinence.
Où trouver la PrEP ?
« Cette méthode de prévention est gratuite et est disponible dans tous les dix départements du pays. On peut la trouver dans les hôpitaux et les centres de santé. Il suffit de se renseigner pour avoir de bonnes informations liées à la prise de ce médicament », informe Dr Beauzile.
Selon la formatrice, le MSPP met un accent particulier sur les différentes activités ayant rapport avec la PrEP. « Le MSPP participe activement dans les questions relatives à la planification, la mise en œuvre, l’élaboration des lignes directrices sur la PREP, la mobilisation des ressources, le financement. Il assure également le leadership et la gouvernance. »
Pour la jeune médecin, la prophylaxie pré-exposition est un vrai bouclier dans la lutte pour l’éradication du VIH/SIDA dans le monde, particulièrement en Haïti.
Espérancia Jean Noël