Le 7 février 1986 est une date importante dans l’histoire du pays. Elle marque la fin d’une dictature qui a duré 29 ans. Cette date devait constituer le point de départ pour une nouvelle Haïti.
Mais après trente-cinq ans (35) de démocratie le constat est alarmant. Le bilan est totalement négatif à tous les niveaux : politique, économique, sociale, culturel. Ceci est le résultat de l’échec de nos élites, de nos hommes politiques, de nos dirigeants de la Communauté Internationale. L’échec peut être attribué à un manque de vision, de dépassement de soi, de mauvaise gouvernance, de mauvais choix politique et économique.
Il n’y a jamais eu de rupture dans la gestion des affaires de l’Etat. C’est la routine qui prévaut, c’est toujours le même cliché qui se répète. Tous les dirigeants qui se sont succédé ont commis les mêmes erreurs de leur prédécesseur. Ils ont été tous frappés de myopie politique.
La répétition des erreurs commises ont conduit le pays vers la catastrophe, le qualifiant par d’autres Etats du monde de pays failli. A l’heure actuelle, la République d’Haïti est un pays malade en état de décomposition à tous les niveaux : politique, économique, social, culturel, environnemental…etc.
Face à ce constat d’échecs, est-il possible de corriger les errements du passé et de faire des perspectives ?
C’est vrai que la situation est grave mais elle n’est pas désespérée. On n’est pas sans savoir qu’un pays ne meurt jamais, il suffit d’abord de commencer par lutter contre l’ignorance, le népotisme, la corruption, l’analphabétisme, l’amateurisme et le règne de la médiocrité qui constituent la toile de fond de la réalité haïtienne et, ensuite de corriger ce qui doit être corrigé.
- Il faudrait élaborer les principes de base de cette démocratie. Celle-ci est un droit fondamental du citoyen qui doit être exercé dans des conditions de liberté, d’égalité, de transparence, et de responsabilité ; dans le respect de la pluralité des opinions et dans l’intérêt commun. La nécessité qu’il y ait un Pacte National de liberté démocratique s’avèrerait indispensable, car ce Pacte contiendrait les conditions et l’agenda d’une transition démocratique entre les partis politiques, les principales forces morales du pays, les associations de la société civile, d’une part, et d’autre part, les règles pour le combat et le dialogue politiques.
Ce pacte mettrait l’accent sur l’organisation des partis politiques, les conditions de leur participation aux élections, le nombre de sympathisants (membres) qu’un parti devrait avoir pour participer aux élections, les moyens de financement de ces partis…etc.
- Un comité de surveillance indépendant de toute force politique, constitué de membres de la société civile et de personnalités morales qui aurait pour tâche d’assurer le respect des points convenus dans le Pacte.
- La nécessité impérieuse d’introduire plus d’éthique dans la sphère politique. Il serait important que la notion d’éthique fasse partie intégrante des habitudes et des mœurs des hommes politiques haïtiens.
Dans le domaine économique, l’Etat devrait prendre en main sa destinée, en tant que maître d’œuvre de l’activité économique. Mettre l’accent sur les principales sources de financement, afin de trouver des capitaux pour augmenter les investissements publics. Ces derniers une fois obtenus devraient se faire dans le cadre du renforcement du potentiel des secteurs productifs : l’agroalimentaire, le tourisme, la construction, les services, la pêche, le textile.
Ces secteurs cumuleraient une croissance dynamique de richesse et d’emplois. Ils pourraient créer jusqu’à un (1) million d’emplois qui absorberaient l’afflux des centaines de milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année.
De ce fait, l’Etat prendrait des mesures d’accompagnement à savoir la réouverture des entreprises agro-industrielles qui ont été fermées en leur accordant des prêts et des facilités, le renforcement des douanes et la perception des recettes fiscales.
La mise sur pied de politiques publiques cibleraient les plus pauvres. Etant donné qu’il y a une immensité de besoins, il reviendrait à l’Etat de mettre l’accent sur les couches les plus vulnérables et les quartiers surpeuplés. Cette stratégie permettrait d’arriver au fur et à mesure à une plus grande visibilité des résultats.
Cependant, pour que tout cela soit possible, l’Etat devrait inspirer confiance. Il faudrait des dirigeants honnêtes et crédibles.
Et enfin, la diaspora plaque tournante de l’économie haïtienne devrait jouer un rôle beaucoup plus important dans la reconstruction du pays. De ce fait, l’Etat prendrait en compte ses besoins et ses aspirations par la mise en place d’un cadre législatif et règlementaire de protection de la diaspora, afin de maximiser sa contribution au développement du pays.
Pour faciliter et rendre possible le développement économique, l’émergence d’une classe moyenne et une politique éducative s’avéreraient indispensables. Cette classe moyenne substantielle aurait un avantage certain, car elle faciliterait le maintien de la stabilité politique et du développement. Les classes moyennes constituent le moteur de l’économie dans toutes les sociétés occidentales.
L’Etat en tant que force publique et ayant le contrôle de tous les leviers de l’appareil étatique pourrait intervenir sur différents aspects en facilitant les couches sociales à l’émergence de cette classe moyenne par le crédit, la construction de logements sociaux, l’assistance sanitaire, l’ajustement de salaire…etc.
La mise sur pied d’une politique éducative aurait pour objectif principal l’émergence d’un nouveau citoyen haïtien. Il faudrait inculquer à ce dernier des notions de civisme, lui faire comprendre qu’il devrait compter sur ses capacités et sur ses propres moyens et qu’il reviendrait à lui, et à lui seul, de corriger et de prendre en main la destinée de son pays. Le changement du système éducatif aurait comme centre d’intérêt le développement de la personnalité, le respect des droits de l’homme et de l’identité culturelle.
François Jérôme Michel
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