Les ASCP, une porte d’entrée  dans la vaccination de routine

 

Dans cette campagne de vaccination menée tambour battant par les agents de santé communautaires polyvalents (ASCP), les maîtres-mots qui trainent sur toutes les lèvres : soins curatifs de base, promotion, sensibilisation et prévention. Ces agents sont les pieds du Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). Par monts et par plaines, des collines aux zones d’accès difficiles, ils vont vers la population. Ils sensibilisent les ménages sur les questions sanitaires de base liées surtout à la famille. Ce sont autant de portes d’entrée qui contribuent à l’amélioration des conditions de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.

Dans nos villes de province où la carence des infrastructures sanitaires est patente, beaucoup de médecins font savoir que les ASCP jouent un rôle incontournable dans la vaccination de routine. Ils en veulent pour preuve qu’ils sont toujours à pied d’œuvre malgré vents et marées. On les voit sur des routes et des sentiers, à moto, à dos d’âne ou à pied, transportant du matériel de vaccination ou de sensibilisation. Ces agents font du porte à porte tels des témoins de Jéhovah. Ils annoncent la bonne nouvelle de la santé qui sauve des vies.

Pour illustrer : depuis 21 ans, Ysemona Delande évolue comme ASCP dans la commune de Hinche située dans le département du Centre.   Elle    est    attachée depuis douze ans environ à Zanmi Lasante, le plus grand fournisseur de soins de santé  non gouvernemental en Haïti qui opère à partir de Cange. Cette femme, comme nombre de ses pairs, chemine sur nos routes. Elle connaît les lieux comme sa poche. ” J’ai cinq localités sous ma responsabilité : Pandiassou, Terre Cassée, Haut Turquie, Dopaleur, Bois d’Homme “, énumère-t-elle. Les distances des points de vaccination ou autres qu’elle couvre régulièrement sont assez éloignées les unes des autres.

Pour éviter ces longues marches éreintantes, a-t-elle déclaré sur un ton reconnaissant, le ministère de la Santé publique a réussi à construire cinq postes de vaccination dans les localités nommément citées.

Difficultés rencontrées

Originaire de Hinche, Isemona a fait du chemin sur le terrain. Elle souligne les difficultés rencontrées et les prend avec philosophie. Le temps mis à parcourir les distances n’enlève en rien sa détermination à servir la communauté. Les braves n’ont pas d’heure. L’essentiel pour l’ASCP est de parvenir au but visé. Par temps de pluie quand elle est sur le terrain avec d’autres agents, les minutes et les heures ne se comptent plus.   Pourquoi? Une rivière en crue peut vous emporter. Ce sont les risque du métier. Un âne rétif peut vous faire bien des misères sur un chemin tortueux. Pas question de reculer devant le travail qui vous attend. Un ASCP a pour mission d’avancer par tous les moyens.

Les problèmes rencontrés sur le parcours de notre ASCP pourraient remplir tout un recueil de données. Négligence, méfiance de certains parents vis-à-vis de la vaccination, manque d’information, pour ne citer que ceux-là. De même, elle pourrait récolter des données positives pour donner matière à la confection d’une histoire à succès d’un ASCP.

” Si certains parents sont réticents ou encore négligent à se présenter au poste de santé pour la vaccination de leurs enfants, pourtant, d’autres les amènent avec une joie renouvelée. C’est beau de voir une famille revenir régulièrement au poste de vaccination. On les donne en exemple tout en espérant que ces modèles peuvent inspirer d’autres parents “, dit-elle, l’œil confiant.

Isemona Delande déclare avec exactitude qu’elle est au service de la commune de Hinche   dans  le  Plateau  central  depuis vingt et un an. À force de travailler et de se frotter avec tout un monde des communautés qu’elle côtoie, elle a fini par gagner la confiance des habitants. Elle fait le même constat en ce qui a trait à ses consœurs et confrères qui mettent du cœur à l’ouvrage. Toutefois lorsque des inconnus arrivent, les patients sont un peu réticents. Question d’habitude qui crée une seconde nature.

Selon les derniers statistiques de l’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUS VI), à date, Haïti compte 41 % d’enfants partiellement vaccinés et 10 % complètement vaccinés.

Marie Juliane David

mj.david@rhjs.ht

 

 

 

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