« L’épidémie de covid 19 a frappé Haïti et le pays a atteint un sommet en juin 2020. Haïti demeure l’un des pays ayant le taux de vaccination le plus bas. Une faible couverture vaccinale nous empêche d’atteindre une immunité collective. À la fin de 2022, environ 240 967 personnes (environ 2% de la population haïtienne) ont été vaccinées », a déclaré, à l’hôtel Mariott, le vendredi 21 avril, le Dr Emilson Israël Joachim. Coordonateur du projet covid 19/MCH, choléra de Panos Haïti, Dr Joachim a souligné en chiffre l’impact des rumeurs et de la désinformation sur la vaccination contre la pathologie qui a frappé en grand nombre l’humanité. L’intervention du représentant de Panos, qui a clôt la série des intervenants, entre dans le cadre d’une matinée d’orientation des journalistes sur la campagne de vaccination intégrée de la covid 19.
Sous le leadership du ministère de la Santé publique et de la population (MSPP) à travers la Direction sanitaire de l’Ouest (DSO), l’Institut Panos a présenté son dernier sondage mené sur le terrain au cours du mois de mars 2023 dans certains sites de vaccination situés dans les départements de l’Ouest et du Nord. Dr Joachim a fait savoir d’emblée l’objectif de cette enquête : « Identifier l’impact des rumeurs et de la désinformation sur la vaccination contre la COVID-1919 et de trouver les raisons sous-jacentes à la demande soudaine de vaccination contre la COVID-19 au cours du premier trimestre de cette année. »
Sur grand écran, un résumé des résultats de l’enquête se lit : « Taille de l’échantillon : 446 personnes (48 % de femmes, 52 % d’hommes). Les répondants ont été interrogés au moyen d’un questionnaire en personne (80 %) et par téléphone (20 %). »
Les vaccins étaient disponibles gratuitement dans les centres de santé et d’hôpitaux dans les départements où l’enquête étaient circonscrites. Qu’est-ce qui a donc empêché aux citoyens-ennes de se faire vacciner ? Que dit l’enquête ? Le médecin fait parler les chiffres : « Les résultats ont révélé que les principales raisons qui les empêchent de se faire vacciner comprennent : manque d’information sur la vaccination (85 %); rumeurs (71 %) ; manque de confiance envers le gouvernement (51 %) ; (61 %) ont souligné que la décision de se faire vacciner ou non est étroitement liée à un éventuel voyage à l’étranger, principalement aux États-Unis, Une carte de vaccination contre la COVID-19 valide demeure une exigence clé pour prendre un vol à destination des États-Unis.»
Panos a fait observer cinq constatations pour étayer les faits. Constat 1 : dans l’ensemble, les facteurs indiquant la nécessité de la vaccination contre la COVID-19 sont partiellement connus des participants. Constat 2 : l’exposition aux rumeurs et à la désinformation a eu une incidence négative sur la décision des répondants. Des témoignages attestent les faits : « Paske yo di se moun yo te bezwen touye », « M t gen dout sou li paske vaksen yo t voye pou nou a pat bon»; « Pake m kon tande yo di li ka fè w pa fè pitit». Constat 4 : la représentation négative de la pandémie de covid 19 a également influé négativement sur la décision de se faire vacciner. 66 % des répondants ont indiqué qu’ils ne croyaient pas à l’existence de la covid 19. De plus, 51 % des répondants ont indiqué qu’ils n’avaient aucune confiance dans les autorités haïtiennes. Enfin, 45 % des répondants croyaient que les chrétiens ne devraient pas être vaccinés. Constat 5 : Actuellement, la préparation à d’éventuels voyages à l’étranger est la motivation la plus importante pour la vaccination.
Selon les résultats de l’enquête, « La méfiance à l’égard de la vaccination contre la covid 19 en Haïti n’a pas pris une forme structurée et n’a pas donné lieu à des manifestations publiques, mais une légère tendance antivax se poursuit. Rumeurs, méfiance à l’égard des autorités et manque d’information étaient les principales tendances, souvent répétées, dans les réponses recueillies, concernant les obstacles à la vaccination. »
« Malgré la valeur de cette recherche, elle est limitée en raison de la taille de l’échantillon (446) comparativement à l’ensemble de la population qui a pris les deux doses de vaccins contre la COVID-19 (240 967 au 30 décembre 2022) », a reconnu Dr Joachim tout en notant la perception de la population et ses tendances vis-à-vis des vaccins administrés contre cette pathologie. De plus, il a mis le doigt sur un obstacle majeur : le manque d’information de la population qui laisse un boulevard pour les rumeurs.
L’enquête de Panos préconise la mise en place des centres de vaccination dans des lieux fréquentés par les patients (église, marché public, etc.), sans oublier le travail de sensibilisation des dirigeants communautaires.
Claude Bernard Sérant
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