Septième partie : la mort expliquée aux enfants
Par Dr Erold JOSEPH
« Je n’ai point prétendu vous apprendre quelque chose, mais seulement vous inviter à penser, à douter, à chercher.
un maitre bouddhiste tibétain
A Kinsey et Alec : mes enfants chéris
Depuis le décès par balle, de son meilleur ami, lors d’une tentative avortée de kidnapping dans l’enceinte même de son école, Lucas, 10 ans, ne s’intéresse plus aux études. Par contre, il assaille continuellement son père de questions relatives à la mort et au sens de la vie.
Pourquoi meurt-on, papa ?
Nous devons tous mourir, mon garçon. C’est la destinée de tout ce qui vit : les êtres humains, les animaux et aussi les plantes.
Seules les personnes âgées devraient mourir : Édris n’avait que 12 ans.
Veux-tu dire par là que tu aimerais décéder avant ton petit-frère Enzo ? (Rires) L’on meurt à tout âge. Logiquement, comme tu le dis, tout le monde s’attend à ce que ce soit les personnes âgées qui décèdent parce qu’elles auraient déjà consommé une plus grande partie du temps de vie qui leur est alloué. Mais, comment peut-on savoir le nombre d’années de vie qui t’a été imparti ? Il y a des bébés qui meurent à la naissance et d’autres durant l’accouchement et même pendant la grossesse. Cela peut paraitre absurde. Mais, c’est ainsi. La vie n’est pas forcément logique, rationnelle. On ne peut jamais savoir quand la mort viendra. Elle arrive le plus souvent à l’improviste, au moment où l’on s’y attend le moins. Dans la Bible, l’on dit qu’elle vient comme un voleur, sans avertir. Dans le bouddhisme, une philosophie orientale, l’on recommande de se poser chaque matin, au réveil, la question suivante : « Et si aujourd’hui, c’était mon dernier jour que ferais-je ? » Il convient donc, d’être toujours prêt.
Mais, c’est très triste, papa. Alors, pourquoi travailler, étudier, aller à l’école, devenir ingénieur, éducateur, médecin, ministre, président ?
Mon petit, la tristesse n’est qu’une émotion, c’est-à-dire, une réaction, une interprétation de ton mental. Tout ce qu’on ne peut pas changer, on l’accepte. C’est ce que disait un groupe de philosophes de l’Antiquité (des temps anciens) qu’on appelait « les stoïciens ». Ils utilisaient une image, celle d’un chien attaché à une charrette qui court. Si le chien va en sens contraire, il souffrira beaucoup et mourra épuisé, voire écrasé. Il doit donc aller dans la même direction que le chariot lequel symbolise sa vie, son destin. Donc, il te faut accepter le fait que tu dois mourir un jour. Entre-temps, tu devras manger, boire, gagner ta vie, te marier peut-être et avoir une famille, des enfants. Pour cela, il te faut faire des études, afin d’avoir de l’argent et de « réussir dans la vie » ou, ce qui est beaucoup mieux, « réussir ta vie » (réf : article no 2 de la série). Tu dois apprendre à t’amuser, avoir du plaisir, de la joie, du bonheur, mais en sachant que tout cela est impermanent, c’est-à-dire passager. Profite de la vie au maximum tout en gardant le juste milieu ou plutôt, le milieu juste. Il y aura très certainement des moments de tristesse, parfois de grande peine, de grande douleur, comme aujourd’hui, à l’occasion de la perte de ton ami Edris. Mais, cela passera. Ne permets point que ton mental en soit trop affecté. Pour cela, regarde attentivement à l’intérieur de toi : c’est ce qu’on appelle la méditation. Laisse passer l’orage. Notre existence, c’est un peu comme un rêve. Quand tu dors la nuit, tu fais des songes agréables ou désagréables qui t’effraient, te rendent joyeux ou triste, mais pour te rendre compte, au réveil, que ce n’était pas réel. C’est à peu près la même chose de la vie, laquelle nous donne ainsi beaucoup de leçons. Peut-être que la mort est, en réalité, un réveil, comme le disent certaines religions et spiritualités orientales. Quand tu apprends chaque jour de ton existence, et que tu donnes à celle-ci un sens qui va au-delà de tes intérêts personnels, elle devient une grande et magnifique aventure. Mais, l’on peut aussi beaucoup apprendre par la lecture, la réflexion, les débats avec tes petits camarades ou en parlant à des gens plus âgés, mais sages et expérimentés. Tu es en train d’apprendre, présentement, de la mort de Cédris.
Tu as dit précédemment qu’il fallait être toujours prêt à mourir. Comment cela ?
« Memento mori ». Cette expression latine du christianisme médiéval signifie : « souviens-toi que tu es en train de mourir ». Il suffit juste de se rappeler, sans obsession aucune, que nous mourons tous à chaque seconde et que la « mort globale », peut arriver n’importe où, n’importe quand et de toutes les façons possibles. Entre-temps, il y a la mort partielle, celle des milliers de cellules qui constituent notre corps et qui sont régulièrement remplacées par d’autres qui naissent. C’est l’équilibre perpétuel entre la vie et ce que nous appelons la mort. Il s’agit au contraire, de profiter de l’existence, d’être utile durant son court passage sur cette terre, de réaliser sa « mission de vie », c’est-à-dire ce pour quoi on est fait et doué et qui nous met dans la joie. 99% des gens vivent comme s’ils devraient vivre éternellement et toujours rester jeunes. On appelle cela un déni. Ce sont par ailleurs les plus malheureux, lorsqu’arrive leur tour ou celui d’un de leurs proches. Je ne te reproche rien, mon garçon : tu es encore au début du chemin, du moins je le pense et l’espère.
En fait, papa, on n’a pas encore discuté de l’essentiel. C’est quoi la mort ? Que se passe-t-il quand on meurt ?
Tu sais, mon fils, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà été mort. (rires) Dans une vie antérieure : peut-être. Ç’est la thèse de la réincarnation. Souviens-toi toujours que dans la vie, le meilleur maitre reste et demeure l’expérience vécue. Et la meilleure expérience, c’est la tienne. A défaut, celle vécue par un autre ou (ce qui est encore mieux) par plusieurs autres, peut t’aider à te forger une idée plus conforme à la réalité. Néanmoins, il doit s’agir de personnalité(s) fiable(s), honnête(s), et dotée (s) surtout d’un solide bon sens. Dans tous les autres cas, l’on doit plutôt parler de théorie ou de croyance, laquelle peut, plus tard, s’avérer fausse et ceci même dans le cas des expériences scientifiques répétées à plusieurs reprises.
C’est quoi la mort, me demandais-tu. Depuis mon enfance, j’ai toujours été fasciné par la médecine, la santé, la philosophie, la psycholologie et les phénomènes dits paranormaux, notamment les « états modifiés de conscience » : hypnose, télépathie, voyance. etc. J’ai voulu, comme toi, aujourd’hui, savoir ce qui se passait lorsqu’on mourait. Je collectionnais mon argent de poche pour acheter des livres sur la mémoire, le pouvoir de la volonté, l’hypnose, la méditation, la vie après la mort, la biographie des saints, la philosophie, la psychologie, l’origine de l’homme, les extraterrestres etc.. Certains ouvrages dépassaient mon entendement d’enfant. En les relisant, parfois à plusieurs mois ou années d’écart, j’arrivais à les comprendre ou à en tirer l’essentiel. Paul-Clément Jagot, Camille Flammarion, Hector Durville et Raymond Moody des mystiques orientaux et d’autres figuraient parmi mes auteurs préférés dans le domaine de la spiritualité.
Aujourd’hui encore, j’ai conservé la même passion de savoir, de comprendre à la fois la vie et la mort. Je te dirais, en résumé, que pour moi, la mort c’est quand notre conscience (ou âme ou esprit) abandonne ce vêtement de chair que l’on appelle « corps physique », ce qui nous amène dans une autre dimension plus ou moins élevée, dépendamment de notre degré d’évolution. Il y a tellement de faits et d’expériences bien documentés en faveur de cette interprétation !!
Très prochainement, nous épiloguerons davantage sur le sujet.
Erold JOSEPH,
Docteur en médecine, pneumologue, expert en santé publique, santé scolaire, promotion de la santé et de l’interrelation santé/éducation
Courriels : eroldjoseph2002@yahoo.fr et eroldjoseph2002@gmail.com
Loin des tumultes du monde, écouter Demain dès l’aube de Victor Hugo.
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